L’école de Nîmes de 1566 à 1634.

 

Par Léon Ménard

histoire de la ville de Nîmes, 1760.

 

Côté Est - Musée archéologique, années 40 - L'ancien collège des Arts.

 

La ville veille à l’entretien du collège des arts. (1566)

 

On ne laissait pas de veiller à l’entretien du collège des arts. Le conseil de ville ordinaire délibéra, le 3 de février 1566, d’en donner la direction pour un temps limité à maître Claude Ydrian, où à perpétuité, s’il l’aimait mieux, et aux mêmes conditions qu’on l’avait donné autrefois à Guillaume Tussan.

 

On nomme pour professeurs du collège des arts de cette ville des sujets de la religion réformée. L'évêque et le procureur du roi en portent leurs plaintes au vicomte de Joyeuse, qui donne ordre de congédier ces régents.

 

Comme les exercices du collée des arts de cette ville avaient cessé faute de régent et que la jeunesse perdait son temps, que d'un autre côté, on n'avait rien terminé à l'égard du principal qu'on s'était proposé de faire venir de l'Université, de Paris, on y mit en attendant, pour régenter, Guillaume Tussan, le même qui en avait autrefois eu la direction, et avec lui, quelques autres professeurs. Les uns et les autres se trouvèrent de la religion réformée.

 

C'en fut assez pour exciter le zèle des principaux d'entre les catholiques et les engager à s'élever contre ce choix. L'évêque Bernard d'Elbène de concert avec Pierre Valette, procureur du roi au présidial, présentèrent requête au vicomte de Joyeuse pour lui en faire leurs plaintes, comme d'une contravention aux édits et ordonnances du roi. Sur quoi, ce vicomte ordonna aux consuls de congédier tous ces régents religionnaires.

 

Le conseil de ville ordinaire s'étant assemblé à ce sujet, le 6 d'août de la même année 1567, il fut conclu d'exécuter cette ordonnance; mais en même temps de prier l'évêque d'aider la ville à pourvoir le collège de principal et de régents, et il fut aussi délibéré de charger Bausile Rouverié de trouver à Paris un principal de la qualité requise, suivant le premier dessein qu'un en avait eu.

 

En 1571, les catholiques de Nîmes rétablissent l'exercice de leur religion dans la maison de Saint Marc. Le conseil de ville délibère de traiter avec les chanoines à ce sujet, pour y placer les exercices du collège des arts.

 

Les catholiques de cette ville néanmoins, quoique privés de pasteurs se soutenaient dans l'exercice de leur religion. Ils l'avaient, à la faveur du dernier édit, rétabli dans la maison de l'ancien hôpital de Saint-Marc.

 

On a vu qu'il ne leur était resté aucune église pour s'en servir à cet usage. L'hôpital de Saint-Marc néanmoins avait été depuis longtemps destiné aux exercices du collège ou université des arts. Le conseil de ville vit ce changement avec peine.

 

En effet, il s'assembla le 3 de janvier de l'an 1571 pour trouver les moyens d’en réclamer la première destination. Il fut délibéré de prier les chanoines de céder cette maison à la ville pour y rétablir les exercices des classes, et l'on chargea les consuls et quelques autres députés de négocier cette affaire auprès d'eux.

 

De plus, on délibéra, le 9 du même mois, de continuer ces exercices dans la maison des héritiers de Guillaume Robert, dit le capitaine de Roquemaure. En même temps, on donna provisoirement pour trois mois l'institution de la jeunesse à cinq professeurs Es arts qui furent :

 

Jacques Hurtaud,  Claude Maffres, George Cruzier, Jean Forment et Jacques Anastaïs.

 

Les chanoines ayant offert de quitter la maison de Saint-Marc, pourvu qu'on leur en donna une autre aussi commode, il fut délibéré, le 28 :

 

- De leur faire proposer qu'ils réparassent leur réfectoire et leur dortoir, pour y faire le service divin.

- Que la ville paierait un tiers et même la moitié de cette réparation.

- Qu'en attendant-ils se plaçassent dans la maison des héritiers du capitaine de Roquemaure, dont elle payerait le loyer pour un an.

