Les Anciennes Fortifications

de Nîmes

M. Igolen, 1935.

 

 

Le château de Nîmes par Ferdinand Pertus

 

VI

Le Château Royal de Nîmes.

 

A la suite du voyage que le dauphin, plus tard Charles VII, fit dans le Midi et après être passé par Nîmes, écrit Germer-Durand dans « Le Château Royal de Nîmes », ce prince ordonna la construction d'un château-fort, comme signe de sa puissance, dans la ville gouvernée concurremment jusque-là par les consuls des chevaliers du château des Arènes appartenant au roi comme successeur des comtes de Toulouse, et les consuls élus par le peuple.

 

Ce fut Pierre de Chevreuse, chevalier, commissaire du roi et général gouverneur des finances du pays de Languedoc, qui ordonna de Carcassonne, le 20 juillet 1391, « que ce castel serait basti en certain lieu de cette ville appelé le Sonal (pour portal) des Carmes, auquel sont deux grosses tours accouplées de gros murs ».

 

Ces grosses tours sont les anciennes tours de la Porte d'Arles et les gros murs les remparts romains qui les accompagnent.

 

Ce château connu dans la suite sous le nom de « Château Royal » se composait de l'ancienne Porte d'Arles et d'une partie de ce qui fut plus tard le couvent des jacobins ou Dominicains, dont la chapelle actuelle sert aujourd'hui de Grand Temple.

 

Il occupait une surface d'environ 3350 mètres carrés, Sa longueur, parallèle au boulevard Amiral-Courbet actuel, était de 69 mètres environ, et sa profondeur de 47 mètres 50 ; il s'étendait du boulevard à la Place du Château. Du côté des fossés, c'est-à-dire extérieurement à la ville, il était flanqué des deux tours romaines, et du côté opposé de deux autres tours qui ne furent construites qu'en 1443, au cours de réparations et 'du remaniement du Château.

 

Les anciennes tours romaines en pierre de taille et sans ciment ne paraissant pas assez solides aux yeux de l'architecte furent doublées en dedans et en dehors par une maçonnerie qui leur donna une épaisseur de 3 m. 30 ; trois ouvertures de l'ancienne Porte d'Arles furent ensevelies sous les murs de la forteresse ; le plus grand arc de droite seul fut conservé et devint la porte d'entrée.

 

Une cour avec puits occupait le milieu des bâtiments. Au-dessus de l'entrée du château se trouvait une rangée de cinq écussons, celui du milieu portait les armes du roi de France, les autres celles des oncles du roi.

 

Un chanoine, Geoffroy Paulmier, ayant institué le roi Charles VII son héritier sous condition que son héritage serait employé à la donation d'une chapelle, fondée en l'honneur de Saint Michel et renfermée dans le nouveau château, une petite chapelle fut construite sous le grand arc de gauche de la Porte d'Arles et le buste du donateur fut placé dans celle-ci.

 

Le Château Royal joua un certain rôle dans notre histoire locale. Sous Charles VI, à l'époque où la France resta livrée aux factions des Armagnacs et des Bourguignons, le Château fut assiégé une première fois, en 1418, par le prince d'Orange, du parti des Bourguignons, et défendu par les partisans du dauphin, une deuxième fois, en 1420, par le dauphin lui-même qui vint assiéger Nîmes et son château, aux mains de ses ennemis. Après une résistance opiniâtre de 10 à 12 jours, la garnison se rendit à discrétion.

 

Afin de punir la ville de sa rébellion, Charles VII fit abattre une partie des murs de Nîmes, et arracher en une autre partie, à peu près vers le milieu de la hauteur des murs du côté des fossés, deux rangées de moellons d'assises, assemblées à la règle et de niveau, qui en forment le parement et dans la longueur de huit ou dix pieds. (d'après J. des Ursins, Hre du Languedoc).

 

Quatre ans après, Charles VII pardonna à la ville de Nîmes et lui restitua les privilèges dont elle l'avait privée, mais il imposa une garnison au Château, entretenue aux frais de la communauté.

 

En 1563, l'armement du Château comprenait particulièrement : deux canons montés, dix-huit arquebuses non montées, un fauconneau, trois mousquets, six arquebuses à crocs de fer montées, sans compter l'armement récemment reçu aux cours des troubles précédents.

 

En 1570, le Château fut assiégé et pris par Saint-Cosme, gouverneur de la ville pour les protestants, qui fit démolir les deux tours construites en 1443.

 

Dans la suite, le Château perdit peu à peu de son importance.

 

Après la démolition des fortifications de Rohan, en 1632, il ne subsista plus du Château Royal que la portion sur les fossés, faisant partie de l'enceinte continue et des masures avec un certain périmètre de terrain.

 

En 1635, l'ancien couvent des Dominicains du quartier des Bourgades se trouvant entièrement ruiné par suite des guerres de religion, Louis VIII céda à ces religieux, pour y établir leur nouveau couvent les ruines et les masures du vieux Château Royal, soit une contenance de six éminées environ de terrain (3400 mètres carrés). Les Dominicains commencèrent la construction de leur couvent vers 1644 et ce ne fut qu'en 1774 seulement qu'ils entreprirent celle de leur chapelle, le Grand Temple actuel ; ils auraient voulu démolir les anciennes tours de la Porte d'Arles, mais les consuls de la ville s'y opposèrent et seules disparurent complètement celles de la place du Château.

 

Nous avons dit ailleurs qu'en 1793, en démolissant ce qui restait des anciennes fortifications de Nîmes, on découvrit l'ancienne Porte d'Arles sous les ruines du vieux Château Royal. Dans la suite, l'intérieur de la Porte d'Arles servit de cour aux écuries de la gendarmerie installée dans les bâtiments de l'ancien couvent des Dominicains. En 1848, le Préfet du Gard ordonna des fouilles, fit effectuer quelques restaurations dans l'intérieur de la Porte d'Arles, et la mise à nu du sol romain, où il fit transporter quelques antiquités. En 1867, la Porte d'Arles fut l'objet de nouveaux remaniements, on agrandit l'espace libre derrière les ruines romaines, on dégagea le monument du côté de la tour de gauche et la vieille porte romaine se présenta telle que désormais nous la voyons.

 

SUITE REMPARTS DE NÎMES

 

> 1 - AVANT-PROPOS.

> 2 - L'ENCEINTE ROMAINE.

> 3 - LES SEPT COLLINES DE NÎMES.

> 4 - NIMES DE LA DECADENCE ROMAINE AU XIe SIÈCLE.

> 5 - LES REMPARTS DU MOYEN-AGE

> 6 - LE CHATEAU ROYAL DE NÎMES.

> 7 - LES FORTIFICATIONS DE ROHAN - 1621 à 1629.

> 8 - LA CITADELLE ET L'ENCEINTE SUPPLEMENTAIRE DE 1687

> 9 - ENCEINTE SUPPLEMENTAIRE DES FAUBOURGS XVe ET XVIe SIÈCLES.

> 10 - LES CASERNES

> 11 - REPARATIONS ARMEMENT - DÉFENSE DES REMPARTS

> 12 - LA DÉMOLITION DES REMPARTS DE NÎMES

 

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