Construction Église St Baudile
Extrait de l'article de nemausensis, Nîmes au XIXe siècle


Eglise Saint-Baudile en construction - Collection Gérard Taillefer.

En 1866, les vieilles maisons de l'Isle-de-l'Orange, situées devant les Casernes, furent démolies pour faire place à la nouvelle église Saint Baudile.



Ce projet avait fait l'objet d'un concours en 1860, l'architecte nîmois Henry Espérandieu dont on doit Notre Dame de la Garde à Marseille, sera écarté, " nul n'est prophète en son pays ", au profit de Mondet architecte de Bordeaux.


Henry Espérandieu était l'inspecteur des travaux de l'église Saint-Paul à Nîmes sous la direction de Questel.
Toutefois deux artistes locaux participeront à cet ouvrage, les deux anges de la façade seront réalisés par Léopold Morice et la statue de St Baudile par un autre sculpteur nîmois Auguste Bosc. Le chantier ayant pris du retard suite à des négociations avec le ministère de la guerre qui avait des vues sur ce terrain situé en face des casernes, les travaux ne commencèrent qu'en 1867.



Consécration de l'église St Baudile, le 28 novembre 1877 - Document Musée du Vieux Nîmes.


L'église sera consacrée par le cardinal Caverot, archevêque de Lyon, primat des Gaules, le 28 novembre 1877.
La Maîtrise de la Cathédrale exécutera la belle et difficile messe de Weber. Le Credo du plainchant a été alternativement chanté par la foule et par une magnifique voie de soprano.
L’Orgue d’accompagnement était tenu par M. Bellivier, le maître de chapelle de la Cathédrale, et M. Pellet inaugurait, avec son jeu savant et sympathique, les grandes orgues, qui sont l’œuvre de Vincent Cavaillé-Coll.

« Les Orgues Cavaillé-Coll - A l’origine un facteur d’orgues de Toulouse Joseph Cavaillé (1700-1767).
C’est lui qui formera le fils de son frère Jean-Pierre Cavaillé (1743-1809), qui épousera en première noce une native de Barcelone, Françoise Coll.
Jean Pierre Cavaillé (Cavaillès dans certains écrit) aura 5 enfants, c’est le second, Dominique Cavaillé-Coll (1771-1862) qui fondera la réputée dynastie des facteurs d’orgues.
Dominique, comme son père facteur d’Orgues du roi d’Espagne, sera partagé entre ses deux patries, la France et l’Espagne.
Ces deux enfants Vincent et Aristide perpétueront le métier.
Vincent (1808-1886) aura une vie plus ou moins dissolue, il s'éloignera de l’entreprise familiale. Après son deuxième mariage il viendra habiter Nîmes de 1864 à 1883, où il pratiquera son métier de facteur d’orgue. C'est lui qui réalisera les grandes orgues de St Baudile.
Son frère cadet Aristide, (1811-1899) donnera une dimension Européenne à la petite entreprise familiale, par l’étude et le perfectionnement de la mécanique et de l’acoustique, il créera des instruments qui sont parvenus à un niveau inégalé encore de nos jours. »


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LES CARMES ET LA PAROISSE SAINT-BAUDILE DE NIMES
LES CARMES A NIMES.
par l'abbé Goiffon, 1871


Ancienne église des Carmes

L'histoire ne nous apprend rien de certain sur l'époque de l'établissement des Carmes à Nîmes ; ce qui pourtant paraît incontestable c'est que ces religieux sont venus dans notre ville dès que leur Ordre, obligé d'abandonner la Syrie, vint se réfugier en Europe. On sait, en effet, qu'une partie de ces religieux, français de nation, abordèrent à Marseille, en 1244, et y bâtirent le couvent des Aygalades. Resserrés dans cette nouvelle demeure, les Carmes durent, peu de temps après, envoyer la colonie qui fonda le couvent de Nimes. Nous en avons une preuve incontestable dans le testa-ment que fit, le 2 mars 1264, Guillaume André, habitant de Nîmes ; par cet acte, il légua 6 deniers aux frères du Mont-Carmel, ce qui suppose, sans contredit, une communauté déjà formée et' établie depuis quelque temps. Une preuve du même genre résulte d'un autre testament par lequel Etienne Audemar, habitant de Nîmes, rue de la Corroyerie (de Gorregaria), légua, le 2 novembre 1270, 12 deniers tournois à la communauté des frères du Mont-Carmel, en même temps qu'il donnait à tous les couvents alors existants. Nous ignorons également en quel endroit de la ville les Carmes fixèrent leur première demeure ; nous savons seulement que ce ne fut qu'après l'an 1270 que leur couvent fut bâti hors de la ville et près des murs, en face de .l'antique porte romaine, sur l'emplacement qu'il occupait encore au moment de la Révolution.

Le monastère des Carmes s'agrandissait dans le silence, il n'en est plus parlé qu'en 1313 dans le testament du 22 mai de Raymond Ruffi le fondateur de l'Hôtel-Dieu de Nîmes ; cet illustre catholique établit un anniversaire dans l'église des Carmes pour le repos de son âme et de celles de ses parents.

