La Michelade Protestante à Nîmes en 1567.
Extrait de l'Histoire de la ville de Nîmes.
Léon Ménard, 1750-1758 - livre XVI, pages 14 à 24


  Ils furent égorgés et leurs corps furent jetés dans le puits de l'évêché.

XVII - Jacques de Crussol notifie aux religionnaires du pays des ordres du prince de Condé, pour prendre les armes.
Les chefs des religionnaires ne laissèrent pas d'envoyer des émissaires dans les provinces, pour disposer les peuples à un soulèvement général. Jacques de Crussol, seigneur d'Acier, frère du duc d'Uzès, arriva en poste de la cour à Uzès le 27 du même mois de septembre, avec des ordres du prince de Condé, pour faire prendre les armes: ordres qu'il notifia á tous ceux de la nouvelle religion dans les lieux où il passa sur sa route, et nommément au Pont-Saint-Esprit. Il les notifia aussi à ceux qui avaient le maniement des affaires des églises réformées du Bas-Languedoc.

XVIII - Ceux de Nîmes s'arment en conséquence et massacrent un grand nombre de catholiques.
Ces ordres n'eurent pas plus tôt été communiqués aux religionnaires de Nîmes que le remuement y fut général. On ne se contenta pas d'y faire tous les préparatifs nécessaires pour se soulever : on y forma encore les projets les plus tragiques, qui tendaient à saper dans ses fondements le culte de l'ancienne religion et détruire les catholiques. Voici-le détail que m'en ont fourni les journaux, les informations et autres monuments du temps :

Il se tint aussitôt une assemblée de quelques-uns des principaux de la ville, dans la maison de Robert le Blanc, seigneur de la Rouvière, juge de la cour royale ordinaire, pour concerter les moyens les plus propres à exécuter ce dessein. Là il fut unanimement délibéré de prendre incessamment les armes. II fut encore convenu d'égorger les prêtres, les religieux et les principaux catholiques qu'on pourrait trouver. Le jour de l'exécution du complot fut fixé au 30 de ce mois de septembre, qui était le lendemain de Saint-Michel. Il faut cependant observer que l'article du projet, qui regardait le massacre, n'avait été convenu et arrêté qu'entre trois de l'assemblée, qui étaient François Pavée , seigneur de Servas ; Pierre Suau, dis le capitaine Bouillargues, et Vidal Poldo Albenas. Ils ne le communiquèrent et ne le rendirent public parmi les principaux religionnaires que le 29 du mois, jour de Saint-Michel. Il y eut, ce jour-là , une seconde assemblée encore plus nombreuse et plus choisie que la première, qui se tint dans la maison de François Pavée , seigneur de Servas.

De plus, il parait qu'il y avait de l'intelligence entre eux et les capitaines, du voisinage. On vit, ce dernier jour, Jean de Cambis, seigneur de Soustelles, frère de François de Cambis, baron d'Alais, se rendre à un endroit, appelé la Croix de la Fogasse, sur le chemin qui va de Nîmes à la Calmette, conduisant avec lui dix hommes à cheval et vingt-cinq à pied, et la avoir une entrevue avec un particulier de Nîmes, appelé la Ramée, commis du garde, des sceaux du présidial, qui s'y rendit de Nîmes, et, après quelques moments d'entretien, reprendre avec sa troupe le chemin d 'Alais.

Enfin, le mardi 30 de ce mois de septembre, sur le midi, on fit prendre les armes aux religionnaires , avec ordre d'arrêter les principaux catholiques dans leurs maisons et partout où on les rencontrerait. Quelques catholiques, mais en petit nombre averti, du complot prévinrent l'orage et sortirent de la ville à la hâte et en grand désordre.
De ce nombre furent Jean de Montcalm, juge-mage de la sénéchaussée, et Jean Albenas, seigneur de Colias, lieutenant principal. On vit le conseiller Honoré Richier sortir, ce jour-là, à une heure après midi, par la porte des Carmes, en robe de palais et prendre le chemin appelé des cinq vies, qui conduit en Provence. Le conseiller Pierre Saurin trouva de même son salut dans la fuite : il monta à cheval à la même heure et sortit à la hâte par la même porte. D'autres allèrent se réfugier dans le château, où il y avait une bonne garnison des troupes du roi. Quelques-uns aussi demeurèrent dans la ville, cachés et déguisés. Le curé de Jonquières, prés de Beaucaire, appelé jean Vincent, qui était venu á Nîmes pour acheter quelques effets, le jour de Saint-Michel, qui est jour de foire en cette ville, fut obligé de se retirer au logis de la Coquille, où il se déguisa en cuisinier, et il en fit les fonctions tout le temps qu'il demeura caché sous ce travestissement. Un particulier, nommé Rouverié, frère du seigneur de Cabrières, se cacha d'abord dans le puits de sa maison, d'où il sortit peu après, et passa par les toits dans celle d'un de ses voisins, où il se tint caché tout le temps que dura l'orage.

