Le Vidourle et ses Vidourlades

de Ivan Gaussen, 1936

 

 

DEUXIEME PARTIE

 

Protection contre les vidourlades

 

DANS LE COURS INFERIEUR DU VIDOURLE

La fréquence des débordements du Vidourle, leur extrême violence» et les pertes régulièrement causées aux populations riveraines, posent le double problème de la protection et de la réparation des dommages.

 

Secourir les sinistrés et les aider à relever leurs ruines et faire que dans la mesure des possibilités humaines, de pareils désastres ne se reproduisent plus ou soient limités en nombre et en importance, voilà les préoccupations principales que les pouvoirs publics et les intéressés eux-mêmes devraient avoir.

 

A notre point de vue et sans méconnaître la nécessité de secourir et d'indemniser les victimes de ces sortes de sinistres, c'est la question de la protection qui doit l'emporter. Il faut protéger en effet, les riverains du Vidourle et pour cela il faut étudier le problème dans son .ensemble, c'est-à-dire de embouchure jusqu'aux Cévennes. Tout considérer, ne rien négliger tirer des conclusions logiques, établir un plan, prévoir dans la suite des modalités d'exécution; tel est le problème.

 

Il va lieu d'aborder ce travail, qui à notre connaissance n’a jamais été entrepris, en partant de l'embouchure, parce que c'est dans cette partie du cours du Vidourle que le plus de travaux ont été exécutés dans le passé, il paraît certain en effet, que les populations de la plaine qui va de Gallargues a la mer, ont été les premières a se préoccuper du problème de la protection.

 

Là, rien ne pouvait naturellement assurer une barrière aux eaux envahissantes et un refuge aux habitants.   La plaine est vaste, essentiellement plate, et le Rhône d'un côté, le Vistre et le Vidourle de l'autre, en temps de crue, joignaient leurs eaux jusqu'à la mer et transformaient cette région en un vaste étang.

 

Le danger était réel : danger pour les populations et pour les cultures. Il était logique que ces populations cherchassent à y remédier. Elles songèrent d'abord à élever des digues.

 

LES DIGUES

Lorsque les romains construisirent la Voie Domitienne a travers la Narbonnaise,  ils ne  méconnurent certainement pas le problème, et d'ailleurs, le fait d'avoir fait passer leur grande route là où nous la suivons encore, à droite et a gauche du pont d'Ambrusium, en est une preuve.

 

Le pont lui-même était nettement surélevé par rapport aux terrains qui l’environnaient et la Voie Romaine était en remblai de cinq pieds, au témoignage du marquis d'Aubais, sur les champs qu'elle traversait aux environs du petit fleuve. D’après le pasteur Hugues, ce qu'il appelle la paret des Sarrazins, parallèle au lit du Vidourle, serait un vestige des travaux de défense des romains.

 

Mais ce fut surtout lors de la construction des digues aux XIIIe et XIV° siècle que la question de la protection se posa.

 

On a vu que ce fut à la suite d'une intervention de Philippe-le-Bel que la construction des digues fut décidée.

 

L'original de la sentence arbitrale rendue par le juge mage de Nîmes en 1299, conservée à Marsillargues, précisait notamment « que depuis le pont neuf de Lunel, l'autre rive de la rivière du côté de Nîmes soit nettoyée, alignée et fortifié comme il est besoin et que les arbres et autres empêchements s'opposant au cours de l'eau de ladite rivière soient enlevés de ladite rive et qu'e l'ancien lit par lequel une partie de ladite rivière avait coutume de se répandre sur les terres d'Aimargues vers le lieu dit Bagarel, lequel est vulgairement appelé de Corren de Lirlo, soit creusé et nettoyé de façon que l'eau puisse couler librement comme elle avait coutume de couler autrefois.

 

On sait le soin avec lequel soit d'un côté, soit de l'autre du Vidourle, les brèches furent réparées.

 

L'arrêt curieux de la cour des Aydes du 11 Décembre 1599 stipulait par exemple, que lorsque le Vidourle débordait au-dessus du pont de LuneL dans la terre de Gallargues, les habitants de Gallargues étaient obligés de supporter la moitié de la dépense qu'il convenait de faire pour la réparation et, sur l'autre moitié, Aimargues en supportait les deux tiers et le Cailar un tiers soit le sixième de l'ensemble.

 

Les fonds de l'Intendance du Languedoc conservés aux archives départementales de l’Hérault et les dossiers des archives départementales du Gard sont riches en document:-sur les réparations faites au cours du XVIIIe siècle aux chaussées du Vidourle dans les communes de Saint-Laurent d'Aigouze et de Gallargues.

 

Ils permettent également de se faire une opinion sur la question de l'assèchement des marais qui resta si longtemps à l'ordre du jour.

 

La question des digues et celle de l'assèchement étaient étroitement liées et c’est pourquoi elles donnèrent toutes deux naissance à de longs mémoires. Cette abondante documentation ferait à elle seule, l'objet d'une curieuse histoire. Retenons-en ce qui concerne notre monographie :

 

« Pour dessécher les marais, écrivit fort judicieusement Fauteur du mémoire rédigé le 17 novembre 1741 pour le Syndic du Diocèse de Nîmes, adversaire du dessèchement, il faut nécessairement opposer à toutes ces eaux de fortes digues qui les empêchent de se répandre ».

