L'église
conventuelle des Frères-Récollets était construite sur
l'emplacement occupé aujourd'hui (1877) par la maison Thourneysen,
le café de l'Univers et l'hôtel Balazard.
Ce
monument étant devenu insuffisant pour la population de ce quartier
qui comprend tout le faubourg de la Fontaine, du Cours-Neuf et va
jusqu'au chemin de Montpellier, l'administration municipale,
sous la présidence de M. Ferdinand Girard, maire, décida, en 1835,
l'érection d'une nouvelle église et la création d'une place en
face de la rue de la Madeleine.
Le
sujet avait été mis au concours et trente projets furent envoyés
et exposés publiquement dans la Maison-Carrée. Celui de M. Charles
Questel, architecte, conservateur du Palais de Versailles, obtint la
préférence. Le style est celai du XIIe siècle, appelé Roman
secondaire ou Bysantin. On remarque dans cette église de très
belles fresques dues au pinceau de M. Hippolyte Flandrin, l'auteur
des belles peintures murales de Saint-Germain-des-Prés à Paris ;
les peintures de décors et d'encadrement ont été exécutées
par M. Denuelle ; les vitraux par MM. Maréchal et Gugnon, de Metz;
les orgues, par M. Cavaillé-Coll, de Paris ; les sculptures de la
façade par M. Collin.
Les
portes extérieures et intérieures sont ornées de pentures en fer
forgé et ciselé venant des ateliers de M. Boulanger de Paris, les
autres serrureries et grilles d'un ajustement assez remarquable ont
été exécutées à Nîmes par M. Marius Nicolas ; les mosaïques
sont l'œuvre des frères Mora, enfin les quatorze bas-reliefs
représentant le Chemin de la Croix sont dus au ciseau du sculpteur
nîmois, M. Auguste Bosc. M. Henri Durand, aujourd'hui architecte du
département, a été l'architecte inspecteur des divers travaux ;
ceux de maçonnerie, commencés en 1841, ont été finis en 1847
et ont été exécutés en grande partie par MM. Auphan et
Arnavieille, entrepreneurs.
Sur
une plaque de marbre, placée dans l'intérieur de l'Église près de
la porte d'entrée, sont gravés les noms de tous les artistes
qui ont contribué à l'érection et à la décoration de ce
monument. Les portraits même, de la plupart d'entre eux, on été
peints par M. Flandrin, qui a donné aux saints qui composent la
série du côté gauche en entrant les traits de ses collaborateurs.
Voici
le devis officiel des dépenses occasionnées par l'érection de
ce monument qui mérite à tous égards l'attention des visiteurs -
Acquisition des maisons et frais, 238950,35 - Travaux principaux,
506731,22 - Travaux
accessoires, 219.980,78 - Dépenses supplémentaires, 28629,23 -
Total général, 994291,59
Le
conseil municipal a voté, le 20 novembre 1877 ? (10 novembre 1875), une nouvelle somme de
20.000 fr. pour l'établissement d'une grille autour de ce monument,
dépense bien inutile et fâcheuse, car la circulation qui est
très-grande dans la rue Neuve ne pourra qu'en souffrir si l'on
diminue l'espace réservé aux piétons.
Tous
ces devis qui se sont successivement augmentés par tous les frais
imprévus d'installation intérieure, portent la dépense totale
à plus d'un million. Dans ce chiffre, l'État n'est intervenu que
pour 23.000 fr.
La
consécration de la nouvelle église Saint-Paul a eu lieu le 14
novembre 1849. Le pontife consécrateur fut l'archevêque d'Avignon,
assisté des évêques de Montpellier, de Viviers et de Nîmes. M.
Eyssette était alors maire de Nîmes , et M. Reynaud, curé.
Le
24 novembre 1849 ; l'ancienne église des
Récollets fut vendue au prix de 83.600 frs.
et a
été remplacée par de belles maisons construites sur les plans de
MM. Feuchères, Durand et Chambaud.
En
démolissant ce vieux monument , on a découvert plusieurs pierres
tombales et notamment celles de deux marchands lombards qui
avaient été ensevelis dans ce couvent, j'ai déjà donné la
description d'une de ces pierres à l'occasion de la rue des Lombards
(Voir "Nîmes et ses
rues", T2, page 121),
d'après la description qui en avait été donnée par M.
Germer-Durand père. Quant à la deuxième, je l'ai récemment
retrouvée dans le jardin de M. Foulc où elle avait été
transportée.APPENDICE, tome deuxième, page 410
Les
fresques peintes par M. Flandrin dans la chapelle latérale du côté
gauche de l'autel, offrent cette singularité que les têtes des
saints personnages qui y sont figurés sont le portrait fidèle des
principaux artistes qui ont contribué à la construction de l’église
ou amis de l'artiste. Ce sont :
Le
n° 1, M. Questel, architecte de l’Église ;
Le
n° 2, M. de Roussel, propriétaire de la maison où logeait M.
Flandrin, et ami ;
Le
n° 3, M. Arnavieille, entrepreneur de l’Église
;
Le
n° 4, M. Bernard-Hoën, entrepreneur de la
menuiserie ;
Le
n° 5, M. Feuchères, architecte et ami ;
Le
n° 6, M. Balz ;
Le
n° 7, M. Paul Colin, sculpteur ;
Le
n° 8, M. Henri Durand, architecte, surveillant des travaux ;
Le
n° 9, M. Paul Flandrin ;
Le
n° 10, M. Hippolyte Flandrin ;
Le
n° 11, M. Louis, élève de M. Flandrin ;
Le
n° 12, M. Denuel, peintre décorateur.
-oOo-
| Eglise Saint-Paul vers 1860 sans les grilles
Lors
de la finition de l'église Saint-Paul, pour des raisons budgétaires, la
municipalité décide de ne pas réaliser la grille prévue dans les
travaux complémentaires par l'architecte Questel.
Un quart de siècle
plus tard, le 10 novembre 1875, décision sera prise de
réaliser cette grille. Référence "Histoire de Nîmes" d'Adolphe Pieyre, tome III, année 1875, page 208 :
"La
rue de l'Agau prolongée venait d'être ouverte à la circulation. On vota
l'établissement d'une grille en bordure sur cette rue pour protéger le
reste de la Porte Auguste, et il fut également voté la grille, prévue
par Questel dans le projet de l'église Saint-Paul, pour isoler ce
monument et le mettre à l'abri de certaines profanations (10 novembre)."
| -oOo-EGLISE SAINT PAUL Collection de Cartes Postales anciennes
Collection Gérard Taillefer
Collection Gérard Taillefer
Représentation de l'église Saint-Paul sans les grilles
Intérieur de l'église St Paul - Collection Georges Mathon |