Peu de temps après, en 1333, les bâtiments du couvent occupaient une vaste étendue et étaient habiles par une nombreuse communauté ; aussi furent-ils choisis, cette année, pour la tenue du Chapitre général de l'Ordre. Ce fut dans ce Chapitre que fut décidée la formation de deux nouvelles provinces, celle de Rome et celle de Bologne, ce qui porta à seize le nombre total des provinces du Carmel. Deux illustres religieux qui ont honoré l'Eglise et leur Ordre par leur science et par leur sainteté assistèrent à ce Chapitre en qualité de provinciaux, c'étaient saint André Corsini, plus tard évêque de Fiésoli, et Jean Baconthrop, docteur de Sorbonne, surnommé le docteur résolu, à cause de la facilité et de la solidité avec lesquelles il décidait les questions qui lui étaient proposées.

Les accroissements de la communauté des. Carmes nîmois reçurent de ce Chapitre une nouvelle impulsion ; nous en trouvons la preuve dans ce fait qu'un acte d'échange passé entre ces religieux et André de Languissel, prévôt de la cathédrale, fut signé par 19 religieux ayant au moins cinq ans de profession. Ce même acte d'échange nous apprend que le couvent de Nîmes était un lieu d'études pour les jeunes religieux qui s'y rendaient de toutes les maisons des environs. (1337.)

Un autre Chapitre général de l'Ordre fut tenu dans l'église des Carmes en septembre 1362.
Le Conseil de ville, rapporte Ménard, voulant donner des marques d'affection à ces religieux et les aider à subvenir à la dépense qu'ils étaient obligés de faire en cette ren-contre, leur fit présent de 25 florins qui furent comptés le 8, par le Clavaire des Consuls à F. Bernard Gervais, prieur du monastère.
Ce ne fut pas, continue l'historien nîmois, la seule marque de la bienveillance de la ville envers les Carmes ; F. Jean Trissas, procureur général de l'Ordre et déjà bachelier en théologie, se proposait d'aller à Paris continuer ses études et de s'y faire déclarer maître en celte faculté; pour l'aider à soutenir la dépense qu'il avait à faire en cette occasion, les Consuls lui donnèrent 10 florins. (18 février 1363.)

Le bien que les Carmes faisaient autour d'eux leur avait aussi concilié l'estime des habitants qui s'intéressaient aux succès scientifiques du monastère. Les exécuteurs testamentaires de Geoffroy Paumier, ancien lieutenant de la Sénéchaussée, fondèrent, en 1392, dans la chapelle des Carmes, un anniversaire pour le repos de son âme, moyennant 16 francs d'or à employer en achat de livres pour le monastère.

Ce fut aussi dans leur église que s'établit, en 1437, la confrérie des chirurgiens sous le titre de Saint-Côme et Saint-Damien. Cette confrérie reçut, plus tard, des statuts, qui furent confirmés, le 17 mars 1492, par Jacques de Villenous, vicaire général de Jacques II de Caulers, évêque de Nîmes. Déjà auparavant la chapelle des Carmes avait été choisie pour centre de la con-frérie des cardeurs, érigée sous le titre de Saint-Biaise ; celte dernière confrérie fut supprimée en 1540 et les biens en furent unis au Collège des Arts.

A la fin du xv8 siècle, le couvent des Carmes n'avait rien perdu de son êlat florissant et il pouvait offrir des logements considérables; c'est ce qui le fit choisir pour le Chapitre général de l'Ordre, qui s'y célébra le 3 juin 1498, fête de la Pentecôte. Pour aider les religieux dans la dépense occasionnée par l'affluence des frères venus de toutes les parties de l'Europe, la ville leur alloua 50 livres tournois, ce qui revient à 8 ou 900 francs de la monnaie d'aujourd'hui.

Le couvent des Carmes de Nîmes possédait, en 1517, un hôte illustre; c'était le frère carme Jean Colomb, évêque de Troyes, venu pour prêcher au peuple la station de carême. Ce fut pendant son séjour à Nîmes que les autorités ecclésiastiques et civiles s'étant entendues pour procéder à la recherche des reliques de saint Baudile, le chargèrent de présidera l'ouverture du tombeau; les travaux ayant été commencés peu après, les restes du saint patron de la ville de Nîmes furent découverts au mois de juin et on en fit aussitôt l'élévation solennelle avec beaucoup de pompe et de cérémonie. La Providence avait voulu donner l'honneur de cette découverte à un religieux du Mont-Carmel, comme elle donna plus tard aux frères du même Ordre la direction de la paroisse établie dans Nîmes sous le titre de Saint-Baudile. La ville récompensa les soins du frère Jean Colomb en lui allouant une somme d'argent et en payant au prieur du couvent la dépense qu'avait occasionnée son séjour à Nîmes.

Le monastère continuait à posséder l'estime des habitants ; de nombreuses fondations en sont une preuve non équivoque ; ne pouvant les citer toutes,en voici quelques-unes : peu de temps après le départ de Jean Colomb, le 17 octobre 1517, Louis de Jonquierettes, licencié en droit et avocat du roi en la Sénéchaussée de Nîmes et de Beaucaire, fit son testament par lequel il choisit sa sépulture dans l'église des Carmes; il fonda, en outre, quatre messes par semaine, donnant à cet effet 400 livres tournois ; de plus, il ordonna à ses héritiers de poursuivre un procès engagé devant la Cour du Parlement de Toulouse contre Jean Barnier, voulant que si l'issue en était heureuse, ce que la sentence allouerait fût employé à la réparation du monastère. Après avoir fait divers legs et partagé le reste de sa fortune entre sa femme Tiffène Pavée et sa fille Antoinette, le testateur ajoute que si sa fille vient à mourir sans enfants, ses biens seront acquis au couvent des Carmes ; cette dernière clause devint caduque ; Antoinette, ayant épousé le sieur de Bouzenne, seigneur d'Aubaix, eut des enfants.