 

Que deviendront alors dans les temps de grandes crues les eaux des rivières du Vistre et du Vidourle ?

 

A n'en pas douter elles sauteront par dessus les digues. Déjà, observe le Mémoire, les eaux des marais sont un obstacle au libre épanchement de celles du Vidourle. Que sera-ce lorsque cette rivière, sera endiguée ?

 

A cela les ingénieurs devaient répondre :

 

« Nous creuserons, nous élargirons les lits des rivières du Vidourle et du Vistre, nous élèverons de fortes chaussées pour contenir les eaux dans leur lit et les empêcher de se répandre.

- Vous allez vous livrer, répliqua la partie adverse à dei travaux dignes de l'ancienne Rome... Et par contrecoup, songez-vous au sort que vous allez faire aux villes et aux villages situés sur les bords de la rivière... Elles seront submergées et détruites. Déjà en 1723 les eaux du Vidourle contenues dans leur lit furent forcées de se refouler à plus de six lieues de leur embouchure et vinrent se répandre dans la basse ville de Sommières ».

 

La contreverse est intéressante. Elle prouve la difficulté de toujours du problème, tant les intérêts en jeu ont été constamment contradictoires.

 

Pas de digues ?  tout est submergé. Il est vrai que le Vidourle laisse un limon bienfaiteur. Mais il menace aussi les Salins de Peccais.

 

Des digues? Dès lors, on peut assécher les marais, sources constantes de maladies, mais tout est toujours à refaire, car elles sont à chaque instant crevées ou submergées par l'inondation.

 

A la vérité, les deux solutions prévalurent tout à tour dans l’histoire.

 

Etats du Languedoc d'abord. Administrations départementales ensuite ont soutenu une politique de protection par les digues et les populations de leur côté se sont initiées à rendre cultivables les terrains jusqu'aux abords de la mer.

 

Et le Vidourle ? Fidèle à son passe, il a crevé les digues inondé villes et campagnes sans se soucier ni des intentions humaines ni des travaux exécutés à grands frais le long de son parcours.

 

Mais revenons au XVIIIe siècle...

 

Après le désastre de 1754, sur le rapport de l'ingénieur Pitot, les Etats du Languedoc décidèrent notamment au cours de leur séance du 9 décembre 1756 :

 

1. de rendre les chaussées plus solides en leur donnant partout la même épaisseur et la même hauteur ;

 

2. d'aligner certains coudes de la rivière.

 

Ils votèrent 15.000 livres à cet effet mais le devis s'élève en réalité à 80.000.

 

On a vu également le conflit qui survint après cette terrible inondation entre les communes de Gallargues d^une part, et d'Aimargues et du Cailar de l’autre, au sujet des digues. D’après le pasteur Hugues, ces fameuses digues sont élevées de (?) m. 50 au dessus du niveau de l’eau. Elles ont 10 m. de largeur à leur base et une longueur de 5.000 mètres. Leur vice capital est de se rétrécir en allant vers l’aval de sorte que si à leur origine le Vidourle a 240 mètres largeur, plus bas, au moulin du juge, il n’a plus que 36 mètres.

 

Dès lors, la rupture des digues paraît inévitable en temps de crues. C'est ce qui explique l’établissement des réservoirs découlement décides par les Etats du Languedoc en 1773. Ces réservoirs sont au nombre de dix. Ils n'ont que quatre mètres au-dessus des eaux et leur ouverture varie entre 3 et 41 mètres. (1)

 

(1) Dimension de l'ouverture des réservoirs d'après Hugues :

1er Réservoir, 10 m. 40;

2e Réservoir, 21 m. 40;

3e Réservoir, 17 m. 60;

4e Réservoir, 21 m 40;

5e' Réservoir, 19 .m.;

6e Réservoir, 23 m.;

7e Réservoir, 3 m.;

8e Réservoir, 18 m. 40.

9e Réservoir, 28 m. 20;

10e Réservoir, 41 m. 10.

 

Ainsi les Etats du Languedoc se préoccupèrent fréquemment au cours du XVIIIe siècle, de la question des digues ; mais pour l'ingénieur Pitot, le véritable problème consistait surtout à limiter les dégâts lors des sinistres.

 

De Sommières à la mer, estimait-il, le lit est trop étroit pour contenir en temps de crue la masse d'eau qui se présente Songer à faire des digues insubmersibles était une utopie. Il fallait faire en quelque sorte, la part de l'eau. D'où l'existence de ces reversions appelés encore brèches de Gallargues qui ont pour mission de permettre un écoulement rapide dans les plaines de la rive gauche, vignes du Gard aujourd'hui. De là les eaux gagnent les étangs par la roubine de Cubelle.

 

Cette situation n'en restait pas moins paradoxale. Grangent dans sa description abrégée du Département du Gard, le construit à son tour en écrivant (An VIII) « Cette rivière depuis le Grand Gallargues jusqu'à son embouchure est entièrement resserrée par de fortes chaussées et la largeur de son lit va toujours en diminuant vers son embouchure : ce qui est contre tous les principes connus de l'hydraulique sur le cours -des rivières... »

 

Au cours du XIXe siècle les digues eurent a nouveau à souffrir des inondations et avec une régularité dangereuse, elles cédèrent à toutes les grandes crues.

