LA MAISON CARRÉE

De 1560 à 1860, trois siècles d'iconographies de la Maison Carrée de Nîmes
 Exposition du 29 juin au 15 octobre 1978 au 
Musée des beaux-Arts de Nîmes, rue Cité-Foulc
Cette page est un extrait de l'exposition sur la Maison-Carrée qui a eu lieu au Musée des Beaux-Arts de Nîmes, du 29 juin au 15 octobre 1978.

La Maison-Carrée a été de nombreuses fois représentée parfois par la peinture, mais le plus souvent encore par le dessin et la gravure. Cette page se propose de faire connaître son iconographie depuis la publication de ses plus anciennes représentations.

01 - Le Capitole, dict la Maison Quarrée, (l'original est une gravure sur bois), illustrant l'ouvrage de J. Poldo d'Albenas (1512-1563), le premier historien de la Ville de Nîmes. (reproduction gravure du livre)
Le temple, vu du nord-est, est restauré dans son état d'origine, tel que pouvait l'imaginer l'auteur, sans escalier pour y accéder, car la base de l'édifice était alors enfoncée sous deux mètres de remblai provenant en partie des démolitions du portique antique, puis des maisons qui l'entouraient, au moyen-âge, et que François ler avait fait dégager, lors de sa visite à Nîmes en 1533; l'escalier avait disparu au haut Moyen-âge et son emplacement fut occupé par une chapelle, saint-Etienne de Capduel, qui fut démolie au début des troubles religieux du XVIe siècle. Aucune des mutilations subies au cours des siècles n'est visible, et l'édifice représenté ne ressemble pas au monument défiguré que l'auteur avait sous les yeux.
Cette représentation est actuellement la plus ancienne, que l'on connaisse du monument.
La légende fait état de deux dénominations, celle, médiévale, de "Capitole" qui désignait au Moyen-Age, un lieu d'assemblée (J.Brunel, "La Maison-Carrée a-t-elle été un Capitole dans l'École Antique, n° 2, 1967), et celle de Maison Carrée qui apparaît ensuite, et qui est tout à fait correcte, puisque le carré désignait toute figure caractérisée par ses angles droits, et rendait compte de ce qui opposait l'édifice tant aux maisons irrégulièrement bâties de la Ville, qu'aux Arènes voisines, édifice remarquable par les courbes de sa façade et de ses galeries.

02 - Colonne, basse, chapiteau et plan de la Maison Carrée. Complément à la représentation entière de la Maison-Carrée, où les détails sont à peine esquissés : ils sont en partie restitués, ici, et montrent le caractère érudit de l'ouvrage de Poldo d'Albenas.


08 - "La Maison Carrée", pl. I fig. 15, d'Hubert Gautier (*) "L'Histoire de la Ville de Nismes et de ses antiquités".
Nismes 1720.
La vue est dessinée du nord-ouest, ce qui n'est pas courant, avec l'escalier
à double rampe, et les statues chères à Palladio sont remplacées par quelques personnages.
(*) NDLR : Hubert Gautier est aussi appelé Henri Gautier.
 
16 - Le plan de la Maison Quarrée de Nismes - Dessins au lavis de la Maison Quarrée de Nismes Façade sur la Longueur, profil sur la longueur, façade du portique, coupe au devant de l'autel.
Photographie de dessins illustrant un rapport de l'intendant de Basville conservé à la Bibliothèque de l'Arsenal (Henry Bauquier "l'ancienne chapelle de la Maison Carrée", dans le "Vieux-Nimes" n° 14 p. 5 sept. 1939. Ces dessins furent gravés par Crespy.
(Bibliothèque Nationale Est. VA. 541)
Nous pouvons nous faire une idée parfaite de l'église des Augustins, construite en matériaux légers, indépendante de la Maison Carrée avec un choeur semi-circulaire, deux sacristies, une nef avec 4 chapelles latérales, dans les contreforts de l'église interne, un porche avec des escaliers, à l'est et à l'ouest, donnant accès aux tribunes et au clocher.
La ressemblance avec la Chapelle des Jésuites terminée en 1678 est frappante, avec les mêmes tribunes sur arcades, séparée par des châpiteaux corinthiens, à pilastre d'ordre colossal, supportant une corniche antiquisante, les mêmes escaliers aux angles et l'on peut supposer semblable le maître-autel baroque que l'on aperçoit sur cette coupe. L'église était dédiée au "roi des rois" et fut terminée en 1689 ainsi qu'en témoignera pendant un siècle la plaque commémorative placée au-dessus le la porte de la Maison Carrée


