Simon-Pierre Grizot importe le métier à tisser en 1680
métier à tisser du début XVIIIe siècle.
Ce n'est qu'en 1852 et dans sa session du mois d'avril que le conseil municipal déclara d'utilité publique l’ouverture de l’impasse Grizot (qui portait ce nom depuis 1824) pour mettre en communication la rue Roussy avec le boulevard des Calquières (actuellement Amiral Courbet) et pour donner du jour et de l'air à l'époque quartier occupé par les tanneurs.
Cette rue doit son nom à un marchand de Nîmes, Simon-Pierre Grizot, qui, après la paix de Nimègue (1) , vers l'an 1680, rapporta à Nimes, à son retour de Londres où il avait passé quelque temps, les dessins de toutes les pièces qui composent le métier à faire des bas de soie ou de filoselle.
Cette industrie, toute nouvelle pour la contrée, prit bientôt un grand développement dans le Languedoc et notamment dans le département du Gard, dont elle fit la richesse pendant longtemps.
Grizot, l'importateur de la machine anglaise, vit ses affaires prospérer rapidement, d’autant plus que pendant quelque temps il eut le monopole de cette fabrication: mais ayant eu le tort de confier la construction de ses métiers à un serrurier habile nommé Pastre, celui-ci en ayant copié les dessins trompant la confiance de Grizot, fabriqua une grande quantité d'autres métiers qui se répandirent bientôt dans tout le Languedoc.
A partir de ce moment, la position de Grizot périclita et il dut renoncer à son commerce et chercher une autre position.
Nous trouvons la confirmation de ce fait dans une supplique adressée par lui, en 1750, à Mgr Lenain, conseiller d'Etat et intendant de la province. Voici la copie de ce document dont l'original se trouve dans les archives départementales, C 988, page 157.
« Supplie humblement sieur Simon-Pierre Grizot, de la ville de Nimes, et vous remontre que les circonstances du tems luy ont fait abandonner sa fabrique et son commerce par rapport aux différentes pertes qu il y a fait, quy le métent hors d'état de le continuer, joint encore l'acquisition qu'il avoit fait de Foffice de greffier en chef au séûéchal de Nismes qu'il a été obligé de revendre, ce qui Iuy a occasionné différents procès quy lui ont coûté des sommes considérables dont l'un est actuellenent pendant au parilement de Toulouse et d'autre part, il paye environ deux cents livres de taille réelle, et quoyqoe dans cette situation, se trouvant d'ailleurs chargé d'one nombreuze famille, sa capitation doive être modique, néanmoins il est taxé annuellement pour cette capitation la somme de nonante livres dix sols outre cent septante livres de dixième, sans avoir même égard que dans tous les passages des grands seigneurs et des troupes, la ville l'oblige de fournir un logement gratuitement et sans rien payer, et comme cette taxe est manifestement excessive et injuste, ny ayant aucuns des négotiants les plus fameux de ladite ville de Nismes quy soit taxé à une sy grande somme, le suppliant a recours à vôtre grandeur pour luy être pour veu. A ces causes, plaise à vos grâces mon seigneur, ordonner que la taxe de capitation du suppliant demeurera réduite annuellement à la somme de trente livres, avec déffenses de le taxer à une plus grande somme et feres justice. Grizot, signé. »
Ce même document nous apprend la suite qui fut donnée à cette supplique :
« Nous en l'absence de Mgr l'Intendant ordonnons que la présente requête sera communiquée au syndic du diocèse de Nimes pour y répondre après en avoir fait délibérer MM. les commissaires ordinaires du diocèse et sur leur avis être ensuite ordonné ce qu'il appartiendra, fait à Nimes, le 10 septembre 1749. - Tempié, sous-intendant, signé.
En conséquence, des informations prises sur les faits contenus en la requête, l'on estime y avoir lieu de modérer à la somme de soixante-quinze livres non compris la taxe des domestiques, la capitation du suppliant pour l'excédant de ladite taxe y estre teneu en compte par le collecteur. Ainsi délibéré au bureau de la commission. - Ginhoux, syndic, signé.
Veu la présente requête et la réponse cy-dessus au syndic du diocèse de Nimes, nous avons modéré la taxe pour laquelle le suppliant a été compris dans le rolle de taxe capitation de l'année dernière 1749 à la somme de soixante-quinze livres sans en comprendre la taxe de ses domestiques, l'avons déchargé da payement de l'excédent qui sera passé en reprises au collecteur. Fait à Montpellier, le 12 avril 1750. - Lenain, signé. »
C’est Grizot qui dès l'année 1680 introduisit à Nimes le métier à faire des bas de soie ou filoselle.