 

Au XXe siècle la question - non encore résolue - se pose avec une acuité d’autant plus grande que rien n’a été décidé. Après le désastre de 1907, le Conseil Général du Gard fut saisi d’une façon instante du problème et il demanda qu’un projet d'ensemble fût mis à l'étude sans retard. Il y est encore.

 

L'endiguement du Vidourle après Saint-Laurent, tel que l'a rapporté le mémoire du Marquis de Calvisson, et les travaux récents faits au cours du XIXe siècle, après le canal de la Radelle, vers l'étang du Repausset, sont les phases de la solution apportée dans le passé au problème de la protection.

 

Du point de vue de l'intérêt propre des populations riveraines en ces parages, les mesures prises au cours des âges sont justifiées. Le danger serait pour elle trop grand si les digues et les chaussées ne canalisaient le Vidourle. Les riverains du cours supérieur verraient sans doute avec faveur un dégagement plus large de la rivière. Mais la solidarité doit jouer dans l'infortune et il faut que les solutions du problème ne présentent aucun caractère restrictif.

 

D'ailleurs, sans méconnaître l'importance des raisons de Pitot qui n'ont rien perdu de leur valeur, le fleuve n'ayant pas amélioré son régime, il est permis de se demander si cette question des digues a été examinée dans les temps modernes, avec suffisamment d'attention.

 

Le problème que nous vouions poser n'est pas un problème local. A revoir la question des digues, il faut l'examiner non seulement dans les pays bas proprement dits mais à partir de Sommières.

 

Peut-on rationnellement endiguer le Vidourle comme il a été fait pour le Rhône ?

 

Le problème de la protection contre les inondations du Rhône dans le Gard à partir de Beaucaire jusqu'à la mer, a été résolu en effet par les digues et nous en voulons trouver la preuve dans les deux inondations mémorables du Rhône de 1840 et de 1856.

En 1840, il y a eut à Beaucaire, 6 m 85 d'eau à l’étiage et toute la plaine beaucairoise fut submergée. Aigues-Mortes ville ne fut pas épargnée et les dommages, d'après le rapport de l’ingénieur en chef Bouvier, s'élevèrent à 12 millions.

 

Après cette catastrophe les pouvoirs publics étudièrent le système de protection le plus efficace à mettre en œuvre et sur les 58 km 86 qui vont de Beaucaire à Sylvéréal une forts chaussée fut construite aux frais des collectivités intéressées, qui payent encore l'entretien des travaux.

 

Résultat ? En 1856, 31 mai, nouvelle crue, la plus forte de toutes, aux dires de l'ingénieur Vileitz, 7 m 95 d'eau à Beaucaire, 1 m 10 de plus qu'en 1840. Malgré ce déluge, le Gard fut à peu près épargné. Une brèche par infiltration occasionna pour environ 4.690.000 frs de dommage, tant à Beaucaire que dans les communes voisines. Mais les Salines de Peccais n'éprouvèrent aucun dommage et les communes du Cailar et d'Aimargues atteintes en 1840, furent épargnées en 1856.

 

Que vaudrait la solution des digues pour le Vidourle ?

 

Faut-il toujours se montrer aussi sceptique que Pitot ?

 

Il ne faut jamais perdre de vue l'importance des pertes dans l'étude de cette question et se dire que les modifications apportées à la culture et la plus value prise par les immeubles ci les propriétés depuis le XVIIIe siècle, constituent des éléments nouveaux qu'il ne faut pas sous-estimer.

 

Sommières, nous le verrons plus loin ne peut être comme Marsillargues ou Saint-Laurent protégé uniquement par de-, digues. Empêcher même, en élevant des digues, que le Vidourle se déversât dans la plaine, à la sortie immédiate de Sommières, aggraverait certainement l'inondation dans la ville. II n en faudrait pas pour cela, nous insisterons là dessus, condamner les chaussées du faubourg construites à grands frais au XVIIIe siècle et aujourd'hui envahies par les atterrissements, mais laissons là pour l'instant, le « cas » Sommières.

 

A partir de Gallargues, rien ne s'oppose au renforcement des digues. L'expérience du Rhône prend ici toute sa valeur à condition cependant et ceci dans l’intérêt et pour la sauvegarde du bassin supérieur :

1 - que le lit du Vidourle endigué reste au moins d'égale largeur et n'aille pas en se rétrécissant de l'amont vers l'aval

2 - que le Vidourle puisse couler librement dans son lit sur tout son parcours depuis Sommières jusqu'à la mer ce qui n'est pas le cas actuellement.

3 - que les possibilités d'évacuation des eaux vers la mer soient augmentées lors des grosses crues.

 

 

LE LIBRE COURS DU VIDOURLE DANS SON LIT

La question n'est pas nouvelle. Déjà Pitot à qui on doit certainement les études les plus sérieuses faites à ce jour sur le Vidourle, en signalait l'intérêt...   « à l'égard du lit du Vidourle, écrivait-il de Lunel le 10 Octobre 1755, au dessus du pont de Lunel il n'a besoin d'être élargi qu'en certains endroits mais il y a beaucoup des atterrissements et des plantations qu'il faudrait détruire entre les digues de Gallargues et les Chaussées de Lunel ».

 

A quoi sert en effet d'élever les digues et de se ruiner à les réparer si le Vidourle ne circule plus librement entre les rives. Il est indispensable qu'un fleuve parvienne à son embouchure. Rappeler une telle vérité paraît être une gageure, une lapalissade de l'ordre de Sa galéjade classique. Et cependant...

