ORIGINES DE L’ESPLANADE DE NIMES


 

 

1524

En 1524 Jacques Albenas, consul, faisait construire une plate-forme au devant de la porte de la Couronne. Elle était faite pour les besoins de l'artillerie qui y était installée tantôt pour la réception des personnages à qui étaient dues les salves d'honneur, les Consuls de la ville y attendaient les rois et princes pour leur offrir les clefs de la ville, François Ier, Henri II, Louis XIII…tantôt pour la défense de la ville.

1643

C'est sur cet emplacement que se tenait au XVI° siècle le marché des chèvres et des brebis.

« L'an 1643, et à la fin du mois de février, a été fait dans le bastion de la Couronne au lieu et place des fumiers qui empoisonnaient les habitants, une allée d'ormeaux, plantés à la ligne et environnés de murailles avec trois sorties ».

Au commencement de 1666, les consuls firent unir la partie irrégulière et inégale de l'Esplanade et l'ornèrent de rangées d'arbres. Les pauvres de la ville furent employés à ce travail à raisons de dix sols par jour pour les hommes et quatre pour les femmes.

1724

En 1724 la ville acheta le jardin des Augustins qui était contigu à l'Esplanade. Le couvent des Augustins était tout près de la maison des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (cette dernière était à l’emplacement actuel du Collège Feuchères).

1781

Les Capucins dont l'établissement se dressa en 1629 sur l'ancien cimetière de l'église Saint-Thomas, avaient un parloir qui faisait saillie sur l'Esplanade. M. de Merez, premier consul, acheta ce parloir en 1781 pour le compte de la ville. Cet établissement deviendra par la suite la manutention de l'armée, elle sera démolie en 1984 pour laisser la place à l'hôtel Atria.

A cette époque la promenade de l'Esplanade était comme aujourd'hui au niveau du sol.

Postérieurement à cette date elle fut surélevée et formait en 1841 un terre-plein qui dominait les jardins potagers situés dans la plaine. Pour arriver à ceux-ci, il n'y avait qu'un petit escalier très étroit et généralement malpropre.

Au milieu de la promenade se trouvait une fontaine monumentale ayant la forme d'une coquille.

1790

L’Esplanade sera le théâtre de la bagarre de Nîmes du dimanche 13 au mercredi 16 juin 1790.

Le 13 au soir, une rixe survenue entre les dragons de garde à l'évêché et quelques citoyens, au cours de laquelle des coups de fusils furent tirés, fut le signal d'une véritable émeute, qui malheureusement fit bien des victimes.

Le matin du lundi 14, des étrangers accourus de tous les environs se réunissent sur l'Esplanade, ne pouvant pénettrer chez les Ursulines, dont la maison se trouvait à l'emplacement de l'hôtel du Cheval Blanc, ils assaillissent les Capucins (sur l'emplacement actuel de l'église Ste Perpértue et l'hôtel Atria) enfermés dans leur sanctuaire, les portes seront forcées, un religieux en prière, le père Benoît, est massacré sur l’hôtel de la chapelle, un vénérable religieux, le père Fidèle d’Annecy, âgé de 82 ans, paralytique, sera haché à coups de sabre dans son lit, ils se rendent à l’infirmerie et consomment les breuvages à base d’alcool en particulier l’eau d’Angélique (chartreuse). Tous les religieux pris seront massacrés en voici la liste :

« Le père Benoît de Beaucaire, le père Siméon de Sanihac, le père Séraphin de Nîmes, le père Célestin de Nîmes, le père Fidèle d’Annecy. Des laïques aussi seront tués sur l’Esplanade, Claude Daudet taffetassier, Pierre Morin et Jean Morin, Pierre Bataille… »

Le massacre s’arrêtera lorsqu’un détachement de la légion de Montpellier se présente avec une artillerie imposante.