A peine le signal du soulèvement eut-il été donné qu'on vit se former plusieurs pelotons de gens armés, qui coururent dans les rues, criant à pleine tête, les uns : Armes ! sarre boutiques ! les autres: Tue les papistes ! monde nouveau ! d'autres : Tue ! tue ! il faut les tuer ! Quelques-uns, dans la vue de ranimer le zèle de cette multitude soulevée, allaient partout, criant à haute voix, que le roi était prisonnier ; que la reine-mère avait été tuée, avec les deux frères du roi, qui étaient Henri duc d'Anjou, et François duc d'Alençon, ainsi que tous ceux de la maison de Guise, qu'ils appelaient Guisards ; que les troupes du parti s'étaient emparées de Lyon et des principales villes du royaume et que tout y était à leur dévotion. Par ces fausses nouvelles, qu'ils donnaient pour certaines, ils avaient tellement enflé le courage des soldats et du peuple que ceux-ci ne respiraient plus que le sang et le carnage.

Ils étaient armés, les uns et les autres, de toutes sortes de pièces. On leur voyait toutes les différentes espèces d'armures qui étaient en usage en ce temps-là parmi les gens de guerre : je veux dire des casques, des morions, des bourguignottes, des cuirasses, des cottes de mailles, des corselets, des targes, qui était une espèce de grand bouclier, dont les fantassins se servaient pour se couvrir tout le corps ; des rondaches et des rondelles, autres sortes de boucliers que les fantassins portaient au bras gauche. Ils avaient pour armes offensives des arquebuses, des pistoles, sortes de petites arquebuses qu'on tirait d'une seule main, des pistolets pendus a leur ceinture, des tances, des hallebardes, des dagues, des piques et des lancegayes, qui étaient plus menues et plus longues que des piques. En un mot, ils n'avaient rien oublié pour se mettre en état de répandre promptement et avec sûreté le sang de ceux qui faisaient l'objet de leur haine.

Dès le commencement de la sédition, les boutiques furent toutes fermées et la ville entière n'était plus qu'une véritable image de terreur et de désolation. Une trentaine de gens armés conduits par Jacques de Possaque, maréchal des logis dans la compagnie de cavalerie du capitaine Bouillargues, se disposèrent d'abord à aller prendre les clés de la ville, qui étaient entre les mains de Gui Rochette, avocat, premier consul. On savait qu'il avait diné, ce jour-là, chez Jean Grégoire, bourgeois, son beau-père. Ce fut donc dans la maison de ce dernier que se rendirent les soldats. Ils frappèrent rudement et à diverses reprises à la porte d'entrée, qui se trouvait fermée. La femme de Grégoire, mère du premier consul, s'étant présentée à la fenêtre, de Possaque lui dit aussitôt, avec des menaces. et des blasphèmes, qu'ils étaient là pour prendre les clés de la ville. Mais cette pieuse mère, qui craignait quelque mauvais dessein contre son fils, répondit qu'elle ne pouvait leur donner les clés qu'ils demandaient, parce que son fils n'y était pas et qu'elle ne savait où il pouvait être. De là, cette troupe se rendit à la maison même du premier consul. On y fouilla partout, jusques dans ses coffres ; mais, comme on ne trouva point les clés, on se contenta de lui enlever ses armes, qui consistaient en une épée, une dague et une halle-barde qu'ils se distribuèrent entre eus.

Le projet portait qu'on s'emparerait des portes de la ville, de crainte que les catholiques, effrayés par tout cet appareil militaire, ne prissent pas la fuite au premier bruit de l'émotion. De sorte qu'on les fit toutes fermer et on y plaça partout des corps de garde, qui eurent une attention extrême à ne laisser sortir aucun catholique.

Cependant le premier consul, aussi zélé pour la foi que pour le service de son prince et pour le salut de sa patrie, se mit en devoir de couper pied à cet incendie naissant. Dés que les soldats eurent pris le chemin de sa maison, il sortit de chez son beau-père, revêtu de son chaperon, et alla dans toutes les rues, accompagné de Robert Grégoire, avocat, son frère utérin, et suivi de trois ou quatre valets de ville, exhorter le peuple à quitter les armes et à se contenir dans les bornes du devoir. Ses remontrances ne produisirent aucun effet et tous lui tournèrent le dos. Voyant que rien ne pouvait calmer cette fureur commune, il alla chez quelques officiers de justice et chez les principaux habitants pour les prier de se joindre à lui et de courir ensemble pour arrêter ces désordres; mais, comme ils en étaient eux-mêmes presque tous fauteurs ou complices, ils refusèrent de seconder ses desseins.

