- LES FRERES GARDIENS
- A LA PRISON CENTRALE
DE NÎMES
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- de 1842 à 1845
- M. le Chanoine François Durand,
1907
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- Nota : Ce récit est tiré d’un fascicule publié
par l’évêché de Nîmes en date du 15 juin 1907, il est intitulé, Les écoles
des frères à Nîmes de 1754 à 1907. Les commentaires sont ceux d’un
religieux guidé par sa croyance. Mais ce récit comporte des renseignements
intéressants, c’est un volet inconnu de l’histoire de notre ville qui nous
est dévoilé…
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- Le succès des frères auprès des enfants du peuple,
persuada à l'administration des prisons que l'influence de ces maîtres
chrétiens obtiendrait des résultats semblables auprès des détenus. C'était
une erreur, Dieu donne à chaque institution religieuse de son Église, une mission
et des grâces spéciales pour la remplir, comme il départit à certaines
plantes de choix leur parfum et leur vertu médicinale. Il est bon de ne point
sortir de cette mission.
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- Le 20 janvier 1842, toutes les autorités religieuses,
civiles et militaires se réunissaient à la maison Centrale. On installait
solennellement les frères des Écoles chrétiennes, en remplacement des
gardiens, commis à la surveillance des détenus. Le frère Facile, directeur
des frères de Nîmes, avait accepté la redoutable mission, avec plusieurs de
ses religieux.
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- Bientôt on s'aperçut que les prisonniers résistaient aux frères.
Plusieurs de ces derniers furent frappés. La persuasion par la douceur
n'était pas comprise, elle fut regardée comme une lâcheté par les détenus
pervertis. Un malheur devait ouvrir les yeux du public, il faut en convenir,
un peu trop vite enthousiasmé parles espérances philanthropiques de cette
innovation.
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- Le samedi 11 octobre 1845, un crime horrible fut commis.
Deux détenus surpris en faute grave, par le frère gardien, refusèrent de le suivre
à la cellule destinée aux punitions. Le directeur de la prison intervint.
L'un des deux coupables, Requin, se laissa incarcérer, mais l'autre, nommé
Compagnon, avant de se rendre prétendit avoir oublié son mouchoir à
l'atelier. Le frère Pascal l'accompagna. Compagnon s'empara en cachette d'un
tire-point, puis se retournant vivement il en frappa le frère en pleine
poitrine. La victime s'enfuit épouvantée, le meurtrier la poursuit et
renouvelle six fois le coup meurtrier. La mort fut prompte, un quart d'heure
après le frère Pascal expirait, sans avoir pu prononcer un mot.
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- Compagnon fut jugé en cour d'assises le 27 novembre 1845.
Condamné à mort le meurtrier ne subit sa peine que l'année suivante. Il
avait dix-neuf ans.
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- Quelque temps après ce crime affreux, les frères furent
retirés de la Centrale. Le directeur, frère Facile, fut plus tard désigné par
ses supérieurs, pour fonder des écoles dans l'Amérique du Nord, où il est
considéré comme le fondateur des écoles chrétiennes. Revenu en France, il y mourut.
Les Américains, ses élèves, demandèrent son corps ; il repose aujourd'hui au
pays dont son amour des enfants et de l'enseignement, avait fait pour lui une
seconde patrie.
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- M. le Chanoine François Durand,
1907
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Article
Midi Libre du 6 juin 2004
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