 

Pourquoi a-t-on si longtemps toléré que le Vidourle ne pénétrât plus en temps normal dans l'étang de Repausset et que de ce fait, par un étrange paradoxe, il ne put plus parvenir à son embouchure du Grau ?

 

Nous ne reviendrons pas sur les raisons du détournement du Vidourle décidé en 1822. II ne fait aucun doute que dans l’esprit de ceux qui l’ont fait, ce détournement avait pour but outre la protection du canal de la Radelle, de dégager la passe du grau et de maintenir un courant d'eau dans le Repausset.

 

Pourquoi a-t-on laissé l’île Montago s'agrandir et obstruer peu à peu l’arrivée du Vidourle dans l’étang ? Pendant des années, il n'a plus disposé pour passer que d'une roubine de quelques mètres, envahie par les sables et par les roseaux.

 

A-t-on su Quelque part, qu'il fallait pour que le Vidourle surmontât cet obstacle, une crue de 1 m 30 d'eau environ ?

 

A la vérité, il faut le voir pour !e croire. Personne ne pourrait soupçonner à l'intersection du canal de la Radelle et du Vidourle, alors que le fleuve a 80 m. de largeur et trois mètres environ de profondeur, que trois kilomètres en aval une sorte de digue perpendiculaire au lit du fleuve en bouche le cours ne laissant qu'un passage sans importance de quelques mètres seulement.

 

La chose au surplus date de longtemps, et c'est là ce qui en constitue la gravité.

 

L'opération s'est faire peu à peu, sous l’œil intéressé des populations riveraines qui ont vu ainsi s'accroître leurs récoltes de « palus », et sous l’œil indifférent des services administratifs. Indifférent peut-on croire, car d’après les règlements en vigueur, dans « la partie aval du territoire de Saint-Laurent d’Aigouze et au-delà jusque l’embouchure, l’entretien des digues est fait aux frais des propriétaires riverains sous le contrôle des Ponts et Chaussées ». Certes des mises en demeure ont été bien souvent adressées par l’Administration aux propriétaires responsables. Elles ne furent suivies d'aucun effet réel.

 

Nous n'insisterons pas sur l'efficacité de ce contrôle.

 

Les populations des Pays-Bas ne méconnaissaient pas elle le danger et de temps à autres, la presse régionale en à reçu les échos.

 

« A un kilomètre environ de ces écluses, lisait-on par exemple, dans « l’EcIair » du 7 août 1933, en allant droit à la mer, les eaux ne circulent plus par suite des barrages sur lesquels passent des charrettes... En ce moment un ingénieur est venu deux fois pour dresser un plan de recreusement mais il est probable que l’on commencera les travaux lorsque tous les petits propriétaires du quartier du Môle seront complètement ruinés par une nouvelle inondation ».

 

Quelques semaines après la parution de cet article, le Vidourle envahissait à nouveau la plaine du Môle détruisant les récoltés, non enfermées.

 

Que conclure de ces événements si ce n^est que cet état de choses ne pouvait durer.

 

Là, le scandale, si l’on peut dire, restait flagrant et l’urgence des mesures à prendre sans contestation possible.

 

Tel est le premier état de la question : que le Vidourle rejoigne librement son embouchure !

 

Autre chose est la liberté de circulation entre les berges !

 

C'est tout le problème du curage des cours d'eau non navigables qui se trouve ainsi posé.

 

Nous lui attribuons une importance considérable et nous lui réserverons pour cette raison, un chapitre spécial.

 

DÉBOUCHÉS VERS LA MER ET VERS I’ÉTANG DE MAUGUIO

Mais il ne faut pas croire cependant que les mesures envisagées ci-dessus apporteront une solution suffisante au problème du bas Vidourle.

 

Le Grau des Abimes en septembre 1932

 

A notre avis, le détournement du Vidourle de l’étang de Mauguio, vers l'étang du Repausset ne devrait pas avoir un caractère absolu. Le trajet imposé au Vidourle à travers le Repausset et dans le canal du Grau, n'est pas suffisant pour l’écoulement des eaux en temps de crues.

 

Le Grau au Sanatorium, septembre 1932

 

L'examen d'une déviation vers l’étang de Mauguio, retour à un état de chose ancien, et vers la mer, se pose et il mérite d’être fait attentivement.

 

Vers l’étang de Mauguio, la réouverture de la branche de Cogul n'est pas impossible à prévoir, en prenant toutes dispositions évidemment, pour sauvegarder les droits des propriétaires.

 

Vers la mer, l'agrandissement de la vanne qui part de rive droite du Vidourle vers Port-Louis, et l’utilisation des graux que le Vidourle se crée lui-même en temps de fortes crues, ne paraissent pas présenter des difficultés insurmontables.

 

Pourquoi n'envisagerait-on pas ces questions comme des solutions de secours, en temps de grosses inondations seulement ?

 

L'ÉCLUSE DU CANAL DE LA RADELLE

 

 

L’écluse mastodonte qui ferme le canal de la Radelle.

 

Vient ensuite la question du canal de la Radelle. Les raisons qui ont motivé la protection de ce canal au moyen d'écluses étaient sans doute plausibles. A l'expérience, elles se révèlent insuffisantes. Le Vidourle trop resserré en temps de crue dans ses digues, les crève, envahit la plaine, et déverse tout de même dans le canal de la Radelle qui lui-même déborde à Aigues-Mortes et menace la ville.