Tout cela ne découragea point ce généreux consul. Il fut trouvé l'évêque : c'était toujours Bernard d'Elbène, et lui raconta, les larmes aux yeux, l'état funeste de la ville et le peu de succès que ses soins et ses mouvements avaient produit. A ce récit, le prélat, voyant que le mal était sans remède, répondit qu'il fallait se mettre en oraison, et s'étant incontinent mis à genoux, il fit sa prière. Tous ceux qui étaient avec lui en firent de même et se recommandèrent à Dieu par des prières mêlées de sanglots et de pleurs.

peine eurent-ils commencé que le capitaine Bouillargues, ayant une pistole d'une main et son épée nue de l'autre, suivi de plus de 200 hommes armés, entra furieux dans l'évêché, après en avoir forcé les portes. Presque tous les catholiques qui s'y trouvèrent se sauvèrent aussitôt et se cachèrent où ils purent. L'évêque se déroba, avec ses domestiques, à ses recherches. Il passa dans une maison voisine, qui appartenait à un conseiller au présidial, nommé André de Brueis, seigneur de Sauvignargues ; il y passa à la faveur d'un trou ou d'une brèche que ce conseiller avait fait faire ce jour-là même et qui répondait dans l'évêché. Il entra par là avec Thomas Mosque, prêtre, son aumônier et Louis de Sainte-Sofie, communément appelé le sieur Ludovico, son maitre d'hôtel. Les autres personnes qui étaient à son service tels que Pierre Journet, jeune clerc âgé seulement de vingt-deux ans, natif et habitant de Nîmes ; Jean Fardeau et le reste de ses domestiques s'y réfugièrent aussi ; mais ils y entrèrent par une petite fenêtre qui donnait sur cette maison.

Le capitaine Bouillargues fit fouiller dans tous les coins de l'évêché. Voyant que sa capture était manquée, il se contenta de le donner au pillage à ses soldats. De tous les catholiques qui s'y étaient trouvé à son arrivée, il n'y eut que le premier consul et Robert Grégoire, son frère utérin, qui furent pris. Ils avaient toujours demeuré à genoux en continuant leurs prières. On les conduisit dans la maison d'un marchand religionnaire nommé Guillaume l'Hermite.

Cette maison et celle de Pierre Cellerier, orfèvre, avaient été choisies pour y renfermer les catholiques qu'on arrêterait. Elles étaient situées l'une près de l'autre dans la rue des Greffes. On avait placé un corps de garde devant toutes les deux, avec des soldats dans les chambres qui gardaient les prisonniers à vue.

Tous le reste de cette journée se passa à arrêter des prêtres et catholiques, qui étaient aussitôt conduits et gardés prisonniers en l'une ou en l'autre de ces deux maisons. De ce nombre furent deux officiers du présidial, savoir : George Gevaudan, avocat du roi, et Pierre Valette, premier procureur du roi. Les gens armés qui faisaient toutes ces captures, étaient des artisans, tels que des ouvriers en soie, des cardeurs de laine, des cordonniers, des savetiers et autres vils ouvriers dans des arts mécaniques. Ils avaient, entre autres, à leur tête, des magistrats et des avocats, qui étaient armés d'épées et de hallebardes et vêtus de cottes de mailles et qui avaient la tête couverte de morions ou de casques.

Rien n'était capable d'émouvoir leur pitié ni de les attendrir; non, pas même les spectacles les plus touchants. On vit le président Calvière et Charles Rozel, avocat, armés d'une épée nue, et suivis d'une troupe de gens portant des arquebuses et des pistoles, conduire prisonnier Jean Bandan, second consul, dans la maison de Cellerier. et cela nonobstant les pleurs et les lamentations de sa femme qui ne l'avait point quitté et qui les conjurait de lui accorder sa liberté. Guillaume l'Hermite étant allé prendre, à la tête d'une de ces troupes, François de Gras, avocat, qui était dans sa maison et qui déjà se préparait à fuir, sa femme se présenta aussitôt à lui, et en pleurant amèrement, elle lui demanda ce qu'on avait à faire de son mari. L'Hermite qui avait d'abord dit à de Gras en entrant, qu'il vint avec lui, qu'on avait à lui parler, répliqua à sa femme qu'il ne lui serait fait aucun tort. Alors de Gras dit : "Il faut aller voir ce qu'on me veut ; Notre Seigneur me gardera ; on ne peut me faire mourir qu'une fois." Mais comme on voulait aussi emmener le précepteur de ses enfants, il les pria de le laisser dans sa maison, ou il n'y avait d'autre homme que lui, pour avoir soin de sept enfants qu'il avait, outre cinq neveux par son frère dont il était chargé. On le lui accorda, mais ce fut sous la promesse que fit le précepteur de ne point sortir de la maison, sous peine de la vie; et incontinent de Gras fut conduit dans la maison de l'Hermite même. Toutes ces captures durèrent jusqu'à la nuit, où l'on avait résolu de commencer Ie massacre général afin de diminuer l'effroi d'un si terrible spectacle. Cependant, une de ces troupes étant allée dans la maison de Jean Peberan, troisième archidiacre de la cathédrale et vicaire-général de l'évêque, n'attendit pas si loin á son égard. Ce prêtre fut la première victime immolée, Louis la Grange. greffier, et quelques autres qui étaient à la tête de la troupe, l'égorgèrent dans sa chambre, à coups de dague et d'épée, dont ils lui donnèrent jusqu'à trois cents coups. Ils lui volèrent environ huit cents écus, et jetèrent son corps par les fenêtres.