24 - Figure des trous qui sont à la frise et à l'architrave du portique de la Maison Carrée de Nismes. Inscription découverte au moyen des mêmes trous. Illustration de J. Fr. Séguier "Dissertation de l'ancienne inscription de la Maison Carrée de Nismes".
Nismes 1759.
Grâce à une lettre de Séguier à Ménard, publiée par Auguste Pelet ("Essai sur la destination première de la Maison Carrée", Nîmes 1862 p. 35) nous connaissons le genèse de la découverte.
"Messieurs les consuls ont fait faire l'échafaud qui m'a mis à poté de calquer les trous sur l'original, et d'en faire un dessin exact. Ce fut le 17 et 20 de ce mois (août 1758) que j'y montai, et après avoir calqué trou par trou.... j'en étalai dans une chambre toutes les feuilles et à peine les vis-je que je m'aperçus que les trous de l'architrave pouvaient former des lettres.... je n'eus pas de peine à y trouver IVVENTVTIS (puis) PRINCIPIBVS.
Ces deux mots découverts me rappelèrent d'abord les enfants d'Agrippa et fils adoptifs d'Auguste. Je m'écriais "l'inscription est découverte". Mais comme il était déjà tard, et que j'étais fort fatigué ce jour-là je remis au lendemain 21 à y penser...."
Cette découverte mettait provisoirement fin à la polémique relative à l'utilisation de la Maison Carrée dans l'antiquité : Temple, Capitole, basilique, et datait le Temple du début du premier siècle de notre ère.


28 - Façade de la Maison Carrée à Nismes. P1. II illustration de Clérisseau, Antiquités de la France Monuments de Nîmes, Paris 1778.
L'architecte Clérisseau, (1721-1820), vient en 1765 à Nîmes pour faire les relevés des monuments de la ville et reprendre le vaste projet de Colbert de publications des monuments antiques de la France.
Cette vue de face, de grande dimension, est un défi à Palladio (1) par sa rigueur scientifique, mais c'est pour nous une œuvre froide et sèche.

(1) Palladio place cinq statues sur le dehors de cet édifice, savoir une au milieu du fronton de la façade, deux aux extrémités, et les deux autres au pied des deux angles du portique. Je sais qu'en cela l'on n'aurait fait que suivre l'usage qu'avaient les anciens d'enrichir de statues les façades des édifices publics et surtout des temples. Mais aucun écrivain, non pas même Poldo-d’Albenas, quoique contemporain de Palladio, n'a parlé de cet ornement, qui méritait pourtant de n'être pas omis. Je crois donc que ce n'est là qu'une belle idée imaginée par cet auteur. En effet, selon la remarque (Spon) d'un célèbre antiquaire, il n'y a point ici de ces sortes de piédestaux, appelés acrotères, qu'on plaçait au-dessus du fronton, dans le milieu et dans les côtés, pour soutenir les statues dont on enrichissait quelquefois le tympan de la façade des temples.
Ref : Histoire des Antiquités de la Ville de Nîmes, Léon Ménard, 1758.



32 - Hubert Robert (Paris 1733-1808) La Maison Carrée, les Arènes et la Tour Magne à Nîmes 1786. Ce tableau, avec 3 autres, a été commandé par Louis XVI à l'auteur pour la décoration d'une salle à manger à Fontainebleau. C'est une œuvre importante, non seulement par la notoriété de l'artiste, mais par l'atmosphère à la fois urbaine et champêtre qui règne autour du monument ; il semble qu'Hubert Robert a voulu ici justifier le nom de Maison Carrée en opposant le temple aux Arènes aux formes courbes (encore habitées) et à la Tour Magne (long rectangle).
Enfin, le caractère théâtral de cette composition (attitude des personnages, disposition des ruines antiques) ouvre la voie aux vues pittoresques qui se multiplieront au cours du XIXe siècle.
Reproduction photographique, cliché Musées Nationaux.

