les
rois mages
Vous écoutez "La Marche des Rois".
L'auteur des paroles n'est autre
que Joseph Domergue, curé doyen d'Aramon de 1691 à 1728, mort à Avignon
en 1729.
Elle a été publiée pour la
première fois en 1763 dans un recueil de noëls provençaux de Saboly.
La musique empruntée à la messe
de turenne, est attribuée à Lulli.
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D'après l'Évangile
selon Saint Matthieu :
Jésus étant né à Bethléem de
Judée au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient se
présentèrent à Jérusalem et demandèrent : «Où est le roi des
Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu en effet son astre se lever
et sommes venus lui rendre hommage.» Informé, le roi Hérode
s'émut, et tout Jérusalem avec lui...
Alors Hérode manda secrètement
les mages, se fit préciser par eux la date de l'apparition de l'astre
et les dirigea sur Bethléem en disant : «Allez vous renseigner
exactement sur l'enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi,
afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage.»
Sur ces paroles du roi, ils se
mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à son lever,
les devançait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où
était l'enfant. La vue de l'astre les remplit d'une très grande joie.
Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et
tombant à genoux, se prosternèrent devant lui ; puis, ouvrant leurs
cassettes, ils lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la
myrrhe. Après quoi, un songe les ayant avertis de ne pas retourner chez
Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.
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- Les
rois mages
- d'Edmond Rostand
- Ils perdirent l'Étoile, un soir ;
pourquoi perd-on
- L'Étoile? Pour l'avoir parfois trop
regardée
- Les deux rois blancs, étant des
savants de Chaldée
- Tracèrent sur le sol des cercles au
bâton
- Ils firent des calculs, grattèrent
leur menton
- Mais l'étoile avait fuit, comme
fuit une idée
- Et ces hommes dont l'âme eut soif
d'être guidée
- Pleurèrent, en dressant des tentes
de coton
- Mais le pauvre Roi noir, méprisé
des deux autres
- Se dit "pensons aux soifs qui ne
sont pas les nôtres,
- Il faut donner quand même à boire
aux animaux"
- Et, tandis qu'il tenait son seau
d'eau par son anse
- Dans l'humble rond de ciel ou
buvaient les chameaux
- Il vit l'Étoile d'or, qui dansait
en silence.
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Dessin de Rol. Rapin, artiste
peintre
> pages de Roland Rapin
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Voici 3
versions des paroles !!!
version
provençale.
- De - matin,
- Ai rescountra lou trin
- De tres grand Rei qu'anavoun en
voiagi ;
- De - matin,
- Ai rescountra lou trin
- De tres grand Rei dessu lou
grand camin :
- Ai vist d'abord
- De gardo - cors,
- De gen arma em'uno troupo de
pagi,
- Ai vist d'abord
- De gardo - cors,
- Touti dauras
dessus sei justaucors.
- Lei drapeou
- Qu'eroun segur fort beou,
- Ei ventoulet
servien de badinagi ;
- Lei cameou,
- Qu'eroun segur fort beou,
- Pourtavoun de bijou touti nouveou ;
- E lei tambou,
- Per
faire ounour,
- De tems en tems fasien brusi
soun tapagi ;
- E lei tambour,
- Per
faire ounour,
- Batien
la marcho chascun a soun tour.
- Dins un
char
- Daura
de touto part,
- Vesias
lei Rei moudeste coumo d'angi ;
- Dins un
char
- Daura
de touto part,
- Vesias briha
de riches estendard ;
- Ausias
d'aubois,
- De bellei vois
- Que de moun Diou publicavoun lei
louangi ;
- Ausis
d'aubois
- De bellei vois
- Que disien d'er d'un amirable
chois.
- Esbahi
- D'entendre aco d'aqui,
- Me siou rangea per veire
l'equipagi ;
- Esbahi
- De veire aco d'aqui,
- De luen en luen leis ai toujour
segui ;
- L'astre brihant
- Qu'ero davan,
- Servie de guido, en menant lei
tres Rei Magi ;
- L'astre brihant
- Qu'ero davan,
- S'arreste net quant fougue vers
l'Enfant
- Soun
intra
- E se soun prousterna,
- A douei ginoux, li disien sei
priero ;
- Soun
intra
- E se soun prousterna,
- Davant lou
Rei qu'es nouvelament na ;
- Gaspard d'abord
- Presento
l'or,
- E dis : Moun Diou, sias lou
soulet Rei de gloiro ;
- Gaspard d'abord
- Presento l'or,
- E dis pertout que ven cassa la
Mort.
- Per present
- Melchior oufre
l'encen,
- En li disent : Sias lou Diou
deis armado ;
- Per present
- Melchior oufre
l'encen ,
- Disent : Sias Rei, et sias Diou
tout ensen,
- La paoureta,
- L'umilita,
- De vousto amour soun lei provo
assegurado ;
- La paoureta,
- L'umulita
- N'empachoun pas vouesto Divinita.
