La Maison Carrée, transformée en tombeau en 1576 ? Par Léon Ménard, histoire de la ville de Nîmes, 1760.
La duchesse d'Uzès se propose de faire de la Maison Carrée de Nîmes un tombeau pour le duc d'Uzès et pour elle, et d'y fonder deux hôpitaux
Ce ne fut pas le seul des édifices publics de Nîmes dont on projeta de changer l'usage et la destination.
Dans le même temps, celui de la Maison Carrée, ce superbe bâtiment, si digne de la magnificence romaine, parut à Louise de Clermont comtesse de Tonnerre, duchesse d'Uzès un monument propre à servir de tombeau pour elle et pour Antoine de Crussol premier duc d'Uzès, son mari, qui était mort dès le 15 d'août de l'an 1576.
Cette dame se proposait aussi de fonder deux hôpitaux près de cet édifice, l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes, et d'assigner deux mille livres de rente pour leur entretien.
Elle fit d'abord part de son projet à deux particuliers de Nîmes, qui étaient le conseiller Clausonne et l'avocat Favier. Ensuite elle écrivit d'Uzès aux consuls de Nîmes, le 25 de novembre de l'an 1576, pour leur communiquer l'intention où elle était et pour les prier de s'employer à lui procurer, à un prix raisonnable, l'achat qu'elle voulait faire de la Maison Carrée.
Sur sa lettre, le conseil de ville ordinaire s'assembla, le 29, et délibéra (1) de lui faire des remerciements de sa bonne volonté pour la ville. Outre cela, le conseil nomma les consuls et quatre conseillers de ville, pour négocier le prix de l'acquisition de ce bâtiment avec les dames de Seine et de Valeirargues, qui en étaient les propriétaires, comme filles et héritières de feu Pierre Boys.
Ce premier projet néanmoins n'eut aucune suite mais..
Deuxième tentative en 1577.
La duchesse d'Uzès offre une somme d'argent de la Maison Carrée de Nîmes pour y bâtir un hôpital, suivant son premier projet. Les consuls agissent pour faire réussir cet achat.
On délibéra de nouveau, (1) dans le même conseil, sur le projet que la duchesse d'Uzès avait autrefois formé d'acheter la Maison Carrée et d'y bâtir un hôpital.
Comme elle offrait de donner 4000 livres de cet ancien édifice et que la ville prenait un intérêt particulier à la consommation de ce projet, il fut conclu que les quatre consuls, avec le docteur Favier agiraient encore auprès des dames de Valeirargues et de Seines, propriétaires de cet édifice et qu'ils en feraient ensuite leur rapport au premier conseil général.
Mais ces soins n'eurent pas plus de succès que les premiers.
Léon Ménard
(1) - Archives de l’hôtel de ville de Nîmes, registre du XVI, délib. folio 55.
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