Tandis qu'on arrêtait les catholiques de tous côte, et dès le commencement de l'émotion, diverses bandes de religionnaires armés allèrent piller toutes les églises, qu'ils eurent bientôt mises sens dessus dessous. Ceux qui s'emparèrent de la cathédrale, y brisèrent les autels et les sièges des chanoines, abattirent, les croix et brûlèrent ces débris dans l'église même Ils enlevèrent les vases sacrés, les ornements et tout ce qui pouvait leur être de quelque usage. On en fit de même dans les maisons du chapitre, soit du prévôt, des trois archidiacres et du capiscol, soit des prêtres du bas ch?ur ; elles furent toutes saccagées et pillées, de même que l'évêché. Outre cela , ils allumèrent un grand feu devant l'église cathédrale, et y brûlèrent une partie des titres, des dénombrements et des reconnaissances féodales du chapitre qu'ils avaient pu enlever ; l'autre partie fut brûlée dans l'église même et le reste enlevé par divers particuliers, qui allaient partout disant publiquement que les habitants ne payeraient plus de censives au chapitre.

D'autres bandes de religionnaires armés allèrent piller aussi les maisons des catholiques les plus riches ; ils s'attachèrent surtout aux armes et aux denrées. Les maisons de Jean de Montcalm, juge-mage ; de Jean Albenas, lieutenant principal ; de Georges Gevaudan, avocat du roi ; de Pierre Valette, premier procureur du roi, et de Joseph Delon, seigneur de Ners, trésorier ou receveur du domaine de la sénéchaussée de Beaucaire, furent entièrement saccagées et pillées. On enleva à Etienne André, dit Radel, toutes les armes et armures qui furent trouvées chez lui, et, outre cela, tout l'argent qu'il avait dans un coffre fermant à deux clefs, qui consistait en dix-sept cent cinquante livres d'un dépôt fait entre ses mains, et cinq cents livres de son argent propre. Il fut lui-même arrêté et conduit à la maison de Pierre Cellerier, pour être du nombre des autres victimes. Mais sa femme racheta sa vie et sa liberté et paya pour cela mille livres au capitaine Bouillargues.

Sur les neuf heures du soir, on fit faire une proclamation à son de trompe pour enjoindre á tous les religionnaires, soit habitants, soit étrangers, de se rendre promptement en armes dans la place qui est devant l'église cathédrale, avec ordre aux catholiques de demeurer dans leurs maisons, sous peine de la vie. On vit à l'instant s'assembler dans cette place une foule de religionnaires, portant leurs armes et criant hautement qu'il fallait tuer tous les papistes.

Aussitôt après, on alla transférer dans l'Hôtel de Ville, à diverses reprises et par différentes bandes, tous les catholiques qu'on avait pu arrêter pendant la journée. Ils y furent conduits avec des escortes de trente ou quarante religionnaires armés, qui faisaient porter devant eux quantité de torches allumées. On commença d'abord par se saisir de toutes les clefs, et, après avoir cherché les chambres les plus sûres, on mit une partie de ces catholiques dans la salle haute et le reste dans une salle basse où l'on faisait boucherie le carême pour les malades. Ils y furent gardés à vue et l'hôtel de ville demeura investi par des gens armés.