- Quant a iou,
- N'en plouri, moun bouen Diuo !
- En sangloutant vous presenti la
mirro ;
- Quant a iou,
- N'en plouri, moun bouen Diou !
- Li dis Balthasard, pu mouart que
viou ;
- Un jour, per nous
- Sus uno crous,
- Coumo mourtaou,
fenires mouesti miseri ;
- Un jour per nous,
- Sus uno crous
- Deves mourri
per lou salut de tous !
- Au-jour-d'uei,
- Es adoura dei Rei,
- E bateja dei man de Jan Batisto ;
- Au-jour-d'uei,
- Es adoura dei Rei,
- Tout l'univers se soumete a sa
mei.
- Dins un
festin,
- Rende l'aigo en vin :
- Aqueou
miracle es segur ben de requisto ;
- Dins un
festin,
- Rende l'aigo en vin :
- Nous
manifesto
soun poude divin
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première
version française
Trois
grands rois,
Modestes
tous les trois,
brillaient
chacun comme un soleil splendide;
Trois
grands rois,
Modestes
tous les trois,
Étincelaient
sur leurs blancs palefrois.
Le
plus savant
Chevauchait
devant,
Mais,
chaque nuit, une étoile d'or les guide;
Le
plus savant
Chevauchait
devant;
J'ai
vu flotter sa longue barbe au vent.
M'approchant,
Je
pus entendre un chant
Que,
seul, chantait un page à la voix fraîche
M'approchant,
Je
pus entendre un chant;
Ah!
qu'il était gracieux et touchant!
Où
vont les trois
Magnifiques
rois ?
Voir
un enfant qui naîtra dans une crèche, Où vont les trois
Magnifiques
rois ?
Fêter
celui qui doit mourir en croix.
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deuxième
version française
De
bon matin, j'ai rencontré le train
De
trois grands Rois qui allaient en voyage
De
bon matin, j'ai rencontré le train
De
trois grands Rois dessus le grand chemin.
Venaient
d'abord Des gardes du corps,
Des
gens armés avec trente petits pages,
Venaient
d'abord Des gardes du corps,
Des
gens armés dessus leurs justaucorps.
Puis
sur un char doré de toutes parts,
On
voit trois Rois modestes comme des anges,
Puis
sur un char doré de toutes parts,
Trois
Rois debout parmi les étendards.
L'étoile
luit Et les Rois conduit
Par
longs chemins devant une pauvre étable,
L'étoile
luit Et les Rois conduit
Par
longs chemins devant l'humble réduit.
Au
Fils de Dieu qui naquit en ce lieu
Ils
viennent tous présenter leurs hommages,
Au
Fils de Dieu qui naquit en ce lieu
Ils
viennent tous présenter leurs doux vœux.
De
beaux présents, or, myrrhe et encens,
Ils
vont offrir au maître tant aimable,
De
beaux présents, or, myrrhe et encens,
Ils
vont offrir au bienheureux enfant.
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La
Marcho Di Rei
de
Emile de Saint-Auban
extrait
du bulletin du Comité de l'Art Chrétien diocèse de Nîmes,
année
1895, pages 74 à 76
Paris,
25 décembre 1895.
Ce
matin, jour de Noël. j'écris ces lignes - sans doute , hélas !,
bien grises à côté du sujet qu'elles traitent, - dans mon cabinet
parisien, tout embaumé par la mélancolie d'un temps morose qui
suinte et fait la moue.
A
chaque phrase qu'elle esquisse, ma plume s'arrête, pour laisser mes
yeux se reporter vers une prose soleilleuse qui brille comme un
diamant.
Les
facettes de cette prose éclairent le papier, déjà un peu jauni,
d'un journal provençal, daté du ; Dijòiu,
7 de janvié 1892.,
Elle
est signée: Gui de Mount-Pavoun. Elle sourit au bas de la première
page, sous un Noël exquis, où vibre mon pays, le pays vif et clair
que j'aime. La joie superbe du cantique évoque les détails de la
plus étonnante vision :
De
matin
Ai
rescountra lou trin
De
tres grand Rèi qu'anavon en vouiage,
De
matin
Ai
rescountra lou trin
De
tres grand Rèi dessus lou grand camin.
Je
les vois, les trois grands mages, parés d'or, parfumés d'encens,
portant la myrrhe, et je crois les entendre s'avancer mélodieusement,
à travers le lumineux mystère d'une nuit étoilée ! Ils regardent
l'astre qui les guide, et déjà ils approchent de Bethléem qui,
dans mon imagination, ressemble étrangement à Arles.,... Et voici
que mes souvenirs réchauffés entonnent l'air majestueux qui célèbre
la marche royale !...
Cet
air, quel génie musical l'a conçu et l'a écrit ? Telle est la
question que pose et discute l'Aïoli (c'est le nom de mon journal
provençal) ? Qu'au a fa la marcho di Rei
?
