Les Anciennes Fortifications

de Nîmes

M. Igolen, 1935.

 

 

 

IV

Nîmes de la décadence romaine  au XIe siècle.

 

La chute de l'empire romain entraîna la décadence de Nîmes qui, après avoir été une des villes les plus importantes de la Narbonnaise, devait être réduite à l'état de simple bourgade. L'invasion des Barbares, des troubles politiques, et des guerres civiles, l'occupation sarrasine et le funeste passage de Charles Martel devaient être la cause de cette décadence qui ne prit fin qu'à l'aurore du Xle siècle. Pour résumer l'histoire de Nîmes au cours de cette triste période, rien ne saurait mieux le faire que ces deux pages empruntées à l'Histoire du Château des Arènes, de M. Mazauric, à qui nous avons déjà fait largement appel.

 

« Nos historiens, écrit M .Mazauric, ont tendance à exagérer les dégâts causés par les invasions des Barbares. Beaucoup de récits tendent à la légende. Ces peuples qui passaient en tourbillon sur nos terres, étaient surtout des pillards pressés de jouir des richesses accumulées par les Romains, mais incapables d'une destruction méthodique. Ils laissèrent derrière eux bien des ruines, mais ils n'eurent ni le temps, ni le dessein de s'attaquer aux grands édifices publics.

 

....Au Vle siècle, les murailles de Nîmes sont intactes et en état de résister efficacement à plusieurs assauts des troupes franques qui portaient leurs ravages dans la campagne avoisinante.

 

...C'est à Charles Martel qu'il faut faire remonter la ruine de nos principaux édifices. On lui attribue l'incendie des arènes, celui de la ville entière, ainsi que la ruine des remparts et du merveilleux Nymphée.

 

Après cette dévastation, la population est presque entièrement décimée et la ville réduite à l'état de bourgade.

 

La plupart des maisons avaient été renversées. Beaucoup ne furent pas reconstruites et l'herbe se mit à pousser sur de grands espaces inoccupés. Les pentes des collines furent abandonnées. Les inondations périodiques de notre Fontaine ayant fini par combler le « Cloaca Maxima », les eaux se mirent à divaguer par les anciennes rues, transformant un une vaste prairie toute la partie orientale de la Cité.

 

Pour comble de malheur, aux approches du Xe Siècle, lorsque la ville essaie de se relever lentement de tous ces désastres, elle ne peut le faire qu'en organisant le pillage des belles constructions romaines qui existent encore en assez grand nombre !

 

C'est un nouveau vandalisme qui commence, plus terrible encore dans ses conséquences que le premier. Pour la construction des remparts, des églises et des habitations nouvelles, les monuments antiques sont autant de carrières où l'on ne cesse de puiser pendant des siècles.

 

Après l'incendie de Nîmes par Charles Martel, et en attendant la construction d'une nouvelle enceinte, on se contenta de fortifier quelques points stratégiques et de créer un certain nombre de forteresses indépendantes susceptibles d'offrir un refuge momentané à la population.

 

En premier lieu, les portes anciennes de la ville, à une ou plusieurs ouvertures flanquées de tours massives et pourvues d'une cour intérieure, (cavedium), entourées de courtines de tous côtés, offraient à la défense une disposition très favorable. Ainsi la Porte d'Arles, la Porte Vieille ou des Arènes et la Porte d'Espagne (Porte Couverte), formèrent autant de petits châteaux confiés à la garde de seigneurs ou chevaliers qui ne tardèrent pas à se les inféoder et à en prendre le nom.

 

Pour contenir les eaux du Cloaca Maxima et les faire servir à la défense de la ville, on creusa, au cours du Xe siècle, deux vallats ou fossés, à l'ouest et au nord, formant un triangle avec la partie du rempart romain intact du côté de l'est.

 

Le fossé de l'ouest, « Fossatus » ou « Vallatus Campi Martii » se divisa en deux branches qui faisaient le tour complet de l'amphithéâtre et l'isolaient il la fois de la ville et de la campagne. Les eaux de ce fossé devaient très probablement se déverser ensuite dans l'ancien fossé extérieur du mur antique, en un point très voisin de la Porte Vieille, non loin de l'endroit où devait s'élever plus tard la Tour Vinatière... »

 

Cette rapide description montre comment fut assurée, tant bien que mal, la défense de Nîmes dans le laps de temps qui s'écoula de l'abandon des remparts romains à la construction de nouveaux murs au Xle siècle.

 

SUITE REMPARTS DE NÎMES

 

> 1 - AVANT-PROPOS.

> 2 - L'ENCEINTE ROMAINE.

> 3 - LES SEPT COLLINES DE NÎMES.

> 4 - NIMES DE LA DECADENCE ROMAINE AU XIe SIÈCLE.

> 5 - LES REMPARTS DU MOYEN-AGE

> 6 - LE CHATEAU ROYAL DE NÎMES.

> 7 - LES FORTIFICATIONS DE ROHAN - 1621 à 1629.

> 8 - LA CITADELLE ET L'ENCEINTE SUPPLEMENTAIRE DE 1687

> 9 - ENCEINTE SUPPLEMENTAIRE DES FAUBOURGS XVe ET XVIe SIÈCLES.

> 10 - LES CASERNES

> 11 - REPARATIONS ARMEMENT - DÉFENSE DES REMPARTS

> 12 - LA DÉMOLITION DES REMPARTS DE NÎMES

 

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