Les exécuteurs testamentaires désignés par Louis de Jonquierettes furent l'un des Consuls de Nîmes et Jean Gabiolis, prieur des Carmes.

Plusieurs confréries avaient été établies dans l'église du monastère. Déjà, le 17 mars 1491, la confrérie des barbiers et chirurgiens de la cité de Nîmes avait fondé la chapelle de Saint-Côme et de Saint-Damien et, après avoir fait confirmer ses statuts, avait commencé ses réunions « en l'honneur de Dieu, de la glorieuse Vierge Marie et des saints martyrs saint Corne et saint Damien. » Cette confrérie, dissoute lors des guerres religieuses, fut rétablie le 19 janvier 1640, à la requête des Carmes et des chirurgiens catholiques, par ordonnance de Pierre Cal vêt, docteur et official de l'évêché de Nîmes.

Le 25 mars 1523, la Confrérie des Cardeurs fonda, à l'autel de Saint-Biaise, dans l'église des Carmes, deux messes qui étaient célébrées, chaque dimanche, après le son de l'Angélus de la Cathédrale ; à la suite de la seconde messe on chantait une absoute solennelle pour les morts de la Confrérie. A cet effet, les Cardeurs donnèrent au couvent une maison avec four, sise à la rue de Corcomaire et contiguë au pont de l'Agau. Cette maison ayant été ruinée au temps des troubles religieux, fut vendue, le 8 octobre 1576, à Jacques Sigalon, maître teinturier, pour le prix de 340 livres, qu'on employa en achat de fonds pour la plus grande utilité du couvent. La famille Sigalon conserva longtemps la propriété qu'elle venait d'acquérir et donna bientôt son nom au pont de l'Agau qui en était voisin et à la rue qui y conduisait.

Dans des temps postérieurs, deux autres Confréries vinrent fixer leurs réunions dans l'église des Carmes.

Le 16 juillet 1700, les boulangers de la ville s'obligèrent à perpétuité à faire célébrer une grand'messe de saint Honorât, le 16 mai de chaque année, avec procession autour des cloîtres ; le lendemain 17, ils faisaient dire une messe basse pour les morts ; en outre, ils fondaient une messe basse le troisième dimanche de chaque mois. Ils offrirent en même temps au monastère qui accepta, une pension annuelle et perpétuelle de 16 livres. Les Carmes leur permirent de s'assembler dans une des salles de leur couvent pour délibérer sur les affaires de leur Corps.

Le 25 avril 1702, les traiteurs et hôteliers de Nîmes établirent leur Confrérie dans l'église des Carmes et obtinrent aussi la faculté de s'assembler dans une des salles du monastère pour les affaires du Corps ; ils offrirent la pension annuelle et perpétuelle de 30 livres, qui fut acceptée. La fondation consistait en une grand'messe, le jour de la fête de Saint-Laurent, 10 août, avec procession autour des cloîtres, une messe basse de Requiem, le lendemain, pour les confrères décédés, une messe basse le deuxième dimanche de chaque mois et trois autres messes basses le deuxième, le troisième et le quatrième vendredi de chaque mois.

Il paraît qu'au XVIe siècle les Carmes de Nîmes avaient un peu perdu de leur primitive ferveur et que quelques désordres s'étaient introduits parmi eux. Nous voyons, en effet, qu'à la suite d'un procès qu'ils avaient intenté aux Consuls de la ville, en 1541, la Cour des Grands-Jours, tout en leur donnant raison sur te fond du procès, ordonna à l'évêque d'entreprendre la réformation du couvent.

L'état des constructions matérielles était plus grave encore, le couvert du monastère, l'église et le moulin, revenu principal des Carmes, avaient besoin de réparations urgentes. Les religieux, trop pauvres pour subvenir à cette dépense, se virent obligés d'inféoder à Gilles Bonnaud, bourgeois de la ville, une terre sise a Vallongue sur le chemin de Gajan, moyennant 80 livres, une salmee de tozelle et un muid de chaux, une fois donnés, plus une rente annuelle de d'eux salmées de tozelle (22 septembre 1544).
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L'année suivante fut, pour la ville de Nîmes, une année de misère affreuse les récoltes insuffisantes menaçaient le pauvre peuple d'une grande famine. Les Carmes ne pouvant oublier les secours que plusieurs fois la ville leur avait accordés, députèrent aux consuls Aubert la Caille, syndic de leur couvent, pour leur offrir un moyen de subvenir aux besoins de la population ; celui-ci se présenta donc aux magistrats de la cité avec les supérieurs des trois autres ordres mendiants et, de concert, ils consentirent à laisser faire des quêtes pour les pauvres dans leurs églises, jusqu'aux fruits nouveaux, sans renoncer toutefois pour l'avenir à l'arrêt par lequel la Cour des Grands-Jours de 1541 avait fait défense aux Consuls de faire aucune quête dans les églises des quatre ordres mendiants.