 

Les eaux limoneuses, en  1933,  seraient remontée nous a-t-on assuré, jusqu'à la hauteur de Bellegarde.

 

Il faut donc de toute nécessité, discuter Inopportunité des écluses qui constituent un obstacle sérieux et une protection plus illusoire que réelle pour le canal.

 

A ce sujet, on a fait remarquer qu'il n'existe pas d'écluses semblables sur l’Orb et  sur  l’Hérault à leur intersection avec le canal du Midi (1).

 

(1) La bibliographie sur le canal du Midi est intéressante à consulter sur ce point.

 

Pourquoi en trouve-t-on sur le Vidourle alors que les deux fleuves précités ont un régime aussi turbulent ?

 

Certes, la question de l'ensablement du canal est à considérer et le déversement des eaux du Vidourle vers Aigues-Mortes doit également retenir l’attention.

 

Mais toutes les questions sont solidaires et la solution du problème ne réside pas seulement dans une seule mesure. C'est d'un ensemble de moyens  de protection jouant en même temps, pour conjurer le péril, qu'il faut attendre le salut.

 

Ce qu'on ne doit jamais perdre de vue c’est en effet, le libre écoulement du Vidourle, écoulement pour lequel l’écluse de la Radelle constitue, en corsetant son lit, un obstacle sérieux.

 

Les propriétaires riverains savent l’importance de cet obstacle et c'est bien souvent que la presse régionale enregistre leurs appréhensions.

 

Le 7 août 1933, paraissait dans « l'Éclair », c’est-à-dire un peu plus d'un mois avant la désastreuse inondation de septembre, une communication de M. Martin Lambert, propriétaire du Môle qu’il faut retenir comme un témoignage intéressant :

 

« L’administration des Ponts et Chaussées, lit-on dans cette note, procède en ce moment à la pose des portes métalliques aux écluses do Vidourle en remplacement de celles emportées lors des dernières inondations.  Lorsqu'une crue sera signalée les portes fermeront le Canal du Midi et toute l’eau devra se jeter directement à la mer...

 

Ainsi, et il n'y a qu'à aller sur place pour s'en rendre compte, l'écluse limite directement le passage du Vidourle, et, le lit du fleuve étant par surcroît, obstrué en aval, comment dans ces conditions les eaux peuvent-elles passer ?

 

Après l'inondation de 1933, la question est devenue plus sérieuse encore. Nul ne peut plus douter désormais de la valeur de l'obstacle qu'est cette écluse sur le Vidourle à un point où le débit devrait être accru et non limité.

 

Cette situation est patente, aussi dans sa session de printemps 1931, le Conseil Général du Gard a-t-il délibéré unanimement sur le vœu suivant présenté par MM. Revest. Boucoiran, Mabelly, Bruguier, Laune et Gerboud.

 

« Le Conseil Général, considérant que 'l'installation de nouvelles vannes pour isoler en temps de crues le courant du Vidourle du canal de Beaucaire aura pour effet inévitable d'aggraver les conséquences de ces crus :

 

« Que s'il est exact que depuis très longtemps déjà cet isolement était pratiqué par des moyens divers, il n'était précédemment que partiel et n'est devenu vraiment efficace que depuis l'installation de nouvelles vannes.

 

Demande à l’administration préfectorale d'insister d'une façon toute particulière auprès du service du Canal de Beaucaire pour que, en attendant l'exécution des travaux de curage projetés à l'embouchure du Vidourle, les vannes d'isolement récemment posées à la traversée du canal ne soient pas complètement ouvertes chaque fois que leur fermeture risque d'aggraver d'une façon dangereuse les conséquences des crues.

 

Enfin pourquoi tolère t-on encore ce pont en, bois qui prolonge le chemin de halage à la hauteur du croisement du canal ?

 

Avec ces sept arches formant barrage, retenant les nombreuses épaves transportées par le fleuve, il constitue un obstacle certain. L'inondation de 1933 l’avait partiellement emporté. Pourquoi le laisse-t-on reconstruire ? »

 

LES REMBLAIS DE CHEMIN DE FER

A ces obstacles situés dans la partie la plus basse du lit du Vidourle, il en est d'autres d'une nature toute spéciale et qui cependant, lors des grosses crues, jouent en amont de Marsillargues, un rôle particulièrement important.

 

Il s'agit des remblais de chemins de fer des lignes de Lunel à Arles et du Cailar à Aigues-Mortes.

 

La première de ces lignes coupe le bassin du Vidourle qu'elle traverse à Marsillargues. La deuxième partant du Cailar, descend presque parallèlement au Vidourle en passant par Saint-Laurent d’Aigouze.

 

Dans ces pays essentiellement plat le moindre remblai constitue en temps d'inondation un obstacle à l’écoulement des eaux. Ceux du chemin de fer, construits avec la solidité qu'il convient de donner à des ouvrages de cette nature, jouent parfaitement leur rôle.