Ah
! Que de fois, devant un chef-d’œuvre, elle se pose la question :
Qu'au la fa ?,
. . Souvent, au cours de mon voyage en Allemagne, en face d'un
monument, d'un tableau ou d'une statue, je demeurais muet de surprise
et d'admiration; j'interrogeais mon catalogue afin d'y trouver
l'auteur, et pour tout nom je lisais : Unbekant
- Inconnu !...
Unbekant
! Oh! le sublime artiste ! A lui les
plus radieuses parmi les merveilles qui constituent le patrimoine
immortel de l'humanité pensante et chantante ! Il a fait
l'Imitation,
il a fait la vierge de Nuremberg,
il a fait Nuremberg,
la Ville-Poème, il a fait la Mort de
Marie du musée de Munich, il a fait
les cathédrales, il a fait les solennités, les colères ou les
extases du Plain-Chant, il a fait les refrains délicieux, les ondes
charmantes, les accents naïfs où vibrent les ardeurs, les courages,
la foi de nos pères, il a créé l'atmosphère sonore, picturale et
poétique qui rafraîchit notre berceau, qui pleurera sur notre
tombe...
Unbekant
! l'inconnu ! la force mystérieuse ! l'anonyme inspiration ! Voilà
peut-être les auteurs de la Marcho di
Rei 1 Qu'au l'a fa ?..
Il
suffirait d'entendre et d'admirer. Mais notre âme n'est pas
contente, si notre curiosité n'est pas satisfaite ; et notre esprit,
qu'irrite l'énigme, cherche parmi les hypothèses la source de notre
admiration, comme l'explorateur cherche parmi les solitudes, la
source du peuple lointain.
Qu'au
l'a fa ?
Lulli
- a-t-on prétendu - pour le triomphe de Turenne. On ne comprend
guère - observe avec raison Gui de Mount-Pavoun - que cette Marche
de Turenne ait été à ce point
ignorée des Parisiens ; car ceux-ci ne la connaissent que depuis que
l'Arlésienne de Bizet, dont elle est devenue le principal leitmotiv,
la leur a révélée.
Pourquoi
ne pas admettre une autre paternité infiniment plus vraisemblable ?
Notre
Noël des Rois est signé dans tous les recueils :
Domergue,
Decan d'Aramoun.
Quel
était ce Domergue, et quand vivait-il ?
M.
L. Valla, curé actuel d'Aramon, qui aime à fouiller le passé, à
interroger les archives, et à qui les papiers jaunis font de
suggestives réponses, a trouvé un acte de décès, lequel pourrait
bien s'appliquer à l'auteur de notre Noël :
"L'an
que dessus - (1728) -- et le second du mois d'avril, décéda dans la
ville d'Avignon messire Joseph-François Domergue, prêtre et curé
de cette ville d'Aramon, docteur en sainte Theologie, âgé de
trente-sept ans. Son corps fut inhumé dans l'église du vénérable
Chapitre de l'église de Saint-Didier de la ville d'Avignon. Signé:
Bermond, prêtre."
Sur
le registre, cet acte de décès est tout enguirlandé de laurier
(dessin à la plume), et seul, il est gratifié de ce poétique
ornement qui semble rappeler quelque noble conquête de l'art.
M,
l'abbé Valla, ayant collationné les actes paroissiaux antérieurs à
1728, a constaté que le premier acte, signé du curé Domergue, est
du 28 mars 1724, et que le dernier porte la date du 14 septembre 1727
; il en conclut que son prédécesseur, à partir de cette époque,
dut, sans doute, pour raison de santé, se retirer à Avignon, où il
mourut l'année suivante.
De
tout cela , il ressort que le Noël des Rois a été composé par le
curé Domergue, lorsqu'il était doyen d'Aramon , entre 1724 et 1728.
Pour
moi, j'en suis ravi. Vous en saurez la cause, quand je vous aurai dit
que je suis presque un enfant d'Aramon, où je vais passer mes
automnes. Le génie du curé Domergue chatouille très flatteusement
ma fibre patriotique, et je suis charmé que la vue de mes collines,
dont j'aime les grisailles transfigurées par le soleil, ait inspiré
l'un des thèmes les plus séduisants que j'ai jamais entendus.
Émile
de Saint-Auban, 1895.
- _________________________________________________________________________________________
-
- Extrait
de
- Miettes de l'histoire de Provence
- de
Stéphen d'Arve, 1902.
- La
Marche des Rois
-
- De
matin,
- Ai
rescountra lou trin
- De
tres grand Rei
- Qu'anavon
en vouiagi.
-
- -oOo-
-
- Quel
est l'Auteur de l'Œuvre ?
-
- Cette
fête si provençale, la dernière et la plus
solennelle de la métropole qui nous a fourni tant
d'intéressants souvenirs, attire chaque année des
curieux de tous les points de la région. Elle tarde à
se démoder comme tant d'autres traditions de notre chère
Provence, et c'est chaque année une agréable et
nouvelle surprise.