Au bout de deux heures, une troupe de religionnaires au nombre de trente ou environ, armés d'arquebuses ou de pistoles, se rendirent á la porte de l'hôtel de ville. On en détacha deux qui furent chargés d'aller faire descendre ceux des prisonniers renfermés dans la salle haute, qu'on avait destinés pour être les premiers égorgés. Pierre Cellerier , orfèvre, l'un de ces deux, étant entré dans la salle, lut dans une liste qu'il avait à la main le nom de ces premières victimes. C'étaient Gui Rochette, premier consul ; Robert Grégoire , son frère utérin, avocat ; François de Gras, avocat ; le P. Jean Quatrebar, prieur des augustins et prédicateur ordinaire de l'église cathédrale ; le P. Pierre Foucrand, augustin ; le P. Nicolas Sauffet, prieur des Jacobins ; Antoine du Prix, prêtre, et quelques autres. On les fit descendre dans la cour, et de là ils furent conduits à l'évêché. Le P. Quatrebar ne cessa d'encourager les catholiques que l'on conduisait avec lui; il les exhortait à la persévérance, leur disant qu'il voyait les cieux ouverts pour les recevoir. Dès qu'ils furent arrivés dans la cour de l'évêché, ou commença leur massacre. Ce fut à coups de dague ou d'épée qu'on les égorgea. Le premier consul, au milieu des coups de dague qu'on lui donnait, demanda en grâce à ses meurtriers de ne pas faire mourir son frère Grégoire ; mais ce fut en vain, il fut égorgé comme lui. Leurs corps furent ensuite jetés dans un grand puits qui était au fond de la cour, proche du bâtiment. Leurs habits et tout ce qui fut trouvé sur eux furent enlevés. On prit au consul Rochette deux bagues de prix qu'il avait au doigt, et à l'avocat de Gras six cents écus qu'il avait mis sur lui, dans le dessein de prendre la fuite. Leur massacre dura deux heures. On avait placé des gens avec des torches allumées sur le beffroi et aux fenêtres du clocher et sur le couvert de la cathédrale, afin de mieux éclairer tout le lieu de cette tuerie. Après cela, les mêmes qui les avaient menés retournèrent à l'Hôtel de Ville. Pierre Cellerier entra dans la chambre basse et ordonna à Etienne de Rodillan, chanoine, et à Jean Pierre, maitre de musique de la cathédrale, de les suivre jusqu'à l'évêché, leur disant que c'était en conséquence de la délibération qui s'était prise á ce sujet en plein conseil par les messieurs qui gouvernaient. Ces deux victimes obéirent. Ils furent conduits dans la cour de l'évêché. A peine Jean Pierre y fut arrivé qu'on le frappa de divers coups de dague. Il s'écria : "Hélas, je suis mort, je n'en puis plus." Mais il lui fut répondu en langage du pays par un de ceux qui le frappaient : Encare caminaras jusques ou pous. Il fut donc égorgé, de même qu'Etienne de Rodillan, et leurs corps furent jetés dans le même puits. Les mêmes revinrent encore à l'Hôtel de Ville et firent sortir de la salle basse Etienne Mazoyer, chanoine ; Georges Guerinot, cordonnier ; Louis Doladille, ouvrier en soie, et plusieurs autres. Ils étaient à peine entre les deux portes de l'Hôtel de Ville que Jean Vigier, l'un de ceux qui formaient l'escorte , prit Doladille, au collet, lui disant : "Ah galland, tu es ici ! " et à l'instant il lui donna un grand coup d'épée dont il fut grièvement blessé. Dans ce moment aussi, deux autres de cette escorte plaisantant envers le chanoine Mazoyer, lui dirent qu'il n'était pas bien là, qu'ils voulaient le mener á la maison épiscopale où il serait mieux à son aise. On les conduisit donc dans la cour de l'évêché, où ils subirent le même sort que les autres.

Ce fut de cette manière et à diverses reprises qu'on fit passer de l'Hôtel de Ville dans la cour de l'évêché ceux qu'on avait résolu de faire mourir. Remarquons ici que parmi ceux qui les conduisirent ainsi au lieu de leur immolation et qui participèrent par eux-mêmes ou par leur présence à ces massacres, étaient diverses personnes distinguées, armées d'épées , de dagues et d'arquebuses. De ce nombre furent, entre autres, le président Calvière ; Pierre Robert, lieutenant de viguier ; Pierre Suau, dit le capitaine Bouillargues ; François Pavée, seigneur de Servas ; Robert Aymés , seigneur de Blausac ; et quatre avocats , savoir: Guillaume Calvière, fils ainé du président ; Louis Bertrand ; Pierre Maltrait et Pierre de Monteils. Les catholiques ne cessaient, lorsqu'on les conduisait au lieu du massacre, ou lorsqu'ils y étaient arrivés, de lamenter, de crier merci à Dieu, d'implorer son assistance et sa miséricorde; ils demandaient à leurs meurtriers de les laisser prier Dieu avant que de mourir; on le leur accordait, mais bientôt on leur disait que c'était trop prier et on les égorgeait. Les uns furent percé à coup d'épée et les autres tués à coup d'arquebuse et de pistole. Un cordelier, nommé frère Guillaume, fut tué d'un coup d'arquebuse sous l'arbre de la cour de l'évêché. Leurs corps furent tous jetés dans le puits qui en fut presque comblé, quoique très-ample, car il avait plus de sept toises de profondeur et plus de quatre pieds de diamètre ; l'eau toute mêlée de sang y surnageait. Comme plusieurs de ceux qu'on y précipitait n'étaient qu'à demi égorgés, on les entendait pousser encore quelques gémissements, mais d'une voix faible et mourante.

Pendant qu'on faisait cette tuerie, quelques religionnaires exerçant leur rage jusque sur les cadavres, allèrent prendre celui de Jean Peberan, vicaire-général de l'évêque. On l'avait laissé à la rue devant sa maison, exposé à toutes les plus indignes insultes de la populace. Ils le trainèrent avec une grosse corde qu'ils lui attachèrent au col, jusques dans la cour de l'évêché et le précipitèrent dans le puits.

