HISTORIQUE DE LA MAISON CARRÉE
J. F. A. Perrot, 1846
 
 
 
Cet édifice fut construit par M. Agrippa, sous Auguste, environ 18 ans avant J. C. Consacré d'abord à Auguste, il le fut plus tard à ses fils adoptifs en l'an 1er de l'ère chrétienne, en 345, les premiers chrétiens en firent une élise et détruisirent les colonnades du Forum.
 
Il a servi probablement de mosquée aux Maures (Sarrasins), pendant l'invasion. Il était hôtel de ville depuis 1050 (1) jusqu'en 1540, et pour cela, on dut, en le distribuant en plusieurs pièces, y faire des constructions contraires à sa solidité autant qu'à ses ornements, qui durent en souffrir.
 
En 1540, un particulier, nommé Pierre Boys, acquit ce monument en cédant en échange une vieille maison située où est aujourd'hui la grande horloge, (2) celui-ci fit construire sur le derrière une petite maison dont on voit encore les traces contre les colonnes du midi.
 
Cependant Mme la duchesse de Crussol (d'Uzès) ayant voulu l'acheter pour en faire un tombeau pour sa famille , l'intendant du Languedoc s'y opposa.
 
Bientôt après, Pierre Boys le vendit à M. Félix Bruyés, seigneur de St Chaptes, celui-ci en fit une écurie.
 
D'abord il réunit les colonnes du pérystile par une muraille en briques, pour cela, il enleva à chacune plusieurs cannelures pour bâtir plus commodément sa muraille, fit une coupure dans l'épaisseur de celle du milieu pour rendre l'entrée plus large, pratiqua des greniers au moyen de plusieurs charpentes, perça les murs pour placer les crèches.
 
une coupure inclinée fut faite aux colonnes du devant
 
Enfin, une coupure inclinée fut faite aux colonnes du devant pour fixer un hangar à l'extérieur, lorsque l'intérieur n'était pas suffisant pour établer les bestiaux aux jours de foire et de marché.
 
En 1670, les religieux Augustins, qui logeaient dans la maison contiguë que Pierre Boys avait fait construire, en firent l'acquisition de Félix Bruyés, et voulurent y construire une église, l'intendant du Languedoc s'y opposa vivement, mais les religieux obtinrent un arrêt du conseil, le 1er avril 1672, qui les autorisa.
 
on y ménagea des chapelles, une nef, un choeur
 
Alors tout l'intérieur prit une face nouvelle, on y ménagea des chapelles, une nef, un choeur, des tribunes (3). Les souterrains du portique furent consacrés à l'inhumation des particuliers, et les religieux pratiquèrent, pour leurs sépultures, des caveaux sous le sanctuaire (4). Tel était l'état de cet édifice, lorsque M. de Baville, intendant du Languedoc, fit démolir toutes les maisons qui y étaient adossées.
 
Les Augustins continuèrent d'en être possesseurs jusqu'en 1789. A cette époque, les ordres religieux ayant été supprimés, leur maison fut affectée au service de l'administration centrale du département, cette administration tenait quelquefois ses séances publiques dans la Maison Carrée.
 
Pendant le cours de la révolution, et depuis lors, on l'a vue servir de grenier et de magasin public. Enfin, pour donner à ce beau monument une destination qui fût digne de lui, M. Villiers du Terrage en fit un Musée destiné à recevoir tous nos fragments les plus précieux. (5)
 
musée actuel, 2003.
 
L'inauguration eu lieu le 11 mars 1824.
 
La rue Auguste a été percée en face, et les fouilles continuées du côté de l'est. Maintenant ce bel édifice est isolé au milieu d'une place très vaste, et entouré d'une grille formant une enceinte, où l'on s'occupe à réunir tous les plus précieux fragments de l'antiquité (6).
 
J. F. A. Perrot, 1846
 
 
 
(1) Avant cette époque, il était tellement masqué par des maisons qui lui étaient adossées, qu'il était à peu près inconnu; et l'on ne peut en découvrir aucune trace dans l'histoire, avant ce temps. Cependant, plusieurs auteur, pensent, avec raison, qu’il a dû servir d'église dans la première époque du christianisme. (Notice de M. de Seynes, sur la Maison Carrée.)
(2) L'on peut voir le peu de cas que la ville faisait de ce monument, elle le livre à un particulier, afin d'en obtenir un emplacement pour construire un hôtel de ville.
(3) M. Séguier fit restaurer quelques parties de ce monument qui en avaient besoin, et c'est alors que furent attachés ces crampons de fer que l'on voit en plusieurs endroits des colonnes, surtout à celles du pérystile, ils étaient destinés à soutenir le plâtre qu'on y mit pour compléter les cannelures qui manquaient.
(4) L'on voit encore les traces de plusieurs fenêtres en ogives faites pour éclairer cette chapelle.
(5) Nous avons déjà vu , par le résultat des fouilles ordonnées par ce savant magistrat, et par les restaurations qu'il a fait exécuter, combien nous lui devons de reconnaissance.
(6) Les maisons ont été démolies, à la fin de l'année 1831, à la distance de 25 mètres de l'édifice, du côté de l'est, et sur cette ligne s'élèvent de très belles maisons qui formeront bientôt une des plus belles places de la ville.
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CURIOSITÉ
Les curieux peuvent apercevoir, cachés dans la frise côté Ouest 5 oiseaux.
 
Photo Georges Mathon, juillet 2011
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