LA FONTAINE DE NÎMES.
Par M. Igolen,
Mémoires de l’Académie de Nîmes, 1945
 
 
 Au Moyen-Age,
après la construction de la nouvelle enceinte
et jusqu'à la démolition de celle-ci (1789).
 
 
Après la dévastation de Nîmes par Charles Martel, avons-nous dit, la Cloaca Maxima et la plupart des anciens souterrains avaient été plus ou moins obstrués.
 
La Cloaca Maxima, ne pouvant plus s'écouler dans son aqueduc construit sous la Voie Domitienne elle-même, finit par ne plus passer au-dessous de celle-ci, mais par-dessus les dalles de la voie lui servant alors de radier, dès lors, elle coula à découvert au milieu de la Rue Nationale actuelle et prit dans la suite le nom de « l’Agau », celui-ci continua à déverser ses eaux dans les fossés des remparts à la Porte d'Auguste, l'antique Porte d'Arles, exactement là où se trouve aujourd'hui le Bar de la Porte d'Auguste.
 
La construction de l'enceinte du Moyen-Age, terminée en 1184, suivant M. Mazauric, ne changea rien à l'écoulement des eaux de la Cloaca, devenue l'Agau mais l'ancien « Vallat de l'Ouest » fut complètement remanié ou mieux remplacé par un large et profond fossé, longeant les remparts depuis le Square Antonin, actuel à la Porte d'Auguste.
 
Ainsi toutes les eaux, de la Fontaine se déversèrent dès lors dans les fossés des remparts. Dans ceux-ci, les unes et les autres, celles de l'Agau et celles du fossé ouest, se réunissaient au point le plus bas des fossés, c'est-à-dire dans l'espace compris entre la Porte d'Auguste et la Porte de la Couronne. Là, elles traversaient souterrainement le Boulevard Amiral Courbet actuel, puis réapparaissaient à découvert au quartier des Calquières sous la forme de trois petits ruisseaux.
 
Le premier de ces ruisseaux, le plus important, apparaissait en un point situé sous le Colysée actuel.
- Le deuxième, en face de la Rue Poise actuelle et allait se déverser dans le précédent.
- Le troisième vers l'extrémité sud-est du Boulevard Amiral Courbet et suivait ensuite là direction de l'impasse et de la rue Randon actuel. Tous les trois allaient déboucher dans un bassin, muni d'une écluse, occupant I'emplacement de la Place de l'Ecluse actuelle.
 
Ce bassin réservoir avait été construit pour pouvoir maintenir dans les fossés des remparts la quantité d'eau nécessaire à la défense de la ville. Quand les eaux de la Fontaine étaient trop abondantes et leur niveau dans les fossés trop élevé, on ouvrait l'écluse pour en faire écouler le trop plein dans le Vistre de Nîmes (nom donné au canal de la Fontaine ou à l'Agau à sa sortie de l'Ecluse), quand, au contraire, les eaux étaient trop peu abondantes pour que leur niveau dans les fossés fut insuffisant, on fermait l'écluse et celles-ci, sans issue, se répandaient ou mieux s'accumulaient dans les dits fossés jusqu'à ce qu'elles aient atteint le niveau voulu. A quelle époque fut construit le bassin réservoir ? nous l'ignorons. A l'origine, l'eau était retenue dans les fossés entourant les remparts par des écluses aménagées là où le besoin s'en faisait sentir. Nous lisons, en effet, dans Ménard (T. I, p. 181 et 193) « qu'en 1358, le conseil de ville ordonna qu'on remplirait, les fossés d'eau et qu'on retiendrait celle-ci avec soin...», puis que les fossés ayant été remplis d'eau, celles-ci y serait retenue par de nouvelles écluses. Il semble bien d'après cela que l'eau était alors, retenue dans les fossés par des écluses établies dans ceux-ci.
 
En 1527, nous lisons encore dans Ménard (T. IV, p. 107)  pour mettre mieux la ville en état de défense, on fit remplir d'eau tous les fossés qui étaient autour des remparts, après quoi on ferma les écluses. Quelles écluses ? dirons-nous, celles des fossés ou du bassin réservoir ? Peut-être bien celles de ce dernier.
 
Que devint au cours de cette longue période le Rivus Cagantiolus ? Au Moyen-Age, il donna son  nom à une rue de Nîmes, la Rue Caguensol, dont l'étymologie ne rappelle rien de bien odoriférant, et qui a disparu lors de la création des nouvelles rues de Nîmes, vers la fin du XIXe siècle. Il a dû subsister longtemps et finir par s'obstruer complètement, on pourrait certainement en retrouver encore des traces dans le sous-sol de la ville.
 
-oOo-
 
> Contact Webmaster