Cependant les mauvais jours allaient venir; le protestantisme envahissant peu à peu la ville ; déjà des désordres de plus en plus graves avaient fini par ensanglanter les rues ; les partisans des nouvelles doctrines, plus torts par l'audace que par le nombre s'étaient emparés de l'église des Observantins, (29 septembre 1581), Ce premier succès fuf bientôt suivi du départ des Augustins, dont l'église fut aussitôt transformée en prêche (15 décembre). Quatre jours après la Cathédrale elle-même envahie par la foule au sortir du prêche du ministre Pierre Viret, devint une vaste ruine intérieure, les statues et les tableaux des saints furent détruits, les autels renversés, les reliques foulées aux pieds, les vases sacrés pillés. Ces scènes de désordre se répétèrent dans toutes les autres églises de Nîmes celle des Carmes fut complètement saccagée, et les archives du couvent furent brûlées sur la place de la Cathédrale au milieu d'une ronde infernale, blasphémant contre les saints mystères catholiques et hurlant : plus de messe, plus d'idoles, plus d'idolâtres.

Les religieux se dérobèrent à l'orage par la fuite ; ils purent cependant rentrer dans leur couvent, le 14 janvier suivant, à la suite de l'ordonnance donnée à Villeneuve par le comte de Crussol, que la reine avait délégué pour la pacification des troubles en Languedoc ; ils se mirent aussitôt à réparer leur église et leur couvent. Mais les religionnaires, enivrés de leurs succès, ne pouvaient voir de bon œil le rétablissement du culte catholique, et ils essayèrent d'exciter une nouvelle émeute pour désespérer la patience des catholiques. Dès le 16 janvier, les Carmes ayant sonné la messe et ouvert leur église sur-le-champ, ils y virent accourir une troupe d'enfants envoyés pour troubler le service divin, et les religieux durent fermer leur porte ; pareil attentat était déjà arrivé dans la matinée à la Cathédrale. A partir de ce moment ce ne fut qu'à de rares intervalles que les Carmes osèrent publiquement exercer les cérémonies de la religion ; ils durent même, comme les autres prêtres fidèles, quitter la ville, le 31 juillet 1562, sur l'ordre du Consistoire, et ne purent rentrer qu'en août 1563, à la suite d'Antoine de Lévis, comte de Caylus et envoyé du roi.

Ils ne restèrent pas longtemps tranquilles. Le vaste complot de la Michelade éclata le 30 septembre 1567. Ce n'est pas ici le lieu d'en redire les horreurs. Plus heureux que le clergé séculier et que les autres ordres religieux, les Carmes placés hors de la ville n'eurent à déplorer la mort d'aucun des leurs et ils parvinrent à échapper au massacre ; mais leur couvent fut démoli comme tous ceux de la ville, et l'un des principaux auteurs de la Michelade, le président Calvière, en fit porter les matériaux, pierres et bois, dans une maison qu'il avait au faubourg voisin ; tant il est vrai que ce n'était pas le zèle religieux seul qui était le mobile des huguenots. Nous en trouvons d'ailleurs une autre preuve dans ce fait que Tristan de la Croix, autre protestant, conseiller au Présidial de Nîmes, usurpa tous les biens qui appartenaient au monastère des Carmes. Lorsque la paix commença à se rétablir, ces religieux, en rentrant dans la ville, firent entendre d'énergiques réclamations, mais ils durent recourir aux tribunaux pour rentrer dans leurs biens: à leur requête, le Parlement de Toulouse rendit un arrêt ordonnant une enquête. Cette enquête se fit le 26 juillet 1597 ; divers témoins furent entendus qui firent la description complète de l'église et de l'ancien couvent dont le cloître avait servi de cimetière aux catholiques jusqu'en 1594 ; il demeura prouvé que Tristan de la Croix s'était approprié la nef et le chœur de l'église, et qu'il y avait fait bâtir sa bergerie avec les pierres et les matériaux de cette même église, et qu'en outre, depuis trois ans, il s'était emparé du cloître et du cimetière, et en avait fait une terre labourable.

Trop pauvres pour reconstruire leur ancienne demeure, les Carmes durent se loger dans l'intérieur de la ville et ils habitèrent successivement diverses maisons particulières qu'ils louaient. Ils demeurèrent longtemps, nous dit Ménard, dans une maison contiguë au Palais, près de là porte de St-Gilles, louée d'abord et achetée plus tard ; à cette époque la chapelle du Palais leur servait d'église et ils y célébraient les offices divins. Pendant ce temps, leur ancienne demeure avait été convertie en un enclos et un jardin que l'arpentage général du territoire, en 1606, évalua à, une salmée et une émine, soit 72 ares et 57 centiares.

Ils ne purent même en garder la propriété ; lors des troubles de Rohan, en 1621, Brison, gouverneur de Nîmes, élu par les protestants, fit construire un bastion sur l'emplacement de l'ancien monastère.

Les Carmes cependant ne laissèrent pas prescrire leurs droits ; ils présentèrent requête aux sieurs Miron et Le Camus intendants de Languedoc, pour que les Consuls fussent obligés de leur fournir une maison commode pour leur logement et pour le service divin.

Les parties ayant été longuement ouïes, les intendants rendirent une ordonnance par laquelle ceux de la Religion prétendue reformée durent payer aux Carmes une pension annuelle de 150 livres comme indemnité de logement. Ce fut alors que les Carmes se logèrent dans la maison du sieur Laval, écuyer.