Le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération fut célébrée à Paris. Elle eut lieu également en province. A Nîmes, elle se déroula sur l'Esplanade, nouvellement dénommée « Champ de Mars ». Un amphithéâtre était adossé au couvent des Capucins. Les places furent louées au profit des pauvres, et ne reçurent que des citoyennes portant le costume civique, robes blanches, écharpes tricolores, cheveux flottants, avec, comme coiffure, des feuilles de laurier ou de chêne. La garnison, composée d'environ six mille hommes, fut déployée sur trois lignes. La population, à laquelle de nombreux ecclésiastiques étaient mêlés, y prit part. Seuls, les chanoines ne s'y rendirent pas, n'ayant pas reçu d'instructions précises de leur évêque, député à Paris. Au milieu de l'enceinte était édifié un autel à quatre faces, dont chacune portait un de ces mots: « La Nation, la Loi, le Roi, Union ».  L'armée prêta le serment civique. Puis, les citoyennes, les troupes, gardes nationales ou troupes royales, après avoir déposé leurs armes, se mêlèrent et bras-dessus, bras-dessous, portant leur dîner dans des paniers, allèrent le manger à la Fontaine. Après le repas, des danses eurent lieu, où se confondirent laïcs et religieux de tous ordres. Le soir, la ville illumina.

1793

L’Esplanade sera une place importante à l’époque de la terreur, à côté de son emplacement se trouvait le couvent des Capucins, le Comité de Salut public avec son président Jean Antoine Courbis (maire de Nimes 1793-1794) y fera enfermer des centaines de suspects, les condamnés se rendaient à pied vers la guillotine (installée sur  l'Esplanade) où le bourreau Vachale, les vêtements maculés de sang les attendaient. Courbis assistait aux exécutions avec ses amis les Juges Giret, Béniqué et Raffard. Après la chute de Robespierre l’ex maire Courbis fut emprisonné à la Citadelle (fort Vauban), la foule exaspérée par la longueur de son procès enfoncera la porte de sa cellule et le massacrera le 4 juin 1795.

1838

Le 22 septembre 1838, sous le règne de Louis-Philippe, le baron de Jessaint, préfet, assisté de M. G. Bourdon, architecte, a posé la première pierre du Palais de Justice, la façade principale se trouve au nord de l'Esplanade.

1841

En date du 20 novembre 1841, une délibération du Conseil municipal avec son Maire Ferdinand Girard, fixe les travaux à exécuter sur l'Esplanade, au cours des travaux quelques modifications seront apportées au projet original, après sa réalisation en 1851, elle reste semblable (dans sa partie visible) à l’esplanade d’aujourd’hui.

La promenade de l'Esplanade sera abaissée et son niveau général sera raccordé avec celui du boulevard du Palais de Justice (boulevard de la Libération) et de l'avenue du chemin de fer. (actuellement Bd Talabot)

Sur l'axe de l'Esplanade et de la future gare du chemin de fer, il sera créé une avenue (avenue Feuchères depuis 1842) large de soixante mètres et longue de trois cent partant de la place et allant jusqu'au chemin de fer.

 Cette avenue sera divisée en une voie pavée au milieu de seize mètres, deux allées de chaque côté de douze mètres et le long des maisons dont la construction pourrait être autorisée, un trottoir et une voie de service pavé de seize mètres chacun de largeur. Les trottoirs régneront également dans le pourtour de la place circulaire.

Enfin le Conseil, priait le maire de s'adresser au ministre des travaux publics, pour obtenir de sa bienveillante justice que le chemin de fer dans sa traversée de Nimes fût construit en viaduc et non en remblais.

 "Le 31 octobre 1842, pose de la première pierre du viaduc. M. Didion, ingénieur en chef du chemin de fer de Montpellier à Nîmes, avait promis que cette voie serait terminée pour le 1er mai 1844, jour de la fête du Roi, son engagement était une réalité, le mardi 30 avril, la ligne fut parcourue pour la première fois par une locomotive seulement. Le départ eut lieu à, huit heures du matin. Le retour de Montpellier à Nîmes s'effectua en une heure vingt-huit minutes."

1851

Les allées de l'avenue et la promenade de l'Esplanade seront plantées d'arbres, mais les plantations de l'Esplanade seront conduites de manière à laisser au milieu de l'Esplanade une place libre formant un rectangle d'environ cent mètres de côté ; ce sera sur le centre de cette place que sera établie la fontaine monumentales (fontaine Pradier, inaugurée le 1er juin 1851 par Frédéric Vidal, adjoint faisant fonction de maire) ; les parties irrégulières de la promenade, que la plantation des allées laisserait en dehors, seront garnies d'arbres verts formant massifs.