 

Cependant lorsque le fleuve déchaîné s^élance après avoir rompu ses digues dans la plaine, l’obstacle que constitue ces remblais n'est pas pour lui invincible et  voici comment en 1907, aux dires des ingénieurs, les choses se sont passées :

 

« La masse d'eau déversée dans la plaine, lors de la crue du 27 septembre 1907, s'est engouffrée sous le viaduc die la ligne de Nîmes à Montpellier. Retenue par le remblai de la voie ferrée de Lunel à Arles, elle a inondé Aimargues et couvert la plaine jusqu’au delà du Rhôny. Après avoir pratiqué une brèche dans le remblai de la ligne précitée et dans celui de la ligne du Cailar à Aigues-Mortes, la crue a couvert toute la plaine limitée au nord et à l'est par le Rhôny et les coteaux de Clapières et au sud par le canal du Rhône à Cette ».

 

Comment remédier à cette situation ? Les ingénieurs ajoutaient que « si l’on voulait améliorer l'écoulement des eaux d'inondation il fallait tout d'abord augmenter considérablement le débouché des ouvrages sur les chemins de fer de Lunel à Arles et de Nîmes à Aigues-Mortes ».

 

Le rapport date du 3 octobre 1907.

 

Qu'a-t-on fait au remblai des lignes indiquées plus haut ? Elles se présentent toujours sous le même aspect. Or, les ingénieurs estimaient qu'il fallait tout d'abord augmenter le débouché des ouvrages sur les lignes.

 

Ce « tout d'abord » est symbolique et le commenter devient superflu.

 

Signalons en passant que la question reste entière et que la Compagnie peut encore faire figurer ce travail parmi les projets de première utilité.

 

-oOo-

 

Le problème de l'écoulement des eaux dans le bassin du Vidourle est grave. On ne persistera jamais assez à le proclamer.

 

Grave parce qu'il a sa répercussion sur tout le parcours inférieur du fleuve et que, pour une certaine part, jusqu'à Sommières même, ces répercussions se font sentir.

 

Grave aussi parce qu'il atteint directement dans ses œuvre vives la population laborieuse de ces pays bas, qu'un dégrèvement d'impôt foncier de, pour fixer les idées, 164 frs pour une perte de 400 hectolitres de vin, ne suffit pas à indemniser.

 

Grave enfin, parce que cette population finira par ne plus vouloir accepter la responsabilité d'une fatalité trop souvent mise en cause.

 

Certes, les lenteurs administratives sont devenues proverbiales et il importe que les populations sinistrées par l’intermédiaire de leurs représentants, tiennent en haleine les pouvoirs publics.

 

Mais il faut aussi, quand l’intérêt public heurte certains intérêts particuliers, que la sécurité de la collectivité passe avant l’égoïsme de l’individu.

 

Là encore les représentants des communes ont à jouer un rôle.

 

La cohésion des communes riveraines est essentielle et nous noterons pour l’instant que si le problème du Vidourle est partiellement étudié, c'est certainement à l’action commune des maires des localités sinistrées qu'on le doit.

 

Ils ont posé la question de l'embouchure, du curage et de l'entretien, ils ont offert de participer aux frais, ils ont de mandé une étude complète du problème, ils ont dénoncé la somnolence des services administratifs qui, alertés avant les inondations de 1932 et au cours d'une réunion des maires en 1933, sont restes inactifs.

 

Ils désirent que cette négligence ne se perpétue pas. Ils veulent en un mot, assurer la sécurité de leurs administrés dans la mesure des possibilités humaines.

 

DEUX PROJETS DE DÉRIVATION

 

PROJET DE CANAL DU VIDOURLE A LA ROUBINE DE LUNEL.

Parmi les moyens de protection, il en est un qui n'a désormais qu'une valeur historique, mais qu'il est fort curieux de rappeler. C'est celui qui prévoyait un projet de canal du Vidourle à la roubine de Lunel. Il date de la fin du XVII siècle.

 

Les vidourlades de 1684 et 1689, nous l'avons vu, furent particulièrement violentes. Elles causèrent du mal non seulement à Sommières, mais encore dans tout le pays bas. La protection des digues parut insuffisante et une vaste enquêta fut décidée pour examiner le problème dans son ensemble.

 

Ce l'ut l'ingénieur Esprit Linsolas qui fut délégué par l’Intendant à cet effet. Il visita tous les lieux, «le 4 novembre 1692, en présence du syndic de Mirmant, des propriétaires des salins de Peccais et de Fabre délégué du marquis de Calvisson. Ils observèrent que le lit du Vidourle n'avait que 50 toises de largeur (cent mètres environ) et qu'il était même réduit a un « canal fort estroit à son bas bout » canal de 4 toises, environ de largeur soit 8 m, sur 150 toises (300 m.) de longueur avant son entrée dans le canal de La Radelle. Ce canal lui-même n'était pas plus large jusqu'à sa jonction avec la roubine d'Aigues-Mortes.

 

De cet état de choses, il apparut que les moyens d’écoulement du Vidourle étaient limités et qu'en cas de crues, le" chaussées étaient emportées et les territoires voisins inondés

 

Les eaux douces atteignaient même les salins de Peccais « qui en peuvent devenir fort altérés et inutiles pour faire du sel ». Enfin les limons avaient une tendance à combler le canal de la Radelle et à rendre difficile la navigation.

 

Comment remédier à cet état de choses ?

 

Pour Esprit Linsolas, il fallait non seulement réparer les chaussées du Vidourle, mais surtout construire un nouveau canal propre à vider par la plus droite ligne, les eaux de la rivière dans l'étang de Mauguio. Telle était la conclusion du rapport du 17 novembre 1692.