Mais bientôt les Consuls huguenots refusèrent de payer la pension convenue et les religieux durent adresser une autre requête aux intendants qui rendirent, le 15 février 1636, une ordonnance portant que la Communauté payerait la somme annuelle de 150 livres. Cette ordonnance fut signifiée aux Consuls, le 23 du même mois, les Consuls refusèrent de se soumettre et une nouvelle requête des religieux amena l'ordonnance du 23 juillet 1636, portant que la pension serait payée, sous peine de saisie des biens des Consuls et emprisonnement de leur personne. Cette ordonnance fut signifiée, le 4 août, mais elle ne fut pas mieux exécutée que lès précédentes.

Les Carmes ne se laissèrent pas décourager par ce mauvais vouloir des huguenots et ils obtinrent contre eux une nouvelle ordonnance, en date du 21 janvier 1637. Cette affaire traîna jusqu'au 31 décembre 1648 ; une transaction intervint alors ; les Carmes renoncèrent au loyer de 150 livres et en quittancèrent la ville, moyennant 600 livres qui leur servirent à payer une partie du prix d'achat de leur maison. Cet accord fut ratifié, le 27 avril 1649, par le Provincial ; il l'avait été déjà par le Conseil de la ville, le 4 janvier. Les Carmes ayant changé de Provincial peu de temps après, le nouveau supérieur confirma l'acte, le 3 septembre 1652. (Archives de l'hôtel de ville de Nîmes. Série I, 4, 4eme partie)

Pour ce qui est des dommages qui leur étaient dus, à raison de la démolition de leur couvent, les Carmes passèrent, le 5 juillet 1644, une transaction avec les Consuls et les habitants protestants, et renoncèrent à tout procès moyennant 1800 livres de dédommagement. 1600 livres furent bientôt payées ; mais les religieux n'obtinrent le reste de la somme qu'après avoir fait de nombreux actes judiciaires ; les 200 livres ne leur furent comptées que le 13 juillet 1666, à la suite d'un arrêt du Parlement de Toulouse.

Au milieu de tous ces tracas temporels, le couvent des Carmes n'avait pas cessé d'être un lieu de fortes études. Nous en trouvons la preuve dans un livre publié, en 1656, chez Jean Plasses, imprimeur et marchand libraire de Nîmes. C'est Le thrésor de la Saincte Messe avec son appareil, tiré de l'Ecriture Saincte, des Pères et Conciles des quatre premiers siècles. L'auteur de cet ouvrage était le R.P. Jean Obrier, du Puy-en-Velay, docteur en saincte théologie et prieur dés Carmes de Nîmes. Ce livre dédié à Mgr Cohon parut avec l'approbation du Provincial de Narbonne, de Nicolas de Hallay, prévôt du Chapitre, de M. de Trimond, chanoine et conseiller du roi au Sénéchal et Présidial de Nîmes, et du prieur des Carmes de Montpellier. C'est un exposé bien fait de la Doctrine catholique sur le Saint-Sacrifice de la Messe, avec réfutation des principales objections protestantes ; les diverses cérémonies et en particulier l'usage de la langue latine dans la liturgie y sont très-bien vengés des attaques de l'hérésie. L'ouvrage est précédé et suivi d'épigrammes et d'anagrammes dans le goût du temps, parmi lesquelles se trouve un sonnet d'Ingignac, chanoine de St-Gilles.

Les Carmes soupiraient après le moment où il leur serait possible de rétablir leur monastère; enfin, ils se sentirent en mesure d'en entreprendre la reconstruction dans leur enclos et ils en donnèrent le prix fait à Gourdan, maître maçon. La pierre fondamentale en fut solennellement bénite, le samedi, 11 février 1679, à dix heures du malin ; elle fut ensuite posée par le Juge- Mage, Francois-Annibal de Rochemaure, en présence des Consuls en chaperon et de tout le Corps de ville.
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Les travaux furent activement poussés et, le 4 novembre 1685, les religieux vinrent dès le grand matin, prendre possession de leur couvent; réunis aussitôt en Chapitre, ils choisirent à l'unanimité S. Charles Borromée pour patron de leur chapelle et pour protecteur de leur nouvelle demeure. Bientôt après arriva l'Archidiacre Causse, vicaire général et official du diocèse de Nîmes, qui procéda à la bénédiction de la maison.

Comme l'église n'était pas encore commencée, les religieux convertirent en chapelle une salle basse de la nouvelle construction, qui fut bénite par l'archidiacre, sous le titre de Saint-Charles.

Les Carmes, reconnaissants des soins de Gourdan, lui concédèrent, à perpétuité et gratuitement, un tombeau dans leur église pour lui et les siens.

Dès lors, nos religieux purent plus facilement observer la règle de leur Ordre et il sortit de leur maison comme un parfum de piété qui leur attira une plus grande affection du peuple nîmois, et le Conseil de ville se crut obligé de leur donner une marque publique de la satisfaction que procuraient aux habitants leur zèle et leurs services, et les indemniser en même temps des perles qu'ils avaient faites de leurs titres et de presque tous leurs biens enlevés par les religionnaires pendant les troubles. Il leur donna, en conséquence, le 19 novembre 1694, un cimetière que les catholiques avaient établi a l'extrémité de l'enclos de leur ancien monastère et dont Mgr Fléchier ne voulut plus qu'on se servît, à cause que son éloignement le rendait presque inabordable dans les saisons extrêmes de l'hiver et de l'été.