- Nous
lui devions une place d'honneur dans ces annales et nous lui avons
réservé le dernier chapitre de la première
partie de ce volume. Mais avant de poursuivre la description
technique et la vraie mise en scène de l'oeuvre, nous avons à
ouvrir une large parenthèse pour faire place a une question
qui se dresse à chaque anniversaire de cette solennité,
sous ce titre provoquant et suggestif :
-
- Qui
a fait la «Marche des Rois » ?
-
- Un
vrai tonneau des Danaïdes que cette question, tonneau sans fond
dans lequel chaque controversiste apporte en pure perte son seau,
toujours absolument vide de sérieux arguments.
- Et
chaque année depuis bientôt seize ans de la première
édition de ce volume ; après de patientes recherches
sur les objections diverses présentées, je n'ai éprouvé
nul besoin de changer d'avis sur ma première opinion, si
simple, si naturellement vraie.
- Le
curé doyen d'Aramon, Domergue, est-il l'auteur des paroles du
célèbre Noël qui sert d'épigraphe à
ce chapitre et de texte à la Marche des Rois ?
- -
Oui, incontestablement.
- -
Peut-on lui attribuer la musique aussi ?
- -
Non, trois fois non ; car Domergue n'était pas plus musicien
que le menuisier Peyrol, que Puech et d'autres qui ont adapté
des Noëls par eux composés sur des airs connus, anciens
ou nouveaux. Domergue n'a pas une ligne dans le grand dictionnaire
des musiciens de Fétis, pas plus d'ailleurs que dans Larousse
comme poète ; et le digne homme vous le dit lui-même en
écrivant tout simplement en tête de son oeuvre : «
Air de la Marche de Turenne », car, c'est
incontestablement une marche, une marche militaire bien
caractérisée ; vous n'avez qu'à vous en
assurer en faisant siffler devant vous l'air sur un fifre et en
scandant les mesures sur un ou plusieurs tambours.
- Il
n'y a que deux phrases dans l'air , et ce qui prouve encore mieux que
l'air existait avant la confection du poème, c'est la
difficulté qu'a éprouvé l'auteur de plaquer les
paroles sur la seconde phrase où elles doivent être
légèrement contorsionnées par le débit.
- Le
curé Domergue mourut en 1728, quarante ans après Lulli,
l'auteur prétendu de la Marche de Turenne. Et nous ne voulons
rien affirmer sur ce point qui doit, pour un moment, être
éloigné du débat; mais le poète
connaissait évidemment l'air de cette marche, puisqu'il
indique que c'est sur cet air qu'il faut chanter sa composition.
- Les
éditeurs, qui imprimèrent dix, quinze ou vingt ans
après sa mort, des recueils de Noëls, Séguin,
Aubanel à Avignon, Pontier à Aix, Mossy à
Marseille, répètent tous l'indication « air de
la Marche de Turenne », aucun n'en publie la musique; l'air
était donc bien connu, il suffisait de l'indiquer.
- Et
comment le poète connaissait-il cet air au fond d'un village
du Comtat ?
- Pourquoi
n'aurait-il pas été rapporté par un des soldats
de l'armée de Turenne, où nombre de Provençaux
avaient été enrôlés pendant les campagnes
du Roussillon et des Cévennes ? Demandez plutôt au petit
pâtre que vous rencontrerez dans une excursion sur les cimes
alpestres, en l'entendant siffler la marche bien célèbre
aussi dans sa banalité de la Casquette au père
Bugeaud, s'il connaît l'auteur des paroles et de la musique
et qui lui a appris cet air ?
- Et
dans un siècle ou deux, si les tambours de nos régiments
ont cessé de battre cette marche ou ce pas accéléré,
si on retrouve dans un vieux recueil de chansons sur lequel nos
petits-neveux puissent lire : Air de « As-tu eu ! la
casquette ! la casquette ! » les mêmes dissertations
ne pourront-elles pas se produire ?
- M.
Henri Maréchal, inspecteur du Conservatoire, auteur de l'opéra
de l'Opéra Calendal, a déclaré à Mistral
qui le consultait à ce sujet, n'avoir rien trouvé dans
la bibliothèqûe du Conservatoire et ne voit dans
l'indication de l'air que la fantaisie d'un auteur désireux
de donner un titre ronflant à son œuvre, et il ajoute que
le cas est fréquent dans les airs populaires. Mais Mistral ne
s'est pas déclaré convaincu avec cette déduction
par trop hardiment spécieuse.
- Castil-Blaze,
un bien érudit chercheur, n'hésite pas à
attribuer l'air à Lulli ; on ne prête qu'aux riches :
Nous serons moins affirmatif et sans avoir la preuve que le musicien
génial, qui dirigeait à la cour de Louis XlV le groupe
des petits violons du roi, ait composé cette marche et qu'elle
ait précédé le cortège du grand capitaine
dans sa rentrée à Paris plus ou moins solennelle ; ce
qui ne résulte d'ailleurs d'aucune chronique de l'époque,
nous ne nous refusons pas à admettre que cet air fut un de
ceux adoptés par la musique régimentaire du grand
capitaine, orchestre très simplifié de fifres et de
tambours pour l'infanterie, les trompettes, alors comme aujourd'hui,
étant déjà l'apanage exclusif de la cavalerie.