 

En 1695, nouveau mémoire sur les inondations des environs d'Aigues-Mortes et de Peccais par Niquet. Cet ingénieur approuvait le projet Linsolas, ajoutant même qu'il faudrait que le même canal reçut les eaux du Vidourle à toute époque, afin que la rivière ne vint plus se jeter dans le canal de la Radelle. Le canal partirait du pont de Lunel.

 

L'intendant Basville fit faire de nouvelles enquêtes sur place. La construction du canal resta la seule solution envisagée comme susceptible de « dériver la trop grande abondance des dites eaux dans leurs inondations et les porter dans la ville de Lunel, qui les conduirait dans d'autres estangs, en quoy la navigation de ladite roubine de Lunel en recevrait et le public grande commodité». »

 

Un arrêt du Conseil d'Etat du 26 février 1697 approuva le projet. Les adjudications en conséquence, furent annoncées et la dépense répartie entre les communautés d'Aimargues, Marsillargues, Saint-Laurent, le Cailar, Aigues-Mortes et les propriétaires des salins de Peccais, au prorata des bénéfices qu'ils retireraient des travaux.

 

Les devis très détaillés de l'opération nous sont conservés aux archives départementales de l'Hérault.

 

Il résulte de ces documents que le canal devait partir de l'entrée de la roubine (canal) de Lunel, près les Capucins.

 

De là il suivrait les fossés de la ville (les fondements des anciens murs constituant la digue d'un côté) et aboutirait au Vidourle immédiatement au-dessus du pont de Lunel. Des ponts étaient prévus notamment sur le Chemin royal du Pont de Lunel à la ville.

 

Les adjudications eurent lieu, Antoine Perrier de Marsillargues eut pour 18.000 livres, les travaux à faire du pont de Lunel à la roubine. Ces 18.000 livres étaient supportées par Marsillargues, Aimargues, Saint-Laurent, les salins de Peccais à raison de 4000 livres chacune, et par le Cailar et Aigues-Mortes à raison de 2000 livres.

 

Le 24 avril 1697, il semblait bien que l'exécution de ce Canal fut chose faite. Nous allons voir pourquoi il n'en fut pas ainsi. Les protestations contre l'exécution de ce projet ne tardèrent pas en effet à s'élever de toute part.

 

La ville de Lunel fut la première à se faire entendre.

 

Des le 29 avril; elle décida de former opposition à l'exécution de l’arrêt du 26 février.

 

Quels étaient les griefs invoqués ? Ils étaient de plusieurs ordres. La déviation du Vidourle par Lunel constituait à son avis un grave danger d'inondation pour les territoires de la commune et pour la ville elle-même.

 

En plus des dangers provenant du Vidourle, étaient à considérer ceux causés par l'écoulement des eaux pluviales, désormais arrêté par le canal.

 

Enfin les limons du Vidourle auraient pour effet certain d'envaser la roubine de Lunel. Et le comité rappelait à ce sujet qu'il avait été fait autrefois une saignée au Vidourle appelée Vidourel, entre les métairies de Teillan et de Malvrève dans le territoire d'Aimargues, qu'on fut obligé de fermer.

 

A la vérité pour Lunel, la solution du problème résidait dans l'élargissement de l'embouchure du Vidourle, ce à quoi riposta textuellement Niquet :

 

« Qu'on élargisse et que l’on approfondisse tant que l'on voudra l'embouchure du Vidourle à l'estang, elle sera bientôt recomblée et les débordements n'en seront que de peu ou point diminués ».

 

L'inondation de Lunel, ajoutait d'ailleurs cet ingénieur, pouvait facilement être évitée.

 

Mais la ville de Lunel ne fut pas seule à se dresser contre ce projet, un concert de protestations s'éleva de toute part. Marsillargues déclara n'avoir jamais demandé ce canal, Aimargues dit ne souhaiter nullement une telle entreprise. Le Cailar riposta que les débordements du Vidourle ne l'incommodaient que lorsqu'ils se produisaient sur le territoire de Gallargues en amont du pont de Lunel, et que de ce fait, il n'avait aucun intérêt à la réalisation du projet. Pour Saint-Laurent d'Aigouze, ce canal, bien loin d'être utile à la commune, ne pouvait que lui être préjudiciable car, ajoutait-elle en définitive les inondations étaient une source de profits par « le délaissement du limon qu'elles entraînent sur les terres ».

 

Aigues-Mortes ne fut pas moins affirmative dans ses critiques. D'après elle, les eaux douces du Vidourle dessalaient les marais et permettaient la culture de plantes de marais et de faire le pâturage.

 

Saint-Just et Saint-Nazaire de Pezau se joignirent à Lunel pour s'opposer à l'exécution de l’arrêter du 16 février.

 

Bref .aux dires des uns et des autres, le Vidourle était blanc comme neige et les inondations, une source de richesses et de profits.

 

Mais ce fut certainement l'intervention de l’évêque d'Alais qui avait de gros intérêts dans cette région, où il percevait des dîmes, qui fut la plus efficace.

 

Dans un long mémoire à l'Intendant, il dénonça comme responsable de ce néfaste projet, le marquis de Calvisson, lui-même.

 

Et cela n'était pas le côté le moins curieux de l'affaire !