Cette donation fut faite à condition que les Carmes célébreraient chaque année, le jour des Rois, une messe solennelle du Saint-Esprit pour implorer le secours du Ciel en faveur des habitants et à laquelle ils inviteraient le Corps de ville.

Vers cette époque, le 10 juillet 1698, les Carmes, convaincus de l'indispensable nécessité d'une église, délibérèrent et convinrent d'en faire incessamment dresser les plans et d'y faire travailler avec le plus de diligence qu'il se pourrait, et votèrent un emprunt de 3,000 livres au plus modique intérêt qu'on pourrait les trouver, mais le Provincial refusa son autorisation et les choses restèrent dans le même état quelques années encore.

En 1711, les Carmes avaient terminé leur maison par l'adjonction d'un réfectoire avec infirmerie et bibliothèque au-dessus ; ils tournèrent alors leurs soins et leurs ressources vers la construction d'une église plus convenable que leur chapelle provisoire ; par une délibération du 12 août 1712, ils votèrent à cet effet un premier emprunt de 3,000 livres dont le Provincial s'engagea à payer les intérêts ; plusieurs particuliers ayant offert de contribuer à cette bâtisse, on mit la main à l’œuvre le 17 mai 1713, et dès le 19 juin, Mgr de la Parisière, en présence du Corps de ville, en bénit les fondements et en posa la première pierre. Cette pierre, nous dit Ménard, portait l'inscription suivante :

D. 0. M. - Beatœ Virgini Mariœ, régnante Ludovico decimo quarto, regum orbis maximo, suscitabat tabernaculum Domini quod ceciderat, et ea quœ corruerant instaurabat, et reedificabat istud, sicut in diebus antiquis, illustrissimus, reverendissimus , meritissimus dominus et pater m Christo Joannes Cœsar, episcopus Nemausensis. Anno reparatœ salutis 1713, decimo tertio calendas Julii.

L'église des Carmes se bâtit lentement, divers emprunts furent nécessaires pour en achever les travaux. Mais, enfin, le 28 octobre 1747, Mgr de Becdelièvre put procéder à sa consécration ; les Consuls, en chaperon, assistèrent à la messe pontificale qui suivit la cérémonie; on plaça dans le maître-autel des reliques des trois martyrs Martial, Prosper et Perpet. Afin de conserver à la postérité le souvenir de celte consécration, l'inscription suivante fut placée dans l'église ;

CONSECRATIO. Vigesima octava mensis octobris, anni 1747, illustrissimus ac reverendissimus Carolus Prudentius de Becdelièvre, episcopus Nemausensis, ad longos annos ! consecravit ecclesiam Carmelitarum hujus civitatis Nemausensis, et altare in quo reconditœ sunt ab eodem Illustrissimo reliquiœ sanctorum Martyrum, Martialis, Prosperi et Perpetui, singulisque Christi fidelibus supradictam ecclesiam, hodie unum annum, et in die anniversario hujusmodi consecrationis quadraginta dies de vera indulgentia, concessit.

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Extrait de l'Histoire de Nîmes de Léon Ménard, 1755.

CXL. - Consécration de l'église des Carmes par l'évêque de Nîmes.

(An de J.-Ch. 1747.)
Ce prélat fit avec les solennités et cérémonies accoutumées, le 28 d'octobre 1747, la consécration de l'église des Carmes de cette ville, qui venait enfin d'être achevée par les soins et le louable zèle de ces religieux.
Les consuls, en chaperon, assistèrent à la messe que l'évêque y célébra pontificalement. Ce prélat plaça dans le maitre-autel quelques reliques de trois martyrs, savoir : de saint Martial, de saint Prosper et de saint Perpet. En même temps, il accorda une indulgence d'une année aux fidèles qui visiteraient l'église ce jour-là, et une autre de quarante jours à ceux qui la visiteraient à chaque fête anniversaire de cette consécration.
On dressa une inscription latine (*) pour conserver le souvenir de la solennité, qui est déposée dans les registres de l'évêché et qu'on se propose de placer dans l'église même des Carmes.



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L'Eglise Saint-Baudile
Extrait de "Nîmes Autrefois Aujourd'hui" de Théodore Picard, 1901


