HISTORIQUE DES INONDATIONS
 À NÎMES


Photo Georges Mathon, octobre 1988.

Inondations à Nîmes de 1399 à 1755
Extrait de l'Histoire de Nîmes
par Léon Ménard, édition revue est corrigée de l'originale datant du XVIIIe siècle.

CII - Il survient en cette ville un grand débordement d'eaux.
Ménard T3, P100.

1399 - Il y eut cette année à Nîmes, le 29 d'août 1399, jour de la décollation de saint Jean-Baptiste, un si grand débordement d'eaux, causé par les pluies, que la ville en fut presque couverte et inondée.
La rapidité des eaux abattit des pans de mur considérables en divers endroits des murailles et des fossés de la ville.
L'épouvante générale se mit parmi les habitants. Ils crurent toucher au moment de se voir engloutis par les eaux.
L'inondation diminua cependant peu à peu, et le danger cessa bientôt. Alors les consuls, pour en rendre de publiques actions de grâces à Dieu, ordonnèrent une procession générale, qui se fit le 4 de septembre suivant, et où ils assistèrent portant chacun un flambeau, chargé d'une écusson où étaient peintes les armes du consulat. Il y eut aussi, selon la coutume, quelques joueurs d'instruments.


VII - Il survient à Nîmes un grand débordement d'eaux. On y fait une procession.
Ménard, T3, P106.


1403 - Les pluies et le débordement des eaux firent encore en 1403 un dégât et un ravage considérables dans le pays. On s'en ressentit à Nîmes si fortement que la consternation y était générale. Aussi ne manqua-t-on pas d'y implorer le secours du ciel, et de demander à Dieu la cessation de ces longues pluies, qui ne pouvaient manquer de jeter le peuple dans une famine cruelle. L'évêque, le clergé et les consuls de cette ville ordonnèrent  de concert, une procession générale, qui se fit avec beaucoup de solennité. On y porta l'image de la Vierge. Les consuls s'y trouvèrent, portant chacun un flambeau et ayant avec eux la bannière de la ville, qui était accompagnée de joueurs d'instruments. Les confréries et les chefs et corps de métiers y assistèrent aussi avec leurs bannières.
On fit en cette ville, au commencement de septembre de l'an 1403 une réparation au pont de la porte de la Couronne, construit sur les fossés de la ville, qui me parait n'être que la suite du ravage des pluies. Les consuls donnèrent alors à prix fait la construction deux arches de ce pont. Elles avaient sans doute été emportées par les eaux.


VIII - Le Gardon déborde et emporte le pont de Boucoiran. Les consuls de Nîmes et ceux d'Alais vont en faire la vérification.
Ménard, T3, P106-107.

1403 - Il parait encore que l'impétuosité des eaux du Gardon, que les pluies avaient fait déborder, emporta le pont de Boucoiran, lieu situé au voisinage de Nîmes. Nous voyons du moins qu'au même mois de septembre, les consuls de cette dernière ville et ceux d'Alais eurent ordre de Pierre de Peirol, l'un des réformateurs généraux de la province, de se transporter à Boucoiran, avec des maîtres maçons, pour examiner l'état de ce pont, et voir ce qu'il en coûterait pour le rétablir.
Les consuls de Nîmes commirent pour cet examen Guillaume Sauvaire, l'un d'eux. Celui-ci se transporta sur les lieux avec le maître des œuvres de la sénéchaussée et deux maçons, après quoi, il alla à Montpellier rendre compte des choses a Pierre de Peirol.


IV - La peste continue à Nîmes. Il y règne des orages fréquents. On fait sonner les cloches pour les dissiper.
Ménard, T4, P10-11.

1482 - Nîmes fut longtemps livré au fléau de la peste. La mortalité y régnait au mois de mai de l'an 1482, avec tant de furie que les chanoines avaient abandonné le service de la cathédrale. La femme du sénéchal s'était réfugiée à Collias, lieu situé près d'Uzès. II n'y avait plu à Nîmes ni boulangers ni fourniers.
La plupart des habitants cherchaient leur salut dans la fuite. En un mot, ceux qui étaient restés dans cette ville s'y voyaient enveloppés dans toutes les horreurs de ce terrible fléau.
Outre cela, les orages fréquents, accompagnés de grêle, de vents et de tonnerres, qui s'élevèrent pendant le printemps de cette année, annonçaient une perte presque certaine de tous les fruits de la campagne ; ce qui jeta les habitants dans une nouvelle désolation.
Le conseil de ville donna aussi son attention à ce genre particulier de calamité. Il prit une délibération, le 7 de ce même mois de mai, par laquelle deux hommes furent chargés de sonner les cloches de l'église Cathédrale, dès qu'on serait menacé de quelque orage, de se placer pour cela sur le clocher, et d'être exactement attentifs à cet objet la nuit et le jour. On voit ici des preuves de l'ancienneté de l'usage, encore pratiqué de nos jours, de sonner les cloches pour écarter les tempêtes et le mauvais temps. La délibération, au reste, portait en même temps, que la ville ne prétendait pas, en se chargeant de ce soin, que la chose tirât à conséquence pour l'avenir, parce que c'était aux chanoines de la cathédrale, qui percevaient la dîme des fruits, à y pourvoir.