 

A en croire l’évêque d'Alais, et la vraisemblance de ses arguments est très plausible, le marquis de Calvisson, avait à charge d'entretenir la chaussée du Vidourle, sur la rive gauche du côté de Saint-Laurent, d'Aigues-Mortes et de Peccais. Or, les récentes inondations ayant partiellement emporte ces chaussées, le marquis de Calvisson trouvait plus expédient « au lieu de faire les réparations de ladite chaussée qui ne pourraient coûter que 7 à 8 mille livres », de proposer « la soignée ou canal qu'on propose de faire au Pont de Lunel, au préjudice de tous les intéressés, qui en supporteraient toute la dépense ».

 

Le Marquis de Calvisson, Jean-Louis de Louet de Nogaret, riposta avec véhémence, et opposa des arguments circonstanciés. De nouvelles descentes sur les lieux furent faites par les ingénieurs Niquet et Linsolas.

 

Le dossier complet de l'affaire fut envoyé avec avis favorable par l'intendant de Basville à M. de Ponchartrain qui répandit, en janvier 1698 :

 

« Sa Majesté, après avoir bien examiné le tout, a jugé à propos de laisser, quant à présent les choses en l’estat qu'elles sont ».

 

L'évêque d'Alès l'emportait ainsi sur le Marquis de Calvisson et le canal de dérivation du Vidourle ne fut jamais entrepris.

 

Cependant comme des travaux préliminaires avaient été exécutés, les communes de Marsillargues, Aimargues et Saint-Laurent, eurent à payer chacune, ainsi que les salins de Peccais, 1495 livres 8 sous, et celles du Cailar et d'Aigues-Mortes 373 livres 17 sous.

 

LES PROJETS NÉS DE L'INONDATION DE 1754

La désastreuse inondation de 1754, venant après celle de 1745, posa à nouveau le problème de la protection. Les Etats du Languedoc, dans leur séance du 21 février 1756, eurent à en délibérer.

 

L'ingénieur Pitot, avait été chargé d'étudier le problème. II examina d’abord, au point de vue des préjudices que les propriétaires des salins de Peccais redoutaient, puis en considérant la construction d'un canal de dérivation proposé par les communes d'Aimargues et du Cailar, revenant ainsi sur une solution rejetée au début du siècle.

 

Pour assurer la sécurité des plaines de la rive gauche à fleuve la réparation des brèches de Gallargues fut décidée en premier lieu.

 

Quant au canal de dérivation, il devait cette fois, partir nr peu au-dessus de la Roque d'Aubais, passer par la passe d Madame Montlaur en suivant le cours du torrent appel ? Grand Vallat.

 

Mais à l'étude, on reconnut vite l'impossibilité, à cause d. la dépense, de donner une suite à ce projet qui nécessitait le creusement du canal dans le roc sur une grande étendue, sans compter ce qu'il en coûterait pour le conduire dans les terre ? jusqu'au palier.

 

Plus tard, le 17 février 1759, Joubert fit un nouveau rapport aux Etats sur les inondations du Vidourle et le 9 décembre 1756, il fut décidé :

 

I - de rendre les chaussées plus solides depuis le pont de Lunel, jusqu'à l'embouchure de la rivière en leur donnant partout la même épaisseur et la même hauteur.

 

II - d'aligner certains coudes de la rivière.

 

C'était, la dernière fois, jusqu'au détournement de 1822, que les autorités régionales devaient s'occuper de notre fleuve

 

LA QUESTION DES PONTS SUBMERSIBLES

Au nombre des mesures demandées par les maires riverains du Vidourle, il en est une, corollaire de toutes les autres, qui consiste dans le remplacement des ponts submersibles jetés sur le petit fleuve. Il en existe quatre principaux :

Le pont de Sardan, le pont de Lecques, le pont de Salinelles et le pont de Villetelle.

 

 

Le pont de Lecques

 

Par définition on sait qu'un pont est dit submersible lorsqu'il est construit de façon telle que, en temps de crue, l’eau le couvre facilement.

 

 

Le pont de Villetelle

 

Ces ponts ont été construits sous le signe de l'économie, n’en ont pas moins l’aspect de véritables ponts avec plusieurs arches lourdement posées sur le lit.

 

Qu'ils soient, en période d'inondation, un obstacle à l'écoulement rapide des eaux, on ne peut en douter.

 

Dans quelles proportions méritent-ils cette responsabilité

 

Tout dépend de leur situation, de l’écartement de leurs arches et de la facilite avec laquelle, retenant les épaves qui passent, ils forment barrage dans le lit.

 

Le service vicinal parait estimer que la disparition de ces ponts « n'améliorerait pas sensiblement le régime du cour d'eau en temps de crue ».

 

Il n'y a qu'à considérer quelques uns d'entre eux, et notamment celui de Villetelle qui se présente comme un barrage puissant, pour conclure que la raison est contestable et que tout projet de régularisation du débit du Vidourle doit englober tous les obstacles qui se dressent sur le cours d’au.

 

Sans doute l’urgence de la disparition de ces ponts n'est-elle pas primordiale, et la dépense qu'entraînerait leur remplacement constitue-t-elle un obstacle sérieux à une telle entreprise.

 

Il n'en reste pas moins que le projet complet que l’on est en droit de demander aux pouvoirs publics, doit comprendre la disparition de ces sortes de ponts, tout au moins sur le cours inférieur du Vidourle

 

A suivre...

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LES VIDOURLADES SUITE

Première partie

> Le XIXe siècle

Deuxième partie

> Protection contre les vidourlades

Troisième partie

> La protection de Sommières


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