L'église Saint-Baudile, exécutée sur les plans de M. Mondet, architecte de Bordeaux, a remplacé l'ancienne église des Carmes, située à l'entrée de la rue Séguier ; sa belle ordonnance reproduit le style ogival du XIIIe siècle appelé néo-gothique. Sa construction a duré dix ans, et a coûté 1445835 fr, y compris l'acquisition de l'Ile de l'Orange, vieil immeuble privé faisant face aux Casernes. La première pierre de l'édifice fut posée par Mgr Plantier le 28 mars 1867 ; la consécration solennelle fut donnée le 28 octobre 1877, par Mgr Cavorot, Cardinal Archevêque de Lyon.
- Une Notice sur l'église Saint-Baudile, publiée la même année par M. l'abbé F. Durand, alors vicaire de cette paroisse, facilite l'étude de ce beau monument et des magnifiques vitraux qui le décorent.
La façade principale, place des Carmes (actuelle Gabriel Peri), est ornée d'un superbe portail ouvrant sur la nef centrale, décoré d'un magnifique tympan accompagné d'une large voussure, avec fronton à crochets, et qui se termine par une galerie à jour. Au-dessus de ce portail, encadrée d'une large archivolte, une grande rosace s'épanouit en douze lobes. Cette façade est accompagnée de deux magnifiques clochers de forme carrée à deux grands étages, terminés chacun par une flèche octogonale en pierre, ajourée et flanquée, à la hase de huit clochetons historiés ; le sommet des pyramidions est à 70m du sol. Au niveau de la seconde galerie qui met en communication les deux clochers, au-devant du pignon, sous un dais en forme de gable relié à la balustrade, se dresse la statue de Saint Baudile, de Bosc, portant une épée et une palme. Les statues des deux anges aux ailes déployées, qui ornent la façade vers le bas, sont de Léopold Morice, autre nîmois. Le tympan du grand portail , du même sculpteur, représente Notre-Seigneur, assis et bénissant,entouré des symboles des quatre évangélistes.
Les deux façades latérales sont semblables. Elles présentent chacune, au droit des transepts, un portail orné de tympan sculpté avec fronton, et, au-dessus, des arcades faisant retour sur les bras de ces transepts ; celles au-dessus du portail sont surmontées d'une très belle rose encadrée d'une archivolte. Le tympan du portail du couchant rappelle le souvenir de Saint-Simon Stock, patron des Carmes, œuvre de Morice, celui du levant , exécuté par Jouandot, reproduit la scène du martyre de Saint Baudile.
- Les cinq travées qui forment la nef sont accusées par des contreforts saillants, surmontés de pinacles à fronton, évidés et fleuronnés. La partie inférieure de ces façades est décorée de grandes baies géminées donnant du jour aux basses-nefs ; elle est couronnée par une galerie en pierre, ornée de fleurons et de gargouilles. Au dessus, des arcs-boutants, d'une certaine hardiesse, partent du sommet des contreforts, et vont appuyer gracieusement leur tête sur le mur de la maîtresse-nef, au droit des poussées de ses grands arcs, en passant au-dessus des collatéraux ; des baies rosaces, à six lobes ornées d'archivoltes, éclairent cette nef. Les deux travées à la suite du transept, qui forment le chœur, et, après, la grande travée du sanctuaire, sont décorées suivant la même ordonnance.
La façade du chevet est percée de trois grandes baies géminées, divisées à mi-hauteur ; au sommet de la grande ogive, s'épanouit une belle rosace. Cette magnifique verrière est couronnée par une galerie à jouir, ornée de fleurons, semblable à celle de la façade principale, et donnant accès aux combles. Cette façade absidale est encadrée de deux tourelles, avec clochetons, renfermant les escaliers de service.
- La couverture en ardoises de l'édifice fait ressortir la teinte claire de la pierre de Beaucaire employée à sa construction.
La longueur dans œuvre du vaisseau est de 64m, et sa largeur de 30m, mesurée au transept. Son plan décrit une croix latine d'un très bel effet. Immédiatement après le grand portail, se trouve le porche intérieur communiquant avec les trois nefs, et qui forme tribune au-dessus pour servir d'assiette aux grandes orgues. Les deux bras du transept dépassent la largeur des trois nefs, et fournissent, à chaque extrémité, un porche à porte latérale. Ce porche et deux petites chapelles soutiennent également une tribune.
- La hauteur de la voûte est de 20m ; celle des collatéraux est de 11m50. La largeur de la nef centrale, à cinq travées, est de 9m60. Après la croisée du transept, vient le chœur formée de deux petites travées, reliées aux bas-côtés par deux grands arcs ; enfin, le sanctuaire qui occupe la dernière travée, décoré de deux élégantes tribunes latérales, se termine carrément. Au fond, est ménagé un couloir reliant les sacristies, auxquelles donnent accès deux petites nefs partant du transept.
Le visiteur ne peut manquer d'admirer, dans la construction de ce beau monument : la parfaite unité de l'ensemble, la perfection des détails et l'harmonie générale des lignes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; la légèreté des colonnes et la hardiesse des voûtes qu'elles supportent ; l'ampleur des archivoltes qui décorent les arcades de la nef et du chœur, ou de celles qui enveloppent les nombreuses baies rosaces ; enfin, la contexture délicate du triforium à arcades trilobées, qui court au-dessus des collatéraux, des transepts et du chœur, et dont la disposition ajoute à la décoration du vaisseau.
- Il y a trois autels principaux. Le majestueux autel majeur, d'une grande richesse, est placé en avant du sanctuaire : il est en marbre blanc de Carrare, décoré de colonnettes en marbre de couleur, de statuettes en métal, rehaussé d'ornements en bronze doré et couronné d'un superbe ciborium ; les cinq degrés qui en forment la base, sont en marbre rose d'Echaillon. Les autels latéraux, d'une certaine élégance, sont adossés au fond des absidioles, surmontés chacun de la statue du saint et de deux statues d'anges. Les quatre autels des congrégations, sont décorés simplement des attributs et monogrammes de leurs patrons. L'autel de la chapelle des morts est, d'un aspect vigoureux et sévère. En face, dans la nef de banche, se trouvent les fonts baptismaux.
L'ornementation intérieure, empruntée au XIIe et XIIIe siècles, est complétée de superbes vitraux dus au peintre Villiet, de l'Académie de Bordeaux. La grande verrière du sanctuaire, dédiée à la Sainte Trinité, est une œuvre splendide. Elle montre, au-dessous de la rosace dans laquelle est représenté ce mystère, encadrés chacun dans une ogive, les douze apôtres portant, sur une banderolle déroulée, un article de l'immuable Credo. Les vitraux des transepts, consacrés à la Sainte-Vierge et à Saint-Baudile, sont des pages magnifiques comme composition et comme coloris. Une belle mosaïque à grands panneaux réguliers, encadrée de frises de couleur, œuvre de M. Morat, décore le pavé du choeur ; la mosaïque la plus remarquable, est celle des fonts-baptismaux ; les sanctuaires des deux chapelles latérales et celui de la chapelle des morts, sont également pavés en mosaïques de marbre. La chaire monumentale, isolée entre deux piliers, est surmontée de la statue de Saint-Baudile ; c'est un des objets les plus importants du mobilier. Le grand orgue, construit avec tous les perfectionnements modernes, et muni de trente jeux, est le plus complet après celui de la Cathédrale ; l'orgue d'accompagnement est aussi très puissant. Ces deux instruments sont l’œuvre de Vincent Cavalier-Coll de Nîmes. Les autres boiseries : confessionnaux, portes, stalles, banc d'œuvre couronné par un Calvaire, sont habilement traités. Les travaux en fer sont de véritables œuvres d'art, où l'on aime à retrouver la palme et le laurier du glorieux martyr. Une très belle grille en fer forgé, avec socles et piliers en pierre de Barutel, à pans coupés sur le devant, entoure et protège le monument. D'après le projet, des pans de gazons, relevés d'arbustes à feuillages persistants, devaient l'encadrer, et créer un square complétant sa décoration.