 

Le présidial de Nîmes réfugié à Avignon. Les consuls de Nîmes nomment en 1575, un surintendant et des régents pour le collège des arts.

 

La confusion que les guerres civiles avaient répandue dans le pays était extrême. Je remarque que le présidial de Nîmes qui s'était réfugié à Avignon, tenait ses séances dans la chapelle de Saint-Nicolas sur le pont du Rhône. Les parties y abordaient sans danger parce que les religionnaires portaient moins facilement leurs courses jusqu'à Avignon, qui était très bien gardé par des troupes formées d'Italiens et de Provençaux.

 

Malgré cette confusion générale la ville ne négligeait pas l'entretien du collège des arts. Le 11 de décembre de cette année 1575, les consuls s'assemblèrent à ce sujet dans la maison de Simon Campagnan, que le monument du temps qualifie ministre de la parole de Dieu titre que les religionnaires donnaient déjà à ceux qui faisaient le prêche parmi eux. Dans cette assemblée, les consuls donnèrent la surintendance de ce collège à George Cruzier qualifié docteur et maître ès arts avec deux cent quarante livres tournois de gages par an. Ils y établirent en même temps quatre régents, savoir :

 

Jean Paul pour la première classe ; Vital Breysi, pour la seconde, Jacques Villar, pour la troisième, et Claude Maffres, pour la quatrième. Les gages des trois premiers furent réglés à quatre-vingts livres chacun par an, et ceux du dernier à soixante livres.

 

Côté Ouest - Chapelle des Jésuites et bibliothèque - L'ancien collège des Arts.

 

La ville retient Jean de Serres pour recteur et intendant du collège des arts et fait avec lui un traité pour un an. (1578)

 

Peu de temps après, on retint à Nîmes pour recteur et principal du collée des arts le célèbre Jean de Serres, natif de Villeneuve de Berg, en Vivarais, connu dans la république des lettres par ses différents ouvrages historiques, et principalement par son inventaire de l'histoire de France.

 

On l'avait fait venir de Lausanne, en Suisse. Le traité que les consuls passèrent avec lui, le 3 de septembre de cette année 1578, portait qu'il exercerait la charge de recteur et intendant du collège pendant un an, à commencer le 1er de novembre suivant, qu'il y entretiendrait cinq régents pour l’instruction de la jeunesse, qu'il ferait une lecture en grec, en philosophie ou en  telle autre partie qu'il serait avisé par les consuls et le conseil de ville, moyennant la somme de douze cents livres tournois, payable par quartier, outre celle de deux cents livres qui lui fut donnée pour la dépense de son voyage, tant pour lui que pour sa femme et sa famille, ou pour le transport de ses meubles de Lausanne à Nîmes.

 

De plus, au cas qu'il fit venir quelque régent des pays étrangers, il fut convenu qu'on l'indemniserait des trais du voyage jusqu’à concurrence de cinquante écus. Les consuls s’obligent de faire toutes les réparations nécessaires au collège, soit pour son habitation, soit pour celle des régents et pour les classes. Il fut enfin accordé que de Serres serait tenu, pendant le cours de l'année que devait durer son engagement, de faire garder et exécuter le règlement qui serait ordonné de concert avec les consuls pour la police et la discipline du collège.

 

Emblème du collège des arts de Nîmes. Attention des habitants de cette ville pour conserver le ressort de la sénéchaussée, et en empêcher les démembrements. (1582-83)

 

Tels furent les statuts et règlements qu'on prescrivit pour l'ordre et la discipline du collège des arts clé Nîmes. On en détermina aussi, sans que nous sachions néanmoins en quel temps, les marques symboliques qui pouvaient servir à le caractériser.

 

On lui choisit une espèce d'emblème, représentant le Pégase, cheval ailé, qui grimpe sur le haut du mont Hélicon, où parait une fleur de lys, et qui en frappant du pied droit le bas du rocher en fait sortir la célèbre fontaine appelée Hippocrène, qui fut consacrée aux muses. Au-dessus étaient ces mots en banderole, Academia Nemausensis. Ce dessin, pris sur un bas-relief de pierre sculpté dans le temps, avait été placé contre une des colonnes qui soutenaient les galeries de l'ancien collège.

