LES SARRASINS A NÎMES
4 versions pour servir l’histoire, Dom Vaissete, Gautier, Ménard et Pontécoulant Reproduction d'articles qui n'engagent que leurs auteurs.
Les Sarrasins chassent les moines nîmois de leurs couvents
Version I - Histoire de la ville de Nismes, H. Gautier 1724. L'an 724, les habitants de Nismes, tous Chrétiens, reçurent la Religion de Mahomet, par le moyen des Sarrasins qui étaient revenus d’Espagne, dont ils s’étaient rendus les maîtres, et qui étaient sortis du Royaume de Fez. Nismes défendit pendant quelque temps le passage de la rivière du Vidourle à ces nouveaux conquérants Mores, mais ces derniers l’ayant traversée, ils s’établirent à Gualargues, à trois lieux de Nismes.
Une autre troupe de Sarrasins campant, distant d’environ quatre lieues, prirent ensuite Nismes, Avignon, Arles, Lyon, Poitiers, et conservèrent leurs conquêtes du Languedoc jusqu’en l’an 736 environ vingt années.
Pendant ce temps-là, l’exercice de la religion cessa dans Nismes, les églises furent changées en Mosquées, et la religion Chrétienne interdite.
En 731, Charles Martel fit plusieurs dégâts à Nismes, faisant la guerre contre le Comte de Bourgogne à qui appartenaient Marseille, Arles, et toute la Provence, de même que Nismes, Montpellier, Béziers, et le Roussillon, et ruina la ville de Nismes soixante ans, ou environ, après la première prise par Wamba.
Encore trois ans après, Nismes se relevant de tant de malheurs, Maurice, Duc de Provence fit soulever tous les Goths Espagnols, qui vinrent trois ans après piller tout ce que Charles Martel avait déjà désolé, avec les Villes d’Avignon, et plusieurs autres, de manière que Charles Martel repris les armes de nouveau, retourna en Languedoc, suivit jusqu’à Narbonne Antymus roi Sarrasin, qu’il vainquit, et remit à son obéissance Arles, Avignon, Nismes, Montpellier, Agde, et Béziers, brûlant et rasant toutes ces villes, ce qui causa la plus grande désolation de Nismes, dont du depuis elle n’a pu se relever sur les ruines que fort faiblement, et peu à peu. Tout cela arriva après que Charles Martel eut délivré la Guyenne des Sarrasins, par la célèbre bataille de Poitiers, où il en fit périr trois cent soixante et quinze mille. Il assiégea les Sarrasins la même année dans Nismes l’an 736, il brûla la ville, et renversa toutes les maisons que le feu n’avait pu consumer, les Temples, les Basiliques, les Tours, les Murs, les Aqueducs, les Ponts, etc… furent tous renversés de fonds en comble, dont il ne nous reste que ceux que nous connaissons à ce jour.
Alors le Mahométisme finit avec la destruction entière de la ville. Seulement l’Amphithéâtre ayant résisté aux flammes, il ne fut brûlé qu’en partie, et les bas sièges renversés, qui fut quelque temps après le refuge des Visigoths, qui vinrent du côté des Alpes, se logèrent dans les caves des Arènes, et y rétablirent le Christianisme l’an 743.
A cette occasion de la démolition entière de la ville de Nismes, on peut dire que sont devenues Sparte, Athènes, Corinthe, Thèbes, et tant d’autres villes si fameuses. A peine en connaît-on les noms, et il faut les chercher dans leurs propres ruines.
Ce fut en ce temps là, en 737, 38, et 39, que Mauran Provençal appela à son secours Lienstprend Roi Lombard, qui s’empara de toutes les villes ruinées par Charles Martel, ce qui fut encore un autre fâcheux contretemps pour Nismes. Mais Charles Martel de retour chassa le Lombard et le Provençal de manière que depuis ce temps-là la domination des Goths a été entièrement abolie en Languedoc.
Version II - Antiquités de la ville de Nismes, Léon Ménard, 1760. Ce fut sous les murs de Nismes que Constance, général d’Honorius, livra bataille à Constantin, lorsque la division se fut mise parmi les chefs de l'empire à sa décadence.