L'ancienne église Saint-Baudile, siège de la paroisse, dépendait du Couvent des Carmes, qui a fait place à l'Hôtel du Veau d'Or, puis à la maison Vallat. Le couvent primitif, bâti vers l'an 1270, en face de l'antique porte d'Arles, avait été confié à la communauté des Frères du Mont-Carmel. En 1561, ceux-ci eurent à souffrir des envahissements des réformateurs, et se dérobèrent à l'orage par la fuite. Leur couvent, démoli à l'époque de la Michelade, ne fut entièrement reconstruit qu'en 1685. L'église qui devait remplacer leur chapelle provisoire, fut terminée et consacrée le 28 octobre 1747. Son érection en paroisse de Saint-Baudile eut lieu le 18 mars 1773, par ordonnance de Mgr de Becdelièvre ; et l'on y transporta le service de l'ancien prieuré de ce nom ; mais rien ne prouve qu'elle eût été reconnue par le gouvernement. Le dernier prieur avant la Révolution, fut le R. P. Gauthier. Il dut s'éloigner en 1791, avec ses deux vicaires, pour faire place au prêtre constitutionnel ; pendant la Terreur, les Carmes durent s'expatrier. En 1795, leur église qui avait servi de tribunal militaire, de prison et d'entrepôt, put rouvrir ses portes pendant quelques mois seulement. L'orage gronda de nouveau et la persécution sévit contre les prêtres non assermentés. Après le renversement du Directoire, la paroisse sécularisée de Saint-Baudile fut rétablie en 1803, et érigée en cure de première classe. (L'acte du 27 juin 1803 partageait la ville en cinq paroisses, dont trois paroisses cures : Saint-Castor, Saint-Charles et Saint-Baudile, et deux succursales : Saint-Paul et Sainte-Perpétue).
Au R. P. Fructueux, religieux Carme, réfugié à Lyon pendant les jours mauvais, succéda, comme curé, M. Jean Joseph Roux, ancien religieux de l'ordre des Minimes ; il fit construire le clocher en 1822. L'église fut agrandie successivement en 1837 et 1848 ; les voûtes furent consolidées en 1855. En 1860, s'ouvrit le concours pour la nouvelle église Saint-Baudile, livrée au culte 17 ans après.
- Son ancien emplacement, sur lequel on avait construit le Théâtre de la Renaissance, incendié en 1885, est actuellement occupé par un vaste bazar.
Au souvenir de cette paroisse se rattache celui du prieuré de Saint-Baudile, fondé au VIe siècle par les Bénédictins, dans la Valsainte, au tombeau de ce saint martyr. La fureur des Sarrasins en fit un monceau de ruines, en l'an 720, Rétabli à la fin du Xe siècle, il fut détruit aux premiers troubles religieux du XVIe. À titre d'anciennes chapelles, il convient d'ajouter :
1° Saint-Julien, près de l'enclos des moines de Saint-Baudile, qui existait au VIIe, siècle, et fut abolie au XVIe, ancien centre paroissial ;
2° Saint-André de Costebalens, du nom d'un ancien village situé entre les domaines de Luc et de Miraman, assez près du Vistre ;
3° Saint-Martin de Quart, dont les ruines existaient, il y a peu de temps encore, sur la route de Nîmes à Beaucaire, en face du chemin de Rodilhan ;
4° Saint-Guilhem de Vignoles, ruinée au XVIe siècle, située à peu près au lieu du Mas Boulbon, propriété du Séminaire, et qui faisait partie de l'ancienne paroisse Sainte-Perpétue.

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