 

Peu de temps après, les habitants de Nîmes s'occupèrent du soin de conserver le ressort de la sénéchaussée dans l'étendue dont elle se trouvait alors jouir.

 

Ceux de Vivarais, de Gévaudan et de Velay, cherchaient à faire établir des présidiaux dans leurs contrées, dont on devait former les sièges des démembrements de celui de Nîmes.

 

Cette dernière ville était trop intéressée à ces établissements pour ne pas s'y opposer avec vigueur. Aussi, délibéra-t-elle, dans un conseil extraordinaire qui fut tenu le dimanche 2 de janvier de l'an 1583, et auquel présida Antoine de Malmont, conseiller au présidial, de faire les poursuites nécessaires pour empêcher ces démembrements, tant devant le roi, qu'au conseil privé, et au parlement de Toulouse; et de les faire aux dépens de la communauté, sauf à y faire ensuite contribuer le diocèse.

 

D'un autre côté, on réclama la protection du vicomte de Joyeuse, et on lui écrivit pour le prier de faire agir en faveur de la ville le duc de Joyeuse, son fils, qui était en ce temps-là le plus puissant patron qu'on put avoir auprès du roi Henri III. Ce vicomte, qui était alors à Narbonne, fit réponse aux consuls, le 17 de février suivant. II leur manda qu'il aurait volontiers donné la lettre de recommandation qu'on lui demandait pour son fils, au sujet de la révocation du nouveau présidial du Puy, mais qu'il estimait que la ville devait au préalable songer à faire le remboursement des sommes données pour l'établissement de ce siége, et que c'était là l'unique et véritable voie pour obtenir la suppression quelle désirait.

 

Les régents du collège des arts de Nîmes négligent l'institution de la jeunesse. Le conseil de ville prend des mesures pour y remédier. (1591)

 

L'université et collège des arts de cette ville commençait à déchoir de l'état de splendeur et d'éclat où son rétablissement le porta d'abord. Jean de Serres, qui avait si bien contribué à le faire refleurir, en était sorti. Il n'y restait plus qu'Anne Rulman et Chretien Pistorius, premier et second régent, qui s'acquittaient avec négligence de leurs emplois, et qui donnèrent lieu à divers murmures.

 

On se plaignait qu'ils expliquaient à leurs disciples des livres au-dessus de leur portée; qu'ils faisaient des promotions extraordinaires, dans lesquelles ils faisaient monter à la première classe ceux qui ne méritaient pas môme la troisième, et en reculaient d'autres qu'il aurait fallu avancer.

 

Ces plaintes furent exposées au conseil de ville général le 14 de ce mois de janvier.

 

On y délibéra e supplier les magistrats d'assembler les plus anciens et plus doctes avocats, et autres habitants distingués, d'appeler aussi les ministres et les régents du collège pour concerter entre eux un sage règlement qui remédiât aux abus dont on se plaignait; résoudre le nombre de classes qu'on jugerait nécessaires, déterminer les livres qu'il y faudrait lire, en un mot, pourvoir à tout ce qu'exigeait l'institution de la jeunesse.

 

Les commissaires qui furent députés pour cela, commencèrent par nommer un recteur, qui fut chargé de conduire les affaires du collège, jusqu'à ce qu'on y eût établi un principal. Le choix tomba sur le ministre Jean Moinier, choix qui fut confirmé par le conseil de ville extraordinaire le dimanche 10 de février suivant.

 

Le collège des arts de Nîmes se rétablit. Nombre des professeurs qui y régentaient. (1593)

 

Les exercices du collège des arts de Nîmes étaient alors pleinement rétablis. Sept professeurs y étaient occupés à l'institution de la jeunesse. Nous connaissons leurs noms par une quittance finale de leurs gages d'une année, qu'ils firent conjointement aux consuls de Nîmes le 29 de décembre de cette année 1593. C'étaient Anne Rulman, premier ou principal régent, Chrétien Pistorius, second régent, Jean Lans, professeur en philosophie, George Arbaud, Boniface Avignon, André Rally et Jean Janin, qui occupaient les autres degrés de régence de ce collège.