33 - Jacquet, Basilique appelée présentement Maison Quarrée à Nismes, dessin à la plume lavé de sépia, aquarellé, signé en bas à gauche. Vue traditionnelle avec cependant quelques recherches de détails réalistes (portes d'entrée et du sous-sol, ouverture sur le mur ouest), mais placée dans un cadre urbain, légèrement esquissé. (noter le titre dans la tradition de Poldo d'Albenas).
Musée du Vieux-Nîmes.

37 - Temple of. Caius et Lucius Caesar or Maison Carrée par A. Beaumont, gravé par Apostool, illustration d'A. Beaumont select views in the south of France, with topographical et historical descriptions, London 1794. Le temple apparaît dans son enclos, vu du nord-ouest, avec la grille installée par Séguier, la petite porte communiquant sur la place, avec à l'ouest la galerie et le couvent des Augustins. Pour la première fois, les colonnes du pronaos sont entaillées et disjointes.
Musée du Vieux-Nîmes.


39 - La Maison Carrée. Dessin au lavis et aquarelle, restituant le décor végétal et les balustres de la galerie des Augustins que les consuls ont récupérés pour les Jardins de la Fontaine.
Musée du Vieux-Nêmes.


47 - Vue de l'extérieur de la Maison Quarrée, P1. II gravée par Baltard, parue dans l'ouvrage de Clérisseau, 2é édition en 1804. Cette gravure de grande dimension dessinée quarante ans plus tôt ainsi que l'écrit Clérisseau, garde du XVIIIe siècle ce caractère dramatique et cette mise en scène savante, déjà vue chez Hubert Robert, mais elle montre un édifice antique à demi ruiné, témoignage d'un réalisme qui va s'imposer définitivement.
Musée du Vieux-Nîmes.


51 - Vue latérale de la Maison Carrée P1 LVI par Bance et Baltard, illustration de Laborde. Les Monuments de France.
Cette gravure est très semblable, un peu moins précise que la précédente, mais l'environnement est restitué, avec bergers et moutons, souvenir du décor champêtre du siècle passé.
Musée du Vieux-Nîmes.


52 - Temple de Nismes, connu sous le nom de Maison Carrée, P1. LV par Baltard et Bance. (Laborde).
C'est une vue de face du monument ruiné avec à l'est, les maisons en saillie, à l'ouest l'église St-Paul (ancienne église des Récollets autrefois, hors des remparts). Noter l'attitude et l'habillement des personnages mi-romains, mi-bergers.
Musée du Vieux-Nîmes.


53 - Vue de la face opposée au péristyle de la Maison Carrée P1. LVII, par Bance et Baltard (Laborde). C'est une face très rarement représentée, car c'était la plus détériorée. Nous observons à l'ouest le mur du jardin des Augustins, et surtout la dénivellation de terrain entre la Maison Carrée et les maisons avoisinantes au nord.
Musée du Vieux-Nîmes.

60 -" La Maison Carrée", PL XXI, gravure illustrant "La description des monuments antiques du Midi de la France", Paris 1819, par Grangent, C. Durand et S. Durant.
Au grand développement donné à la place s'associe la première construction réalisée selon le plan d'urbanisme, la maison à l'angle du boulevard, au nord de la Maison Carrée.
Musée du Vieux-Nîmes.



76 - Coupe en travers sur la ligne A-B du plan général, élévation générale sur la face principale du monument dressé par Grangent, le 8 juillet 1821 dessin à l'encre de Chine.
C'est la première reconstitution de l'ensemble formé par la Maison Carrée et son portique.
Musée du Vieux-Nîmes.


82 - Maison Carrée Nismes. Languedoc, P1. 274 par Qesnel et Danjoy, illustration des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France... par J.Taylor, Ch. Nodier et Alph. de Cailleux, tome II 2e partie. Paris 1838.
Cette lithographie et les deux suivantes illustrent parfaitement les réalisations de Grangent, et la comparaison avec la gravure de Laborde (n°52) est d'autant plus facile que la présentation de la Maison Carrée (de face) est identique. À l'édifice ruiné s'oppose ici le temple perché sur son socle, relié par ses escaliers à la plate-forme, mais isolé par sa grille de la rue aux pavages neufs, avec, au premier plan, une jeune fille et un chien.
Musée du Vieux-Nîmes.