LXIII - Inondation extraordinaire survenue à Nîmes.
Ménard, T4, P222-223.

1557 - Le 9 de septembre, il tomba une si grosse pluie à Nîmes, mêlée de grêle, d'éclairs et de tonnerres, depuis une ou deux heures après midi jusqu'à huit heures du soir, que la ville fut presque inondée. On croit même qu’elle aurait été ruinée de fond en comble, si cette pluie avait duré six ou sept heures de plus. La foudre tomba sur plusieurs maisons. L'impétuosité des eaux, qui venaient à grands flots du chemin de Sauve, et des collines qui sont au nord-ouest de Nîmes, démolit les murailles de la ville en divers endroits. Le moulin situé dans les fossés, à l'entrée de la porte de la Madeleine, fut abattu ainsi que la tour attenante à cette porte, et le pont sur lequel on passe le fossé pour y entrer.
Les eaux montèrent jusqu'à six pieds par dessus le rez-de-chaussée dans la cour du collège, dont le pavé était même plus élevé que le niveau de la rue. De sorte que pour en conserver le souvenir, on traça à l'entrée de cette cour, contre le mur de la classe de philosophie, en l'endroit même où les eaux étaient montées, une main qui tirait une ligne pour le désigner, avec un distique latin au-dessous qui marquait l'année et le jour de cet événement.
Les champs du territoire de Nîmes furent couverts de pierres et de ruines d'édifices abattus par la pluie, que les torrents entraînèrent, et les vignes furent rompues et remplies de sables.
Les eaux firent dans les terres des dégradations si profondes, qu'elles découvrirent quantité d'anciens monuments romains, qui avait demeuré jusques-là cachés sous la terre, tels que des tombeaux, des colonnes, des cippes, des lampes sépulcrales, des urnes, des pavés de mosaïque et des médailles de tout métal.
Divers écrivains du temps ont fait mention de cette étrange inondation. On crut alors en avoir trouvé la prédiction dans un des quatrains des prophéties de Nostradamus.

Anno, post tercenta undenaque lustra secundo,
Septembris nono, hunc merserat unda locum.
Gardon, Nyme, eaux si hault desbordont,
Qu’on cuidera Deucalion renaistre,
Dans le colosse, la plupart fuiront,
Vesta, sépulcre, feu esteint à paroistre.
Centur, 10, quatr. 6.


II - Pluie extraordinaire survenue à Nîmes, après une longue sécheresse.
Ménard, T6, P112.

1656 - Il régna tout l'été de cette année 1656. une extrême sécheresse à Nîmes. Mais il survint tout à coup une pluie extraordinaire mêlée de grêle, la nuit de vendredi 25 d'août au samedi 26. Elle commença sur les onze heures avant minuit, et ne dura pas deux heures.
Ce fut toutefois avec une violence si étrange, que les vignes et les champs furent tous détruits et presque submergés depuis le village de Courbessac jusqu'au-delà de celui de Saint-Césaire, ce qui forme une étendue de plus de près de deux lieues. On assure que le dégât que causèrent les eaux, se monta à plus de quarante mille écus.


LXXIII - Pluie extraordinaire survenue à Nîmes. Froid excessif qui fait mourir les blés et les oliviers, et cause une disette générale.
Ménard, T6, P383-384.

1709
- Au commencement de septembre 1709 en cette ville une pluie si extraordinaire que les murailles de quantité de champs et de vignes furent renversées, ainsi que les arbres, les vignes, et les oliviers.
Cet évènement fut suivi d'une calamité bien plus considérable encore : je parle du froid excessif qui régna dans toutes ces contrées, et dans presque tout le reste de la France, au mois de janvier de l'an 1709. Il y eut de si grandes gelées entremêlées de pluies, que les blés et les oliviers périrent presque tous ; ce qui causa une disette générale qui fit mourir beaucoup, de gens du peuple, forcés de se nourrir de son , de mauvaises herbes, et ce qu'on n'avait peut-être jamais vu, de pain de coques de noix ou de grappes de raisin qui leur venait des Cévennes.
Un remarque que les grains furent si cher que la touselle, sorte de blé froment, valait soixante-six livres la salmée ; le seigle, quarante-deux livres, et la paumelle mêlée avec des vesses, appelée barjalade dans le pays, trente livres.
On remarque encore que le pain blanc se vendait cinq sols la livre, le pain commun trois sols six deniers, et le pain d'avoine deux sols.


CLXXV - Procession générale pour la pluie.
Ménard, T6, P570.

1755 - Il faisait, depuis quelques mois à Nîmes, une extrême sécheresse qui portait beaucoup de préjudices aux fruits de la terre. On eut recours aux prières publiques pour en obtenir du ciel la cessation. Dans cette vue, l'évêque ordonna une procession générale, qui se fit le lundi 19 de mai de la même année. Les consuls y assistèrent en robe et en chaperon, ainsi que tous les ordres réguliers.

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