Le massacre, qui avait commencé à onze heures du soir, dura toute la nuit et continua encore tout le matin du lendemain mercredi 1er octobre. On fit, ce matin-là, une exacte recherche dans toutes les maisons des catholiques. Ceux qu'on arrêtait étaient incontinent conduits dans la cour de l'évêché, où on les égorgeait et on les jetait ensuite dans le puits.

Une des troupes qui faisaient ces recherches ce matin formée de huit ou dix soldats armés d'arquebuses avec la mèche sur le serpentin et portant lui morion à leur tête, entra, vers les dix ou onze heures, dans la maison du conseiller de Sauvignargues, où l'évêque était demeuré caché toute la nuit avec ses domestiques. Le chef de la troupe se mit eu état de l'emmener. Alors l'évêque s'adressa au conseiller pour voir si l'on ne pouvait pas l'apaiser moyennant quelque somme d'argent. Sauvignargues en parla à cette troupe, et il fut convenu que l'évêque donnerait cent ou six vingts écus et qu'on lui sauverait la vie ainsi qu'à ceux de ses domestiques qui se trouvaient avec lui : ce qui obligea le prélat, qui n'avait pas cette somme, d'en emprunter une partie de ses domestiques ; Sauvignargues fournit le reste. Non contents de cet argent, les soldats prirent a tous ceux qui étaient avec lui leurs bourses, leurs robes, leurs chapeaux et autres principaux vêtements et les laissèrent en pourpoint : L'évêque fut aussi mis en pourpoint. Après quoi ils allèrent les renfermer dans une cave de la maison. Sur ces entrefaites, il survint une seconde troupe de religionnaires, armés d'arquebuses, de pistoles et d'autres armes, avec un morion à leur tête, qui frappèrent rudement à la porte d'entrée. Les autres ayant refusé de leur ouvrir, ils allèrent dans une maison voisine, appartenant á un apothicaire , nommé Maturin, d'où ils montèrent avec une échelle dans celle de Sauvignargues, jetant à terre les tuiles et faisant sur les toits un bouleversement horrible, comme s'ils eussent pris une ville par force, en criant à pleine tête : Tu, tue les papistes ! De plus, il survint bientôt encore une troisième troupe de gens armés de la même manière que les autres, portant la mèche sur le serpentin. Robert Aymés , seigneur de Blausac, était à la tête de ceux-ci, armé d'une estocade, d'une pistole et d'une rondelle d'acier. tant entré dans la chambre de la femme du conseiller de Sauvinargues, il se saisit de Pierre Journet, jeune clerc, qui s'y était réfugié. Il le frappa d'abord de plusieurs coups de rondelle sur la tête et le fit sortir de cette chambre en le poussant ; il lui donna un coup d'estocade sur le côté droit et un de sa troupe lui en donna un autre sur la cuisse gauche. On le laissa nageant dans son sang et étendu sur les degrés.

Cependant, l'évêque fut découvert et arrêté, ainsi que ses domestiques, qui s'étaient cachés en divers endroits. On les fit aussitôt sortir de cette maison par la porte de derrière, qui donnait sur le carrefour du puits de la grand'Table. Etant à la rue, on arracha à l'évêque avec force les bagues qu'il avait à ses doigts et on lui mit sur la tête une sorte de bonnet à rebras ou repli. Après quoi, on se mit en marche pour pour le conduire dans la cour de l'évêché. Mais à peine fut-on arrivé sur le carrefour du puits de la Grand'Table qu'on égorgea à ses yeux Louis de Sainte-Sofie, son maitre d'hôtel, à qui Aymés, seigneur de Blauzac, donna le premier coup d'épée.

Divers autres religionnaires de la troupe lui donnèrent aussi plusieurs coups d'épée et de dague, dont il fut laissé mort sur le carreau. L'évêque s'était mis á prier Dieu ; mais, après ce meurtre, on acheva de le conduire à l'évêché, où étant arrivé il se jeta á genoux et continua de faire sa prière. Cependant un de la troupe, nommé Jacques Coussinal, se déclara tout à coup pour l'évêque. Il témoigna tant d'ardeur et d'opiniâtreté à vouloir lui sauver la vie, que ses compagnons, qui ne cessaient de crier qu'il fallait couper la gorge à l'évêque de Nîmes comme aux autres, furent contraints de le lui livrer. En sorte que, l'épée d'une main et la pistole de l'autre, il le fit entrer dans la maison des héritiers de Jacques de Rochemaure, lieutenant particulier de la sénéchaussée, et demeura lui-même sur la porte ainsi armé, menaçant de tuer ceux qui s'approcheraient pour attenter á sa vie. Ce prélat demeura renfermé le reste du jour dans cette maison et fut par là garanti du danger.

