ENLUMINURE DE FERDINAND PERTUS

XII

 

Les filles de débauche à Nîmes dans l'ancien Temps

 

2000 ans d’histoire – Ville de Nîmes, 1980

L’abbesse des Dames de la Débauche remet aux Consuls les aumônes à distribuer aux pauvres.

Les nîmois des temps médiévaux s’embarrassaient peu de rationalité. D’une part, ils traitaient durement les ribaudes, putains, servantes des tavernes et masseuses des étuves, les obligeant souvent à se vêtir d’une robe infamante à larges rayures verticales brunes et blanches, leur interdisant de toucher de leurs mains impures les fruits et légumes aux étals du marché, les exilant hors les remparts de la ville en temps de carême.

 

D’autre part, une fois l’an, ils organisaient une cérémonie présidée par les Consuls en chatoyantes robes et chapels rouges, insignes de leur charge. Près de la Porte Saint-Antoine, non loin de la place du Marché, l’abbesse des Dames de la Débauche remettait solennellement aux Consuls pains, nourritures diverses, hardes ainsi que sols et deniers, lesquels Consuls les distribuaient aussitôt aux miséreux de la cité.

 

Léon Ménard

histoire de la ville de Nîmes, 1760.

 

XXIII. - La maladie vénérienne introduite à Nîmes oblige les consuls à faire fermer la maison publique de débauche. (Livre douzième 1532.)
Vers ce même temps, on vit cesser à Nîmes la scandaleuse indulgence, qui depuis tant d'années laissait subsister en cette ville un lieu de débauche public. Les consuls le firent fermer cette année. Il ne parait pas qu'ils aient eu en cela d'autre motif que celui de garantir les habitants de la maladie vénérienne, dont ces sortes de maisons étaient comme le siège et le séjour.

Ce n'était que depuis peu d'années qu'elle avait commencé de paraître à Nîmes.

On sait que cette odieuse maladie ne s'est introduite en France que depuis la fin du quinzième siècle où elle fut apportée par les troupes de l'armée de Naples après avoir passé des îles Antilles en Espagne et de là à Naples , par le moyen des soldats espagnols qui avaient servi en ces divers pays.

Comme elle était toute nouvelle et étrangère en Europe, les médecins, qui ne la connaissaient point encore en attribuaient l'origine, les uns à la maligne influence des astres, et les autres à la conjonction malfaisante des planètes, et tous la regardèrent comme une espèce de peste, qui se con­tractait en vivant avec les personnes infectées ou en les fréquentant. On fut dans la même erreur à Nîmes.

De manière que pour arrêter le progrès de cette prétendue contagion, qui passait alors pour d'autant plus dangereuse que la ville était sans cesse affli­gée de maladies épidémiques, on prit enfin le parti d'interdire le lieu public de débauche que le monument du temps appelle bordeau. (bordel) La maison appar­tenait à un particulier de qui les filles publiques la tenaient à louage. Le propriétaire voulut demander une indemnité à la ville, et fit présenter sa requête au conseil dont je viens de parler . mais sa demande fut rejetée.

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LXXXI - Le conseil de ville fait enfermer les filles de débauche natives de Nîmes xet chasse de la ville celles qui étaient étrangères. (Livre vingt-deuxième 1644.)

 

La corruption et le dérèglement des mœurs étaient devenus si extrêmes dans Nîmes, qu'on fut obligé d'en arrêter les progrès dans leur source. On prit sur cela la sage résolution dans un conseil de ville ordinaire, qui fut tenu le lundi 18 de juillet de la même année 1644, de faire enfermer toute les filles de débauche qui se trouvaient natives de Nîmes, et de faire sortir de la ville celles qui se trouveraient étrangères, après les avoir rasées et chargées de plumes de coq.

 

Le conseil ayant jugé, dit la délibération que telles personnes ne peuvent apporter que de grands malheurs, a desliberé que les garces qui se trouvent natives de cette ville, seront mises et enfermées dans la tour Vinatiére, et nourries au pain et à l'eau, aux frais et despens de la communauté. Et pour les estrangères, seront mises hors de la ville et terroir d'icelle, au préalable avoir esté rasées la teste, et chargées de plumes de coq, suivant la coutume, usage, et privilège, desquels cette ville est en possession de semblables affaires.

 

LXXXII - Le conseil de ville de Nîmes délibère de former opposition à l'établissement d'un impôt sur les cartes et les dés. (Livre vingt-deuxième 1644)

 

Il venait d'Are établi dans le royaume un impôt qui excita de grands murmures, je parle du droit de marque et de contrôle que le roi mit sur les cartes et les dés, ainsi que sur les tarots, sortes de cartes à jouer, marquées de figures différentes des nôtres, et imprimées sur le dos de grisaille en compartiments.

 

Le propriétaire de ce droit, dans la province, nommé Hilaire Mathieu, s'étant rendu à Nîmes, fit faire commandement, en vertu de deux arrêts du conseil d'état, l'un du 3 de décembre de l'an 1643 et l'autre du 18 de janvier suivant, aux marchands de cette ville qui vendaient des cartes et des dés, de les faire marquer et contrôler, et de payer le droit établi sur cet article.

 

Ceux-ci en portèrent leurs plaintes au conseil de ville ordinaire, qui se tint en conséquence le lundi 1 de septembre de l'an 1644.

 

Cette assemblée qui regarda ce subside comme une nouveauté préjudiciable au commerce, d'une conséquence très-pernicieuse, et entièrement contraire aux libertés, et privilèges de la province délibéra de former opposition, par le ministère des consuls, aux deux arrêts du conseil et à l’établissement de ce droit à Nîmes, devant le sieur Balthasar, intendant de Languedoc, qui se trouvait alors en cette ville, et de faire à ce sujet toutes les poursuites nécessaires partout où il faudrait, aux dépens de la communauté.

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