 

On traite avec Julius Pacius, professeur de l’intendance, pour raison de l'intendance et direction dit collège des arts de Nîmes. (1597)

 

La pacification de la province ayant dissipé l'appareil militaire qu'on y voyait établi depuis si longtemps, et rendu le calme aux lettres et aux muses, les habitants de Nîmes s'occupèrent plus particulièrement du soin de l'institution de la jeunesse. Pour renouveler avec plus de vigueur les études de l'université et collée des arts, ils cherchèrent h en donner l'intendance et la direction à quelque personnage de nom et d'une habileté consommée. Ils jetèrent les yeux sur Julius Pacius, et ne crurent pas pouvoir faire un meilleur choix.

 

C'était en effet un des plus savants hommes de son temps. Julius Pacius porta le surnom de Bériga, du nom d'une maison de campagne qui appartenait à sa famille, près de Vicenze, ville d'Italie, dans l'état de Venise, ville où il était né en 1550. II avait mis en réputation la nouvelle université de Sedan, où le duc de Bouillon l'avait attiré.

 

Les troubles des guerres civiles l'obligèrent de quitter Sedan. Il se retira alors à Genève, et y eut une place de professeur, qu'il occupait lorsqu'il fut appelé à Nîmes. II était grand philosophe et célèbre jurisconsulte, possédant aussi la langue grecque et l'hébraïque. On a de lui plusieurs traités de philosophie et quelques traditions latines de divers livres d'Aristote, accompagnées de notes et de commentaires, qui font foi de son savoir. Il a aussi donné un grand nombre d'ouvrages de droit. Or, par une délibération du conseil de ville de Nîmes, il fut résolu de faire venir ce savant homme en cette ville, de lui donner la surintendance et le rectorat du collée des arts, avec une place de professeur public de philosophie, aux gages clé mille livres par an.

 

La ville s'obligea de plus, avec générosité, de fournir à tous les frais de son voyage, soit de lui, soit de sa famille, pour venir de Genève, et à ceux aussi du transport do ses livres et de ses meubles tant de Sedan, où il en avait encore, que de Genève.

 

Les consuls firent au nom de la ville, une promesse par écrit de tous ces articles, le 11 de février de l'an 1597. Elle fut envoyée à Pacius, qui l'accepta par un acte sous signature privée, daté de Genève le 15 du même mois.

 

Ce traité néanmoins ne se consomma pas de quelque temps. Les meubles de Pacius furent à la vérité transportés à Nîmes, et ses gages commencèrent à courir du jour du traité; mais pour lui, la ville différa à l'appeler. Il se plaignit de ce retardement aux consuls, par une lettre qu'il leur écrivit de Genève, le 14 de juin suivant. II les pria de lui déclarer nettement, s'ils n'étaient plus dans l'intention d'exécuter leur traité, parce que ces longueurs nuisaient beaucoup à ses propres affaires et avaient déjà ralenti le désir qu'avaient ses écoliers de le suivre. Il leur manda ensuite que quelque parti qu'ils prissent, il les priait de lui faire payer ce qu'ils lui devaient déjà, qui était deux cent quinze écus sol qu'il avait avancés pour le transport de ses meubles et un quartier alors échu de ses gages. Comme il remit sa lettre, à un de ses amis, appelé de Vismes, qui allait en Languedoc, il prit de là occasion de recommander cet ami aux consuls. Il parait que c'était un collègue de Pacius dans les écoles de Sedan, qui avait un savoir supérieur :

 

Je recommande M. de Vismes, leur dit-il, qui vous rendra les présentes. C'est un savant personnage en philosophie et en langue grecque, qui a esté mon collègue à Sedan, et est de là parti, comme moy, à cause de la guerre, et est digne de vostre faveur, tant pour sa science que pour sa bonté et piété. Et s'il vous requiert d'argent, continue-t-il, je vous prie de luy donner jusqu'à la somme de soixante escutz, me faisant vostre débiteur de pareille somme, laquelle je vous feray bonne sur nos comptes.

