LA FONTAINE DE NÎMES.

Par M. Igolen,

Mémoires de l’Académie de Nîmes, 1945

 

Après la dévastation de Nîmes par Charles Martel.

(de 737 au XIIIe siècle)

 

En compulsant l'« Histoire du Château des Arènes », par M. Mazauric, 1934, nous avons pu réunir les renseignements ci-après concernant l'écoulement des eaux de la Fontaine après la dévastation de Nîmes par Charles Martel au VIIIe siècle.

 

Après le funeste passage de Charles Martel en 737, tout l'espace situé à l'ouest des Arènes et les abords de la Fontaine avait été entièrement saccagé et aplani, formant ce qu'on a appelé, au Moyen-Age, le Champ de Mars.

 

La « cloaca maxima » et la plupart des anciens aqueducs ayant été plus ou moins obstrués par les ruines et les inondations périodiques, de la Fontaine, les eaux de la source ne tardèrent pas à divaguer à travers les rues, et les champs de décombres et finirent par transformer en une vaste prairie toute la partie orientale de la cité.

 

Et ce fut sans doute autant pour contenir les eaux que poux les faire servir à la défense de la ville, qu'on creusa les deux vallats ou fossés de l'ouest et du nord, formant un triangle avec la partie du rempart romain encore intact du côté de l'est.

 

Le fossé de l'ouest le plus intéressant des deux, est désigné dans nos anciens textes sous le nom de «fossatus » ou « vallatus Campi Martii ».

 

Aux abords de ce qui fut plus tard la Porte des Garrigues ou de Saint Antoine, il se divisa à son tour en deux branchés, qui faisaient le tour complet de l'Amphithéâtre et l'isolaient complètement de la ville et de la campagne.

 

La facilité avec laquelle on pouvait entrer ou sortir des Arènes au cours de l'occupation wisigothique (472-722), permet de penser qu'il n'y avait pas encore de fossé autour de l'amphithéâtre. Le fossé de l'Ouest ne fut jugé nécessaire qu'à l'époque franque et dut être aménagé au cours du Xe siècle.

 

Après le passage de Charles Martel, la ville réduite à l'état de bourgade ne put conserver son immense circonvallation de l'époque romaine. En attendant la construction d'une nouvelle enceinte de moindre étendue, ce qui fut l’œuvre des Xle et XIIe siècles, on se contenta de fortifier quelques points stratégiques, avec le restant des anciennes portes et tours de l'enceinte d'Auguste, et de créer ainsi un certain nombre de petites forteresses indépendantes susceptibles d'offrir un refuge momentané à la population.

 

Pendant tout le XIe siècle, il n'y eut en fait de travaux de défense que le fossé de l'Ouest du Champ de Mars qui contournait les Arènes et recevait ses eaux. Nous ne connaissons pas son tracé exact autour du monument, il est probable cependant qu'il venait déverser les eaux qui l'alimentaient dans l'ancien fossé extérieur du mur romain en un point voisin de la Vieille Porte des Arènes, non loin de l'endroit où s'éleva plus tard la « Tour Vinatière », et où l'on voit encore les traces du ruisseau de « la Canal », qui se rendait de ce point vers le Vistre de Nîmes, où il se déversait au Pont de la Servie, après avoir contourné l'Esplanade actuelle, l'ancien Pré aux Clercs, sur l'emplacement du Lycée de jeunes Filles actuel.

 

Quant au Rivus Cagantiolus, il aurait continué de couler souterrainement, tout comme autrefois.

 

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