- Mais
pourquoi cet air ne se trouve-t-il pas dans les archives du
Conservatoire ? ce qui étonne spécialement M. Maréchal.
- Avant
de démontrer la simplicité presque banale de ce déficit
dans les dites archives, nous trouvons une aussi simple explication
de la trouvaille du curé d'Aramon qui n'était pas
musicien, nous en fournirons bientôt une nouvelle preuve.
- Le
bon curé n'avait-il pas pu entendre chanter ou siffler le dit
air par un des soldats de l'armée de Turenne, de retour dans
ses foyers à Aramon ? un des fifres ou un des tambours du
régiment qui avait cette marche dans son répertoire ?
- M.
Laforgue, avocat marseillais, qui a, comme tant d'autres, apporté
son seau à ce tonneau des Danaïdes, dit qu'il ne faut
point demander à Paris des documents sur la matière et
voudrait que le dit air fut provençal.
- M.
Cargier de Lourmarin voudrait qu'on dirigea les investigations
vers la ville d'Aix, soit aux archives de la maitrise, soit à
la bibliothèque Méjanes; nous lui réservons une
réponse stupéfiante.
- M.
Vincent, membre érudit de l'Académie de Marseille, qui
a repris naguère la même thèse, réserve
toute opinion contradictoire et se borne â désirer qu'un
fureteur patient puisse établir d'une façon certaine
l'état civil de la vénérable marche et bien
mériter ainsi de l'art provençal.
-
- -oOo-
-
- Devant
cette question lancinante par sa persévérance
chronique, ce point d'interrogation spectral, j'ai repris, avec
ma lanterne, le chemin de la mine et recommencé les fouilles
en appelant, à mon aide le très dévoué
maitre de chapelle, organiste de la métropole de
Saint-Sauveur.
- Après
avoir écouté avec un bienveillant intérêt
la lecture des pages qui précédent, le maëstro a
trés énergiquement formulé les affirmations
suivantes :
- «
Vous ètes absolument dans le vrai, ce n'est pas
l'auteur
des paroles qui a fait l'air. Cet air a cela de particulier qu'il est
écrit dans le mode mineur bien qu'il présente un
caractère majestueux et triomphal que n'a pas ordinairement ce
mode. II est donc plus que probable qu'il a eu pour auteur un maitre
de l'art comme l'était le surintendant de la musique du roi.
- Saboly
était certainement aussi capable de concevoir cette
remarquable inspiration; mais comment supposer que le régiment
de Turenne eût emprunté la dite marche à un de
ses Noêls ? J'aime mieux croire que le bon curé
d'Aramon, après avoir composé son Noël, ait
emprunté cet air de marche se prétant à sa
poétique composition.
- La
généalogie de la première exécution à
grand orchestre, à la métropole est difficile à
établir. L'organiste Supriès l'at-il inaugurée
avant la Révolution et la tenait-il de ses prédécesseurs
Pellegrin ou Delpadré, dont les noms sont restés dans
une très nébuleuse tradition ? C'est probable et mème
à peu près certain bien qu'aucun document d'archives ne
le consacre. Ce qui est plus certain, c'est qu'il n'y a jamais eu
comme partition connue que celle que Charbonnier avouait avoir
reconstituée de souvenir en modifiant l'orchestration au fur
et à mesure de l'introduction d'instruments modernes, les
pistons, les saxhorns, les ophicléides remplaçant tour
à tour les clarinettes, les cors et autres instruments
démodés. J'ai dû en faire autant moi-même,
quand je recueillis la succession de Charbonnier qui emportait dans
sa retraite prématurée toute la partition orchestrée.
- Il
est inutile de raconter les raisons d'ordre intime qui avaient donné
naissance a cette ombrageuse, susceptibilité de Charbonnier
qui survécut huit ans à sa mise à la retraite ou
sa démission prématurée, mais un fait bien
curieux que je n'ai jamais raconté se produisit a la mort de
mon prédécesseur.
- J'avais
quelque droit d'espérer que les partitions seraient léguées
à la maîtrise. Il n'en fut rien. C'est une vieille soeur
de l'organiste qui recueillit cet héritage et le conservait
jalousement, peut-être par ordre.
- L'héritière
mourait à son tour et vous allez voir s'il n'y a pas une
Providence pour les déshérités ».
- A
ces mots, le bon maëstro se lève radieux, tire le rideau
vert d'une bibliothèque et dépose sons mes yeux un
dossier bourré de cahiers de musique sur lesquels je pouvais
lire Marche des Rois.