 

Julius Pacius quitte le collège des arts et se retire à Montpellier. Les habitants de Nîmes font leurs efforts pour le retenir, mais inutilement. Ils font venir d'Orange un recteur, et fixent ses gages et ceux des régents. (1600)

 

Tout ce que la ville de Nîmes avait fait en faveur de Julius Pacius, pour le retenir en qualité de recteur du collée des arts, ne put avoir de stabilité, soit par les obstacles qu'y apportèrent les officiers du présidial qui parvinrent, comme on a déjà vu, à faire casser le traité qu'on avait fait avec lui, soit par les dégoûts que ce procédé lui causa. De manière que ce savant prit enfin le parti de se retirer et de passer à Montpellier. Les habitants de Nîmes ne laissèrent pas de faire encore des efforts pour l'en détourner. On tint pour cela un conseil de ville extraordinaire le mercredi 20 de septembre de la même année 1600, dans lequel on chargea de parler sur ce sujet à Pacius, trois avocats qui furent :

 

Rostain-Rozel, assesseur, Jacques Davin, et Claude Blisson, et cinq autres particuliers, savoir :

 

Tristan Brueis, sieur de Saint-Chaptes, Jean Boileau, sieur de Castelnau ou Chateauneuf, Antoine du Prix, Vidal Martin et Guillaume Rouergat.

 

Ces députés étaient chargés de ne rien négliger pour engager Julius Pacius à demeurer dans Nîmes, et en cas qu'ils ne pussent le gagner, ils eurent pouvoir d'eu mettre un autre à sa place ; de pourvoir aux classes publiques, et d'y mettre et installer des sujets convenables. Ils agirent en conséquence, mais fort inutilement a ce qu'il parait.

 

En effet, on fut obligé de chercher ailleurs un recteur. Le sieur de Castelnau alla à Orange pour cela et emmena le sieur d'Aubuz, qui fut présenté aux députés nommés pour le fait du collège, le mercredi 18 d'octobre suivant. L'assemblée à laquelle assista Daniel Calvière, lieutenant criminel, convint d'un traité avec d’Aubuz.

 

Il fut arrêté qu'il aurait la charge de principal du collège, et qu'il se chargerait d'une leçon de professeur public en philosophie, moyennant six cents livres de gages par an, son habitation et celle de sa famille et des pensionnaires, dix écus pour les frais de son voyage et de sa famille et pour le transport de ses meubles d'Orange à Nîmes.

 

On nomma en même temps les professeurs, les régents et les suppôts du collège.

 

La logique fut donnée à de Bous.

La première classe, qui était alors fermée, à d’Aubuz, pour la faire jusqu'à ce qu'on eût trouvé un sujet capable.

La seconde classe à Chrétien.

La troisième à de la Place, docteur ès droits.

La quatrième à Rhossantz.

La cinquième a Rally.

La sixième à du Ceau.

La septième à Mayol, en qualité d'écrivain, et enfin on établit un portier. On fixa aussi les gages des uns et des autres, qui montèrent en total à la somme de deux mille trois cent cinquante livres, savoir, outre les juges de section, trois cents livres pour la logique, ainsi que pour la première classe, deux cent cinquante pour la seconde, deux cents pour la troisième, cent cinquante pour chacune des autres, et cent livres pour le portier. Ces gages devaient être payés d'avance par quartiers, à commencer du 1er, de ce mois d'octobre.

 

On rétablit l'ordre dans le collège de Nîmes pour le cours de philosophie. (1601)

 

Le 10 de ce mois d'août on tint à Nîmes dans le collège une assemblée nombreuse, composée des principaux habitants, magistrats, avocats et autres, pour concerter sur l'état de ce collège, et chercher les meilleurs expédients qui pussent en faire revivre la discipline, et servir à l'institution de la jeunesse.