Il fallut naturellement quelques années pour que ce genre d'industrie se développât, mais il se multiplia bientôt, et dès 1710 la corporation des marchands et fabricants de bas était régie par des règlements particuliers qu'on peut lire dans nos archives départementales.
Ce n'est qu'à partir de 1743 que cette industrie acquit une importance réelle non seulement à Nimes, mais encore dans les Cévennes.
Les mémoires du temps font connaître que dans cette année, on comptait à Nimes et dans sa banlieue près de 6 000 métiers en activité, mais cette ère de prospérité ne dura pas longtemps, le 25 mars 1754, un arrêt du conseil ayant autorisé l'exportation des métiers à bas dans les états voisins, il se créa ainsi une concurrence fâcheuse pour les produits de la fabrique de Nimes. De plus, les événements politiques ayant entraîné une coalition contre la France, nos produits furent prohibés de tous côtés, et le coup de grâce leur fut donné par le gouvernement espagnol, qui, en 1778, prohiba l'entrée de l'Espagne et de ses colonies des Indes occidentales à la plupart de nos articles manufacturés.
Pour apporter quelques améliorations à cet état de choses, le gouvernement accorda au commerce de Nimes l'autorisation de fabriquer des bas de soie au dessous du poids fixé par les règlements, mais à la condition que ces bas seraient portés dans un bureau, où il serait apposé sur chaque pièce, moyennant l'impôt d'un sou, un plomb portant ces mots gravés : Pour l'Etranger. Ces nouvelles obligations, loin d'améliorer la position de nos fabricants, amenèrent au contraire de fâcheux résultats, soit par la négligence des commis chargés de la pose des plombs, ce qui retardait les expéditions, soit enfin par une foule d'autres inconvénients.
Aussi, pendant tout le temps que dura ce régime, la fabrique fut-elle désolée par une infinité de procès-verbaux, de saisies, d'amendes et de confiscations qui arrêtèrent l'essor de l'industrie nîmoise et donnèrent lieu aux manufactures rivales étrangères de s'emparer de la fourniture importante du Mexique.
D'après les relevés statistiques publiés en 1773 dans l'ouvrage de M. Paulet, on comptait à Nimes près de 8 000 métiers pour faire des bas de soie. D'après MM. Vincens et Baumes dans leur topographie de Nimes, cette fabrication occupait encore en 1790, 4 000 métiers. Enfin, suivant l’exposé de la situation, de la France, ouvrage présenté au Corps législatif en 1800, la bonneterie de Nimes comptait à cette époque 1200 métiers battants ; en 1811, ce nombre s'élevait à 4 910 ; mais il y a là évidemment de l'exagération.
Les exigences de la mode ont peu à peu fait abandonner l'usage des bas de soie, aussi c'est à peine si de nos jours on compte encore quelques rares métiers qui ne trouvent pas toujours de l'occupation.
Grizot, comme la plupart de ceux que la fortune a favorisés, dut à un moment donné payer son tribut à la faiblesse humaine, et une bouffée d'orgueil s'emparant de lui, nous le voyons, en 1694, prendre les armoiries suivantes :
D'argent à un chevron de gueules accompagné de trois chouettes de sable et un chef d'azur chargé de trois étoiles d'argent.
Il faut ajouter à sa décharge, qu'à cette époque, comme aujourd'hui du reste, il n'était pas difficile d'obtenir une pareille permission et qu'il n'en coûtait pas cher, puisqu'il ne paya pour cela qu'une modique somme de vingt livres.
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Extrait de Nîmes et ses rues - Albin Michel - 1876 - Tome II, page 41 à 46. > Origine de l'Industrie de la Soie à Nîmes et dans le monde, par Vincens St-Laurent, 1809 > Les maladies des vers à soie sous l'ancien régime > La station séricicole de Montpellier en 1874 > La maladie des vers à soie 1853-1875, achats de graines lointaines > Les moyens de lutte > Est-il possible de reconnaître les graines et les vers malades > La mission de Louis Pasteur > Qu'est ce que le moulinage - extrait de "Au fil de l'écomusée" de Chirols . L'industrie textile à Nîmes > Grizot introduit, à Nîmes, le métier à tisser en 1680 . > Contact Webmaster |