- «
Voilà, me dit-il, les manuscrits authentiques, si
vous
connaissez la calligraphie de Charbonnier, et vous allez savoir
comment ils sont arrivés dans mes mains : Je traversais, il y
a environ quinze ans, je puis préciser, la place des Précheurs
un jour de marché, je vis émerger d'un lot de
ferrailles quelques feuilles de papier noté, je soulève
le premier feuillet du bout de ma canne et je lis ce que vous pouvez
voir. Je demande au brocanteur le prix du paquet. Vingt sous, si vous
voulez ? Je m'empressai de vouloir sans marchander et j'emportai
triomphant, mais en dissimulant ma joie, le manuscrit authentique.
- Le
trésor que deux défunts dont j'étais moralement
l'héritier naturel le plus direct m'avaient refusé,
je le ramassais pour vingt sous sur un trottoir. »
- -
Très curieuse votre histoire, cher maëstro ! Vous me
permettez de la raconter ?
- -
Pourquoi pas ?
- -
Merci ! C'est. un sérieux argument pour prouver, à MM.
Maréchal, Wekerlin et leurs congénères, pourquoi
tous les précieux manuscrits de musique ne vont pas à
la bibliothèque du Conservatoire.
- Habent
sua fata libelli !
-
- -oOo-
-
- L'Exécution
de la Marche des Rois
-
- Il
est temps de reprendre la description technique.
- L'immense
vaisseau de la métropole et ce que nous pourrions justement
appeler ses dépendances, car les nefs latérales sont
entièrement isolées de la principale, offriraient trois
fois plus d'espace, quelles seraient encore bondées de curieux
auditeurs aux vêpres de la fête de l'Epiphanie.
- Nous
disons auditeurs, car il n'y a ici qu'a entendre et nombre de
retardataires, forcément accumulés dans le fond d'une
nef latérale, nous ont affirmé que les grandioses
effets de cette orchestration puissante offraient encore plus
d'illusion dans le fond de ces nefs où se tasse la foule
avide, jamais rassasiée de l'imposant effet du Noël
auquel une marche guerriére a servi de thème musical.
- L'ingénieux
adaptateur des paroles du Noël sur cet air martial ne se doutait
pas certainement de l'énorme effet que pourrait produire à
plus d'un siècle et demi de distance, l'air qu'il avait choisi
pour chanter sa poésie presque banale de simplicité.
- Cette
exécution a toujours été le triomphe des divers
organistes de Saint-Sauveur, bien que l'adjonction d'une
orchestration puissante double ses effets. Les instruments à
cordes qui, dans le principe, appuyaient seuls les sonorités
bruyantes des bugles d'étain mis en jeu par les pédales
de l'orgue, ont été renforcés et même
presque entièrement remplacés par les instruments de
cuivre, cors, saxhorns et cornets. Nos petits-neveux verront
peut-être introduire les trompettes célébres de
la marche d'Aïda.
- Après
le chant du Magnificat dont les versets sont
rythmés
sur autant d'airs de Noëls, comme nous l'avons déjà
dit dans un précédent chapitre, l'orgue prélude
par un pianissimo savamment gradué dans les
premières
mesures aux plus douces transitions qui laissent percer, à
certains passages, les langoureuses passades d'une pavane Pompadour,
conduisant graduellement à un crescendo furioso,
transformant en crépitations de mitrailleuses les suaves
accents des premières notes.
- Cette
marche savamment orchestrée donne, dans sa graduation,
l'illusion d'un lointain cortège qui s'avance et l'effet en
est si réel qu'il n'est pas rare d'entendre des mères
dire à leurs petits enfants dans le naïf et suave idiome
de Provence ; « Ecoute bien comme ils approchent, ils
ont dépassé la colline de Saint-Eutrope, Ici raqui !
Les voilà ! qui passent la porte Notre- Dame, et nombre de
tètes enfantines se tournent vers la porte de la grande nef,
au moment où le crescendo de la marche royale a
atteint
son maximum d'intensité, pour voir entrer le cortège
imaginaire, mais l'effet d'illusion est réellement
atteint.
- L'entrée
et l'arrivée des rois â l'étable de Bethléem
est souligné par les retentissements tonitruants de la grosse
caisse et des cymbales, et le symbolisme catholique ajoute un effet
de plus à cette station royale devant le Roi des rois.
- L'astre
qui a conduit la caravane du fond de l'Orient doit s'arrêter,
d'après la tradition évangélique, sur l'humble
logis de la crèche, et au même instant on voit flamboyer
sur le maitre-autel de la métropole une gigantesque étoile,
dont une trainée de mèche fulminante enflamme
immédiatement tous les rayons.
- Cette
fantastique improvisation est un peu renouvelée des fêtes
chinoises et vénitiennes, mais l'à-propos de
l'imitation nous permet une très louangeuse approbation.
-
- -oOo-
-
- C'est
le moment choisi par l'organiste pour jouer la divine aubade sur un
air très sautillant dont le registre, flûte et galoubet
fournit les principales notes. Il est naturellement accompagné
par le tambourin.