 

On s'attacha surtout à remettre l'ordre dans le cours de philosophie. Il fut arrêté que ce cours serait de deux ans, et conduit par deux professeurs, que l'un d'eux enseignerait, la première année, la logique, la morale et la politique, que l'autre expliquerait la seconde année, la physique, la métaphysique et une partie des mathématiques, et que chacun d'eux enseignerait quatre heures par jour, savoir deux heures le matin et deux heures l'après-midi. Ce règlement fut autorisé par le conseil de ville général le dimanche 12 du même mois d'août.

 

On tâche inutilement de ravoir à Nîmes Julius Pacius pour principal du collège des arts. On donne cette place à Pierre Cheinon, avocat. (1603)

 

La place de principal du collège des arts de Nîmes, qu'avait occupée le sieur d'Aubuz, ne tarda pas à vaquer. Ce principal demanda à se retirer pour retourner à Orange, d'où on l'avait fait venir. On s'était flatté de ravoir Julius Pacius, qui avait eu quelque différend avec ceux de Montpellier, et qui paraissait désirer de revenir à Nîmes.

 

Dès le mois de mai et de septembre précédents, on avait négocié son retour. Mais on ne put pas tomber d'accord sur le prix de ses gages. La ville ne voulut pas les lui assigner aussi forts qu'il les demandait. De manière que le vendredi 17 de ce mois de janvier elle traita avec Pierre Cheinon, docteur et avocat, et lui confia la charge de principal, aux gages de six cents livres par an.

 

Tentatives des habitants de Nîmes pour attirer Isaac Casaubon dans le collège des arts de cette ville. Thomas Dempster y occupe une place. (1605)

 

Le zèle des habitants de Nîmes pour le soutien du collège des arts, leur fit concevoir le désir d'y arrêter le célèbre Isaac Casaubon, l'honneur et la gloire des littérateurs de son siècle. Ils lui firent faire la proposition à Paris, où il se trouvait alors par les sieurs de Saint-Félix et Fontfroide, qui étaient allés en cette ville-là pour les affaires du pays. Ce savant y consentit, et demanda sous quelles conditions on voulait traiter avec lui. Les deux négociateurs lui dirent qu'on était autrefois convenu avec Julius Pacius sur le pied de dix-huit cents Livres par an, avec son habitation,  moyennant quoi il s'était obligé de faire une leçon de professeur public, et avait pris intendance et rectorat du collège, qu'on lui ferait les mêmes conditions, et que, de plus, la ville fournirait à tous les frais de son voyage.

 

De retour à Nîmes, ils rapportèrent au conseil de ville général, qui fut tenu le dimanche 13 de février de l'an 1605 en présence de Daniel Calvière, lieutenant criminel, tout ce qu'ils avaient fait dans leurs négociations. L'assemblée délibéra de continuer d'agir pour faire accepter à Casaubon la place de recteur, d'écrire au roi pour le supplier de le leur permettre, de renouveler à ce savant les offres qu'on lui avait faites, de lui écrire au nom de la ville, pour ce sujet, d'écrire aussi aux députés du pays et aux autres gens de Nîmes qui se trouvaient à Paris, pour les prier d'agir dans cette affaire, tant auprès du roi qu'auprès de Casaubon.

 

De plus, pour en accélérer la conclusion, elle donna un plein pouvoir au sieur Melin, qui se disposait à faire un voyage à la cour, de traiter avec lui, au nom de la communauté, et d'en passer un contrat. Ces mouvements toutefois n'eurent pas le succès qu'on désirait. Nous ne voyons pas que Casaubon ait jamais occupé aucune place dans le collège de Nîmes.

 

On n'avait pas moins d'attention à fournir ce collège de bons professeurs. Thomas Dempster, Ecossais de nation, savant et connu dans la république des lettres, y occupait alors la place de régent de la première classe. Les habitants qui connaissaient toute l'étendue de ses talents, lui donnèrent des preuves particulières de leur bienveillance. Je vois, entre autres, que vers le milieu de mars de cette année 1608, quelques Allemands, qui se trouvaient à Nîmes, l'ayant attaqué, sans que nous sachions l'origine de leur démêlé, la ville prit son fait et cause. II fut délibéré dans un conseil ordinaire, le samedi 15 de ce mois, que les consuls feraient pour lui toutes les poursuites en justice, aux dépens de la communauté.