La promenade de l'Esplanade sera entourée dans tout son pourtour d'une balustrade en pierre de quatre-vingt centimètres de haut, posée sur un socle de quinze à vingt centimètres qui formera marche dans les parties de l'enceinte qui resteront ouvertes pour donner accès à la promenade ; l'ouverture du sud placée en face de l'avenue du chemin de fer, sera munie d'une chaîne ou d'une grille mobile en fer. (suite à la construction du parking souterrain (1968-1971) la partie sud sera surélevée pour permettre la construction de rampes d'accès.)

 L'abaissement du sol de l'Esplanade rencontra une vive opposition dans le sein de l'assemblée municipale. On prétendait que cette opération devait la priver d'une partie de l'air rafraîchissant du soir que les promeneurs y viennent respirer en été. Les opposants affirmaient aussi que ce serait diminuer la surface de l'Esplanade que de la sillonner de nouvelles plantations. Enfin, on invoquait pour empêcher cette transformation, et les habitudes prises par les habitants depuis si longtemps, et le motif d'économie.

L'abaissement projeté ramenait le sol de la promenade à ce qu'il était en 1782, c'est-à-dire bien avant l'époque où l'Esplanade fut élevée, et la place réservée par le nouveau projet devait être bien plus considérable puisque, à cette époque, elle était resserrée à l'ouest et au nord par des remparts, des fossés et de vieilles masures ».

1852

Frédéric Vidal maire (du 24 juillet 1852 au 29 décembre 1854), reçoit à Nîmes le 30 septembre 1852, le prince Louis Napoléon Bonaparte. Lors de son arrivée au débarcadère du chemin de fer qui fait face à l’avenue Feuchères, il recevra une pétition signée des communes gardoises dont voici le texte.

« Prince la France vous doit son salut, sa prospérité, l’Europe le maintien de la paix et la civilisation. A ces bienfaits du présent manque la stabilité dans l’avenir. Nous venons vous supplier, Prince, avec la France entière, de compléter votre œuvre en acceptant l’Empire. »

La veille le 29 novembre, la Foire de la St Michel se tennait exeptionellement sur l’avenue Feuchères

Le 1er octobre, après avoir passé la nuit à la Préfecture située alors Grand’rue, ancien hôtel Rivet, (actuellement école des Beaux Arts), le Prince Président se rendra sur l’esplanade où un autel provisoire avait été élevé, il présidera la cérémonie de pose de la première pierre de l‘église Ste Perpétue. C’est sur cet emplacement qu’était érigée la guillotine pendant la période de la terreur.

1855

La préfecture, avenue Feuchères sera construite en 1855. Mr le Baron Dulimbert, préfet, Jean Philippe Pérouse maire et Feuchère architecte. Elle remplace l'ancienne préfecture de l'hôtel Rivet située dans la Grand'rue,

1889

Le conseil municipal décide de l'emplacement d'un kiosque à musique, après diverses propositions, dont une qui voulait voir sa construction sur la partie isolée ouest de l'esplanade, emplacement à l'époque du buste de Soleillet et actuellement monument aux morts ce sera à l'emplacement du cosmographe, dans le prolongement de la rue régale. Le premier projet de 1887 prévoyait la couverture de l'estrade à musique sur l'esplanade, mais cette option n'a pas été retenue et l'estrade sera démolie.

1890

Construction du Kiosque à musique.

1954

Démolition de l'hôtel du Luxembourg, situé à gauche de l'église Ste Perpétue et construction de l'immeuble d'habitation, le Luxembourg. A sa droite, en 1987,  la manutention de l'armée sera elle aussi démolie pour faire place à l'hôtel Atria.

1968-1971

Sous la municipalité d’Emile Jourdan, construction du parking souterrain de l'esplanade, démontage et remontage de la Fontaine Pradier, mais le kiosque à musique subira malheureusement un autre sort, après son démontage nul ne sait ce qu’il est devenu !!!

Pendant la reconstruction des halles centrale le parking abritera le Marché des arènes de mars 1971 à mai 1973.

 

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