Bientôt la féconde Narbonnaise attira les hordes des peuples nomades qui inondèrent l'empire. Les Visigoths ravagèrent Nismes, et finirent par eu rester possesseurs. Après de longues convulsions et des désastres épouvantables, un traité, passé en 475 entre Euric, roi des Visigoths, et l'empereur Nepos, légitima leur conquête
Nismes ne sortit de la domination des Romains que pour déchoir chaque jour de sa grandeur première, et lorsque les Francs, à leur tour, étendirent leur sauvage domination dans le midi des Gaules, après la bataille de Vouillé, Nismes encore devint un lieu d'attaque et de défense, et vit compléter la dégradation de ceux de ses monument qui étaient restés débout. Son Amphithéâtre devint une citadelle, qui, prise et reprise plusieurs fois par les Francs et les Visigoths, subit toutes les mutilations que la force humaine put opérer dans ces courses hostiles, qui avaient la rapidité d'un incendie
Vers le commencement du VIIIe siècle, au moment où l'Occitanie ( elle portait ce nom depuis peu de temps ) voyait déjà fleurir les arts et renaître sa prospérité, Zama, qui venait de faire la conquête de l'Espagne, et qui la gouvernait pour le calife Omar Il, passa les Pyrénées et ravagea toute la Narbonnaise sous l'étendard de Mahomet. Comme en Espagne, il laissa au peuple vaincu le culte de leurs pères ; mais les moeurs douces et généreuses de ces Maures séduisirent bientôt les fidèles. Déjà beaucoup de chrétiens étaient devenus musulmans, lorsque Abdérame tenta la conquête du reste de la France
Charles-Martel, ayant réuni à la hâte quelques troupes, se porta au-devant de lui et lui livra bataille près de Poitiers. Abdérame y fut tué et son armée entièrement détruite
Peu de temps après, Jusifs, un des généraux des Maures, profitant de l'absence de Charles-Martel, qui était passé en Bourgogne, essaya de replacer la Septimanie sous leur dépendance. Il entra dans une ligue contre Charles-Martel ; mais celui-ci, ayant calmé les troubles de la Bourgogne, revint sur les bords du Rhône, vainquit de nouveau les Maures, leur enleva Avignon, et pénétra jusqu'à Narbonne, malgré le puissant secours envoyé d'Espagne sous la conduite d'Amozos, qu'il tua de sa propre main.
Mais, pour punir le peuple du soulèvement auquel il avait pris part, Charles-Martel fit raser Béziers, Agde, Maguelonne, fit brûler les portes de Nismes, détruisit les murs, et poussa le délire de la vengeance jusqu'à essayer de détruire l'Amphithéâtre par le feu on voit encore les traces de cette barbare entreprise qui eut lieu en 737.
A cette époque, Nismes rentre graduellement dans la barbarie, et perd chaque jour de son importance nous ne le voyons plus figurer que dans nos discordes civiles. Des scènes de carnage s'y renouvellent à tout instant, et n'ont pas même le mérite de solliciter l'intérêt du lecteur, il ne se réveille qu'à l'époque à jamais déplorable des guerres de religion.
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Charles Martel (688-741) Né en 688. Il devient maire du palais (d'Austrasie) en l'an 714. Célèbre pour sa bataille de 732 contre les troupes de l'émir Abd el-Rahman à Poitiers. En fait cette bataille s'inscrivait dans sa conquête de la Neustrie, puis de la Bavière et de la Saxe. Appelé au secours par Eudes prince d'Aquitaine en 732, pour combattre les arabes. En 736 il chasse les sarrasins de Nîmes et détruit la ville. Il la met à sac et la réduit à l’état de ruine. Il assure l'interrègne de 737 à 743 en gouvernant de fait, avec ses fils. Il meurt en 741. Son fils Pépin le Bref déposera le dernier roi mérovingien (Childéric III) en 754, et fondera la dynastie carolingienne.
> Les Sarrasins, suite - Versions III et IV
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