 

Au reste, Dempster était issu de la noble maison de Mureck, qui a tenu l'un des premiers rangs en la justice d'Ecosse. II sortit fort jeune de son pays, durant les guerres civiles qui désolaient ce royaume. II passa en Italie, et fit ses humanités à Rome. De là, il alla dans les Pays-Bas, et fit sa philosophie à Douai. Ensuite, il vint en France, et l'ayant parcourue, il s'arrêta à Paris, où il fut bientôt connu. Il y eut la première régence dans le collège de Montaigu, et la seconde dans celui de Navarre, avec une grande affluence d'auditeurs. Enfin, s'étant destiné pour le Languedoc, il alla à Toulouse, où il eut la première régence dans le collège de l’esquille. De là, il vint à Nîmes, où l'on lui donna la place dont je viens de parler.

 

Cabale formée à Nîmes, pour destituer Thomas Dempster de la première régence du collège des arts. Il obtient un jugement au présidial, qui i' y maintient. (1606)

 

Thomas Dempster, que les habitants de Nîmes avaient appelé avec tant d'empressement pour régenter la première classe du collège des arts, eut bientôt à essuyer toute l'animosité d'un parti considérable, qui s'éleva et cabala contre lui. Ce parti, soutenu des consuls, en vint môme au point de s'assembler clandestinement en forme de conseil de ville, sur les six heures du matin, et de délibérer de lui ôter la régence qu'on lui avait donnée. Ce qui fit la matière d'un procès que Dempster porta au présidial. L'affaire y fut plaidée avec beaucoup de vivacité par les avocats des parties, le 5 d'août de cette année 1606.

 

Anne Rulman plaida pour Dempster et Fazendier pour les consuls. Sur quoi il fut rendu un jugement présidial, qui, sur les conclusions du procureur du roi, cassa la délibération prise par les consuls, maintint Dempster en sa place de premier régent, et ordonna que toutes les affaires concernant le collège seraient traitées au bureau établi pour cela par les règlements.

 

On nomme Adam Abrenethée pour principal du collège des arts de Nîmes. (1619)

 

La charge de principal du collée des arts de cette ville étant venue à vaquer par la mort du docteur Cheiron, qui l'avait occupée pendant plusieurs années, on la donna à un Ecossais nommé Adam Abrenethée, aussi recommandable par une des plus illustres origines que par un rare savoir. Les habitants l'avaient rait venir de Montpellier, et le mirent en possession de la place de principal le 19 de juin de l'an 1619.

 

On lui donna la somme de trois cent cinquante livres, soit pour le transport de ses meubles de Montpellier à Nîmes, soit pour son service dans le collège depuis ce jour-là jusqu'à la fin de l'année. La première régence de ce collège était alors occupée par le sieur Lautier.

 

Au reste, Adam Abrenethée, qui était né à Edimbourg, capitale de toute l'Ecosse, obtint cinq ans après, des lettres de naturalité en France, il épousa Jeanne Plantavit de la Pause, sœur du célèbre prélat de ce nom, qui, après avoir été ministre, devint un zélé ecclésiastique et remplit le siège épiscopal de Lodève.

 

On rétablit la discipline dans le collège des arts de Nîmes. (1623)

 

On délibéra de plus dans le conseil de ville dont je viens de parler, sur les moyens les plus propres à rétablir la discipline dans le collège des arts de cette ville, qui se ressentait des troubles et de la confusion des guerres.

 

Les consuls furent chargés d'assembler un bureau, afin d'y mettre ordre, et l'on nomma cinq commissaires pour les y assister. Ce collège était alors dirigé par Adam Abrenethée, Ecossais de nation, qui y exerçait la charge de principal.

 
EN SAVOIR PLUS
> Origine du Collège et de l'Université à Nîmes, par M. Gouron.
> L'école de Nîmes de 1566 à 1634 par Léon Ménard.
> Partage du collège des arts de Nîmes entre les jésuites et les religionnaires.
> Les status de l'Université et du collège de Nîmes
> Article Midi Libre du 11 décembre 2005
 
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