84 - Nismes, intérieur du Musée. Languedoc P1. 266 par le Cte de Turpin de Crissé (1835), litho. de Thierry frères (Taylor et Nodier).
C'est la seule représentation du musée de la Maison Carrée que nous connaissions avant celles données par la photographie à la fin du XIXe siècle.
C'est un musée de peinture et d'archéologie, et l'on retrouve de nombreuses œuvres actuellement conservées dans les divers musées de la Ville : noter l'admiration du visiteur en découvrant le musée.
Musée du Vieux-Nîmes.



102 - Maison Carrée à Nimes par Asselineau dans "La France de nos jours". Lithographie en couleurs. 1860.
Cette jolie lithographie est rendue intéressante par l'animation qui règne autour de la Maison Carrée.
Noter l'apparition du lampadaire.
Musée du Vieux-Nîmes.


103 - Maison Carrée, Nîmes, par A. Jouvin, litographie Dhombres à Nîmes, publiée par B. Garve.
Musée du Vieux-Nîmes.
Le pittoresque et le mouvement dominant ici, dans cette présentation du monument semblable à la précédente.


109 - Nîmes, Maison Carrée n° 31 par Chapuy et Salathée à Paris, chez Rittner et Goupil.
Nous nous rapprochons d'une Maison Carrée disposée latéralement, permettant de voir, de face le théâtre et le Perron de la maison au nord du monument.
Musée du Vieux Nîmes.


110 - Maison Carrée à vîmes - Gard . tome III t1. par F.A. Parnot et Lhuiltier, vers 1850.
La foire, et tous ses divertissements est ici l'événement essentiel, bien que le monument, vu d'assez près, domine par sa masse et son élégance.
Musée du Vieux-Nîmes.


111 - Vue de la Maison Carrée et du Théâtre 243, par Deroy, litho de Becquet frères dans "La France en miniature 1860", lithographie en couleurs et en bistre ; parues ici en album: "Souvenir de Nîmes".
La Maison Carrée est associée au théâtre, mais beaucoup de détails nous détournent d'elle : le balcon de la maison, au Nord, avec l'enseigne en forme d'écu, les personnages qui se dirigent vers le théâtre...
Musée du Vieux-Nîmes.


113 - The Maison Carrée, Nismes par T. Allom et A. Willmore, gravure sur acier.
La préoccupation de l'auteur est de dépeindre le monument entouré des vestiges archéologiques. La Maison Carrée domine la composition.
Musée du Vieux-Nîmes.
« La Maison Carrée, Nîmes - France. Original gravure sur acier, établi par T. Allom, gravé par A. Willmore. 1845. Dim 19x12,5 cm. »


Première maquette de la Maison-Carré en liège, réalisée par Auguste. Pelet. Elle a figuré à l'exposition de Paris en 1839.


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117 - Maquette en bois sculptée par Auguste Pelet (1785-1865) et donnée par sa fille au musée en septembre 1902.
C'est la seconde maquette réalisée par A. Pelet, la première, en liège, avait figuré à Paris à l'exposition de 1839. Après ses recherches sur la Maison Carrée, (A. Pelet, Essai sur la destination première de la Maison Carrée, dans Mem AC.d. Gard 1862), qu'il affirmait être une basilique dédiée à Plotine par Hadrien, et restituait l'inscription à Marcus et Lucius Césars (Marc Aurèle et Lucius Verus) princes de la jeunesse, Pelet réalise cette maquette différente de la précédente, surtout par l'aménagement intérieur.
Musée archéologique.

COUP DE CHAPEAU 2010



Maison Carrée réalisée en 2009/2010 par Patrick Lavigne de Caissargues. Avec quelques amis, il s'est mis à la recherche de documentations sur ce prestigieux monument nîmois et en a réalisé une maquette surprenante au 1/100, avec des matériaux tout aussi surprenants. C'est, après tout dans la lignée des maquettes d'Auguste Pelet.
Chapeau M. Lavigne.




En savoir plus sur la Maison Carrée de Nîmes
> La Chapelle de la Maison-Carrée, Henri Bauquier 1939
> La Maison-Carrée, historique par Perrot, 1846
> Les propriétaires de la Maison-Carrée, Léon Ménard, 1758
> La Maison-Carrée par Léon Ménard, 1758
> La Maison-Carrée transformée en tombeau en 1576 ?
> Le Forum gallo-romain de Nemausus
> Les diférents usages de la Maison Carrée
> Les Augustins et la Maison-Carrée par l'Abbé Goiffon
> Iconographie de la Maison-Carrée

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