D'un autre côté, Pierre Journet fut emmené presque mourant dans la cour de l'évêché, auprès du puits. Là, celui qui l'avait conduit commença à le dépouiller et il lui avait déjà découvert le bras droit, lorsque Journet le conjura de lui laisser faire sa prière et recommander son âme à Dieu : ce qui lui fut accordé ; mais à condition qu'il le ferait à la manière des religionnaires. Comme il n'eut garde de souscrire à cette condition et qu'il fit sa prière en bon catholique, on continua de le dépouiller, pour le massacrer et le jeter dans le puits. Il survint alors un soldat portant une hallebarde, qui ému de pitié envers ce jeune clerc, arrêta celui qui le dépouillait, et lui dit que s'il ne le relâchait, il le tuerait lui-même. Celui-ci s'opiniâtra à vouloir égorger Journet, disant qu'il ne le laisserait point qu'il ne l'eût tué. Ce fut une contestation qui dura plus d'une heure. Ils convinrent enfin entre eux deux d'emmener Journet devant le capitaine Bouillargues ; ce qu'ils firent à l'instant. Ce fut là son salut. Il se trouva qu'il était frère de lait de ce capitaine. Ce dernier, le voyant ainsi blessé et couvert de sang. lui demanda qui l'avait réduit dans cet état, disant qu'il voulait en faire justice ; et aussitôt il le fit mener chez son père, Journet y fut malade et en danger de mort durant prés de deux mois, mais il en réchappa. Il fut dans la suite chanoine de l'église cathédrale de Nîmes.

Le massacre cessa sur le midi du 1er octobre. Presque tout le reste des catholiques qu'on avait arrêtés y fut enveloppé. On en retint seulement une quarantaine prisonniers dans la salle basse de l'Hôtel de Ville, d'où on les conduisit dans la maison du sieur de Boucoiran. De ce nombre furent Jean Baudan, François Aulbert et Christol Ligier, second, troisième et quatrième consuls. Ces prisonniers furent gardés encore cinq ou six jours dans cette maison après quoi on les élargit sous caution, suivant la délibération des messieurs. Le sénéchal Honoré des Martins de Grille fit sortir de Nîmes, le jeudi 2 du même mois, avec une escorte, l'évêque Bernard d'Elbène. Outre cela, il fit mettre en liberté. le même jour, George Gevaudan, avocat du roi au présidial; Pierre Valette, premier procureur du roi au même siège, et trois chanoines de la cathédrale. L'évêque se retira en Provence. et à ce qu'il paraît, il passa d'abord à Tarascon, où il était vingt jours après la Michelade. Il inféoda le 21 de ce même mois d'octobre, à Jean Fardeau, un de ses gens, quelques salmées de terre, situées à Garons, près de Nîmes. Il passa ensuite à Arles, où il inféoda encore, le 10 de mars suivant, au même Jean Fardeau, seize salmées de terre, situées aussi à Garons, près de Nîmes et contiguës aux précédentes. Ce dernier acte parlant du lieu où il fut passé et de l'état où se trouvait l'évêque s'exprima en ces termes : "Dans le couvent des frères cordeliers où ledit seigneur à présent habite, causans les troubles.... Le dit seigneur évesque a dict ne pouvoir escripre pour la débilitation de ses mains causant sa maladie."

Il est à remarquer que la fureur des religionnaires durant toute cette tuerie, ne retomba pas sur les femmes des catholiques. Elles demeurèrent toutes dans la ville, sans qu'il leur fût fait aucun mal. Ils n'en voulaient qu'aux prêtres, aux religieux et aux chefs de famille, et encore, parmi ces derniers, ne prenaient-ils pour victimes que ceux qui les avaient inquiétés ou qui s'étaient trop déclarés contre eux dans les occasions. Ce fut là le grand motif qui les dirigea dans le choix des victimes.

Les catholiques de la campagne ne furent pas à l'abri de ces fureurs. Les religionnaires s'attroupèrent dans la Vaunage, la nuit même du 30 septembre au premier d'octobre. Ils y massacrèrent plusieurs catholiques, et entre autres, Jacques Barrière, conseiller au présidial, qui s'était retiré dans sa terre de Nages, prés de Calvisson. Ils y égorgèrent aussi les Albanais ou dragons de la compagnie du maréchal de Damville, qui étaient répandus en garnison dans les villages de cette contrée. Ils prirent leurs armes et leurs chevaux qu'ils se distribuèrent entre eux.