- Un
beau choeur d'hommes entonne ensuite le thème d'adoration,
un christus natus est, aussi magistralement
orchestré
qu'un oratorio d'Haydn.
- Ce
morceau est de Supriés.
-
- -oOo-
-
- A
propos de l'aubade et de son accompagnement par l'instrument
typique si vraiment provençal, on se prend à regretter
qu'une véritable escouade de tambourins ne succède pas
à la bruyante orchestration de la Marche des Rois.
tandis qu'on entend à peine bourdonner l'unique caisse
vibrante que tient toujours entre ses jambes, comme un pauvre
honteux, l'unique tambourineur dédaignant la pose plastique.
- Y
a-t-il jamais eu plus d'un tambourin ? La tradition est muette à
ce sujet, mais il y avait en revanche un bien plus grand nombre de
tambours et trompettes. L'organiste Poncet nous dit avoir conservé
à ce sujet un racontar du sacristain Chavignot, l'homme aux
traditions, affirmant qu'avant la Révolution, on réunissait
ce jour-là les deux tribunes par une charpente ou large jubé,
au centre duquel se plaçait le chef d'orchestre avec une
rangée de bachas de Peyrolles et de Jouques, tapant
à
tour de bras sur cette espèce de tambour ayant une dimension
double de celle du tambourin, mais sans vibrations, rendant l'effet
du coup de canon à distance.
- Vous
devions un rappel à cette tradition. Un trouvera quelques
détails de plus sur cet instrument, aujourd'hui déclassé,
dans le chapitre spécial « Monographie du tambourin
» à la seconde partie du volume.
- "
- Après
la royale aubade et le chant du mollet d'adoration, la caravane des
Mages se remet en marche
et
c'est du decrescendo rinforzado qu'elle redescend
aux
premières mesures du motif, s'éteignant dans le
lointain jusqu'à ce qu'elle disparaisse (pour continuer la
populaire et si expressive figure) derrière la colline de
Saint-Eutrope.
- Nous
avons voulu pointer scrupuleusement le nombre de la reproduction des
deux phrases de la Marche par l'orgue seul d'abord,
et par
tout l'orchestre ensuite. Elle est répétée neuf
fois en crescendo avant l'aubade, et huit fois en decrescendo
après l'aubade, soit en tout dix-sept fois et le changement de
ton et de registre n'engendre aucune monotonie pendant la demi-heure
prise par l'exécution.
-
- -oOo-
-
- «
Elle est très imposante votre solennité de la Marche
des Rois dans votre métropole d'Aix. «
- Cette
appréciation est d'un humoriste respectueux de toutes les
traditions qu'il avait d'ailleurs mission de rechercher ; l'éminent
littérateur Francis Wey, qui fut pendant trente ans président
de la Société des Gens de Lettres, et plus tard
inspecteur des archives de France.
- Francis
Wey avait été amené à Aix dans une de ses
tournées d'inspection à l'époque de la fête
des Rois.
- En
causant un jour, à Chamonix en face du Mont-Blanc qu'il venait
décrire, de nos traditions provençales, il me rappelait
ce souvenir ; me disant avoir trouvé dans cette exécution
grandiose des impressions aussi saisissantes que celles que lui avait
fait éprouver l'audition de la marche de Sémiramis.
- «
Rossini, ajoutait-il, aurait pu s'en inspirer. »
- Et
Francis Wey n'était pas, certes, un enthousiaste; c'était
plutôt un blasé.
-
- -oOo-
-
- Ce
thème musical a d'ailleurs tenté plusieurs maitres ; si
Rossini ne l'a pas connu pour s'en inspirer. Nous en retrouvons
mieux que des souvenirs dans un passage de Gillette de
Narbonne
d'Audran, et il est tout entier, mais fort peu heureusement
transposé, dans l'Arlésienne de Bizet.
- La
Société des Concerts classiques de Marseille, qui vint
dans le courant de décembre 1883 offrir une soirée
harmonique aux habitants d'Aix, crut flatter leurs intincts
patriotiques en mettant à son programme la Marche des
Rois ; mais le thème transposé en majeur ne rendit
point l'effet attendu et valut au chef d'orchestre un superbe
mouvement d'indignation d'un de nos concitoyens, M. de La Calade,
conseiller à la Cour, prématurément retraité,
mais resté un savant mélomane en activité
jusqu'à sa mort toute récente.
- M.
de La Calade assignait aux assises de l'orchestre de Saint-Sauveur,
le jour des Rois, pour le remettre dans le ton, le chef d'orchestre
des Concerts marseillais qui avait ainsi démarqué le
linge de Lulli.
- Paix
à Bizet, il est mort, hélas trop jeune, pour avoir eu
le temps de se repentir. Paix au grand organiste Charbonnier qui eût
été certainement frappé d'apoplexie, si le
supplice de la transfiguration bâtarde de sa belle
orchestration lui avait été imposé.
-
- -oOo-
-
- Une
drôlatique et non moins authentique anecdote doit trouver très
naturellement sa place ici, comme gai corollaire de ce long chapitre
consacré à la Marche des Rois.