Les ministres de Nîmes, témoins de tous ces excès, jugeaient bien néanmoins qu'on ne pouvait les couvrir ni les pallier d'aucune sorte de couleur. Le consistoire s'assembla le premier d'octobre, après que le massacre eut fini, et prit une délibération, par laquelle le ministre de Chambrun et un diacre furent députés pour aller, au nom du consistoire, exhorter les chefs à cesser ces déportements. Ces députés s'adressèrent á Servas, qu'on savait voir été un des principaux conspirateurs. Mais celui-ci n'eut garde de les avouer. Il répondit que les meurtres n'avaient point été faits par son ordre et qu'il en ignorait les auteurs. Les députés rapportèrent ensuite au consistoire qu'ils n'avaient point trouvé de preuves certaines á ce sujet, mais qu'on assurait partout que Jean Vigier avait commis la plupart des meurtres. Outre cela, le mercredi 19 de novembre suivant, le consistoire assemblé, manda Gabriel Prades, l'un de ceux qui s'était trouvés au traité de la rançon exigée de l'évêque de Nîmes, et l'interrogea sur ce fait, ainsi que sur les massacres. Ce particulier avoua qu'il avait vu donner vingt-cinq écus à ceux de sa troupe, et que cet argent avait été employé à banqueter ; mais il dénia d'avoir eu part à aucun meurtre. Le consistoire le réprimanda, lui enjoignit de restituer ce qu'il avait pris et le renvoya pour le surplus à sa conscience.

Telles sont les circonstances de cette funeste expédition, qui porta à la foi catholique romaine les plus cruelles atteintes qu'elle eût jamais reçues dans Nîmes. Elle fut appelée la Michelade parce qu'elle avait été tramée peu avant la Saint-Michel et exécutée peu après. Aucun des historiens protestants n'en a fait mention. Les seuls écrivains catholiques en ont parlé, mais il leur est échappé des méprises considérables, et quant à l'époque qu'ils rapportent à l'an 1569 et quant aux circonstances, dont plusieurs se trouvent contraires à la vérité.

Pour ne rien omettre de ce qui mérite d'être transmis à la postérité d'un événement si important, il est à propos que je fasse connaitre ici ceux d'entre les catholiques qui furent massacrés et jetés dans le puits de l'évêché et dont il nous est resté une preuve certaine et constatée par les informations. Leur mémoire mérite, sans doute, d'être perpétuée. Ce furent donc :
Jean Peheran, troisième archidiacre, vicaire-général de l'évêque ;
Ambroize Blanchon ;
Etienne de Rodillan ;
Etienne Mazoyer ;
Jean Alesti et Antoine du Prix, chanoines ;
Quatre prêtres du bas-choeur, dont on ne sait pas le nom ;
Louis de Rocles. curé de la cathédrale ;
Alexandre André, curé de Millaud, près de Nîmes ;
Mathieu du Prix, prêtre ;
Thomas Mosque , prêtre , aumônier de l'évêque ;
Jean Quatrebar, prieur des Augustins, prédicateur ordinaire de la cathédrale ;
Pierre Folcrand, augustin ;
Nicolas Sausset, prieur des jacobins ;
Guillaume , cordelier ;
Gui-Rochette, avocat, premier consul ;
Robert Grégoire et François de Gras, avocats ;
Jean Grégoire, notaire ;
Un capitaine appelé Vidal;
Louis de Serres, gendarme ;
André Faure ;
Augustin Michel, orfèvre ;
Jean Pierre, maître de musique de la cathédrale ;
Claude Chimier, secrétaire de l'évêque ;
Louis de Sainte-Sofie, son maître d'hôtel ;
Julien Corbon, musicien, basse-contre de la cathédrale ;
N. Peirot, joueur de violon ;
Blaise Serrane ;
Louis Doladille, ouvrier en soie ;
Jean Saissac. solliciteur ;
N. Ginestot, basochien ou clerc de palais ;
Jean des Fantaisies, dit le Vanaire. parce qu'il était vaneur de sa profession ;
François Allier ;
Antoine Farelle ;
Jean des Ollières, cordonnier ;
Firmin de Saint-Jean, jardinier ;
N. Leonar, sonneur de la cathédrale ;
Jeannet, boulanger ;
George Guerinot, cordonnier ;
Pierre, dit le Cuisinier ;
Bernard de Faus, cordonnier.
Le nombre de ceux qui périrent dans ce massacre fut bien plus considérable. Les témoins varient là-dessus ; mais la plupart conviennent qu'il y eut plus de cent catholiques qui furent tués et jetés dans le puits. Il n'est guère possible dans de si affreux tumultes de connaître et de fixer au juste le nombre des victimes qu'on y immole.

On dressa dans la suite une croix de pierre sur le puits même de l'évêché, avec une inscription latine gravée sur le piédestal, pour conserver la mémoire de ce martyre. L'inscription ne fait monter qu'a quatre-vingts le nombre des catholiques qui furent massacrés. Cette croix ne subsiste plus. Elle a été ôtée de sa place, lorsqu'on a bâti le nouveau palais épiscopal. L'endroit même où était le puits se trouve à présent couvert par le mur de face du bâtiment, du côté gauche du perron, en entrant dans le vestibule. On aurait dû néanmoins laisser la quelques vestiges d'une si mémorable journée. Je dirai encore, que les évêques qui ont rempli le siège de Nîmes après ces troubles, les consuls même et tous les bons citoyens, auraient dû demander à Rome la permission de célébrer la mémoire de ces illustres catholiques. Ils avaient des actes de la première authenticité pour établir la preuve de leur martyre.



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