- Cette
musique imposante avait fait une telle impression sur un bon curé
de village pendant ses années de Séminaire, qu'il
voulut se donner le luxe d'une reproduction dans une messe à
grand orchestre le jour de la fête patronale de sa paroisse, la
Saint-Eloi.
- Le
village de Mimet, pittoresquement assis sur les plus hauts
contreforts de la colline de Notre-Dame des Anges, sépare le
diocèse d'Aix de celui de Marseille. Cette paroisse, une des
plus infimes du diocèse d'Aix, comptait à peine 300
âmes à l'époque de notre histoire.
- L'abbé
Massé, un des premiers prêtres ordonnés après
le Concordat était le curé de ce village. Très
digne prêtre, mais d'une simplicité monumentale (elle
est restée légendaire), s'imagina qu'il n'y avait
qu'à se procurer des instruments pour former un orchestre.
- Il
partit pour Marseille et s'en fut décrocher chez les fripiers
de la rue Belzunce, tout ce qu'il trouva de violons fëlés,
de trompettes bosselées, de clarinettes enrhumées, et
ajoutant au stock une grosse caisse et des cymbales, il arriva avec
sa charrette chargée de ce matériel lyrique (??) et
s'empressa de convoquer ses paroissiens auxquels il tint ce langage:
- «
Anan veiré, meis enfants, se pouren pas coumo à
San-Sauvaire fairé péta dé bello musiquo ! »
- -
Nous allons voir, mes enfants, si nous ne pourrons pas. tout comme à
Saint-Sauveur, faire éclater de la belle musique !
- Il
distribue les rôles. Les partitions n'avaient rien à
voir dans l'affaire ; les exécutants improvisés
apprennent tant bien que mal à râcler sur les cordes, à
souffler dans les cuivres, à taper sur les peaux, et l'abbé
ravi de ce bruit, qu'il essayait de régler en battant la
mesure, fait ranger son orchestre dans le choeur le jour de
Saint-Eloi, pour la cérémonie de la bénédiction
des bestiaux.
- Après
le Credo, avant l'Offertoire, il
se retourne et
étendant les bras il lance le solennel aro ! ! «
à présent ! »
- Les
grincements, les émissions stridentes des trompettes, les
vibrations des cymbales font trembler les voûtes de la petite
église, et ce qu'on n'avait pas prévu, les animaux
rassemblés devant le porche, effarouchés par ce vacarme
infernal, le doublent par des beuglements, des bêlements et des
grognements indescriptibles ; les femmes prennent peur et se sauvent.
La prétendue messe en musique se termina par une effroyable
déroute.
- Le
curé ne se tint pas pour battu et se contentait de dire :
- «
L'y avié tro d'instrument per lou veisseou qu'es pas
tant
grand que San-Sauvairo. »
- -
Il y avait un peu trop de musiciens(??) pour la capacité du
vaisseau qui est moins grand que Saint-Sauveur.
-
- -oOo-
-
- Ce
n'est là qu'une des cent et une histoires de curé
Massé, il y en a de non moins curieuses.
- Ce
brave homme est mort il y a cinquante ans, dans une petite maison du
cours Sainte-Anne, à Aix, laissant à ses héritiers
un pauvre vieil âne dont il n'avait jamais voulu se séparer
(touchante sympathie !), et qu'il avait trouvé le
moyen
de nourrir avec des sarments; cette dernière affirmation
nous semble moins authentique.
-
- -oOo-
-
- Le
mot célèbre du curé de Mimet organisant
uneprocession composée de trois personnes présentes, et
qui réglait ainsi la marche du cortège :
- «
La croix passera seule en tête, le clergé après
et les fidèles suivront en foule. »
- Ce
mot n'est pas de lui mais d'un de ses prédécesseurs
avant la Révolution, car on parlait déjà â
cette époque de la procession de Mimet, un village qui avait
alors 80 habitants.
-
- -oOo-
-
- Une
dernière et toujours dans le même cadre, celui des rois
Mages.
- On
prête encore â un curé de Mimet le sermon suivant
le jour de la fête des Rois.
- «
Vous savez, mes frères, que nous célébrons
aujourd'hui la fête de sainte Epiphanie, qui était la
mère des trois rois. Il y en avait deux de blancs comme nous,
mais le troisième était noir (Mourou). Il parait
qu'elle s'était frappée pendant sa grossesse de la vue
d'un nègre qu'elle avait rencontré. Ah ! les saintes
ont le droit de se frapper comme tout le monde ! »
- L'inventeur
de cette histoire qui l'a prétée si gratuitement au
curé de Mimet, on ne prête qu'aux riches, était
certainement un spirituel original.
-
- Extrait de « Miettes de l'histoire de Provence
»
- de
Stéphen d'Arve, 1902.
-
Documentation
Philippe Ritter - Edition NEMAUSENSIS.COM - Décembre 2007
-
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