EXTRAIT
DE LA SOIE EN
VIVARAIS 1921 Professeur
à l’école normale de Privas Diplômé d’études supérieures d’histoire et de
géographie. La
crise séricicole. Achat de graine lointaine, modes nouveaux
d'éducation, n'étaient que des palliatifs. La seule méthode efficace devait
être d'étudier les causes de la maladie, et les remèdes à essayer. Dans ce domaine,
les chercheurs, sérieux ou fantaisistes n'ont pas manqué en Vivarais. Pour les causes, l'on paraît s'être demandé
surtout si le fléau avait pour origine une maladie du ver ou une maladie du
mûrier. Beaucoup ont adopté cette dernière hypothèse et ont même pratiqué le
soufrage du mûrier. Reybaud cite d'après eux les faits suivants.
Dans un village de l'Ardèche, une chambrée entière, condamnée après la 1er
mue, est jetée sur le fumier. Passe une femme du hameau, qui ramasse une
partie des vers, et les nourrit des feuilles de trois beaux mûriers bien
exposés et vigoureux qui poussaient devant sa maison ; les autres mues se
passent bien, la récolte est une des meilleures à plusieurs lieues à la
ronde. Peut-on expliquer le fait si c'est la graine qui est malade et non
l'arbre ? Plusieurs chambrées étaient élevées dans une
île du Rhône ; une inondation, à la grande inquiétude des propriétaires
riverains, interrompt plusieurs jours les communications. Quand les eaux ont
baissé, on constate que tout était en bon état ; les vers avaient dévoré les
feuilles jusqu'à la côte, mais se portaient très bien, et réussirent
parfaitement, alors que les éducations riveraines avortèrent. L'idée de la maladie végétale est celle à
laquelle s'attache tout particulièrement M. de Plagniol, remarquable
sériciculteur de Chomérac, et secrétaire (après Personnat) de la Société des
Sciences naturelles et historiques de l'Ardèche. Pour lui, la maladie a pour cause les
champignons du fusisporium nés sur les feuilles et dont les spores, très
ténus, sont facilement emportés par le vent en même temps qu'ils sont
développés par l'humidité ; ils laissent, sur les feuilles atteintes, de
nombreuses taches brunes dont ils occupent le centre. Par eux, l'alimentation
du ver devient anormale, d'où la maladie. La propagation de ces champignons coïncide
d'une façon surprenante avec les grands travaux de terrassement et de
creusement pour la construction des voies ferrées, en particulier celles de
Lyon Marseille et du Midi, dans des terrains souvent marécageux, abondants en
débris végétaux, et d'où peuvent se dégager des miasmes putrides. La grande
maladie de 1688-1710 n'avait-elle pas également suivi de près la construction
du canal du Midi (1666-1680), travail plus restreint qui aura eu des effets
moins intenses ? Cette cause végétale de la maladie apparaît
aussi la principale, ou la seule, au juge de paix de Joyeuse, Gagnat, vieux
praticien expérimenté. 11 a constaté en 1851 les symptômes d'un mal inconnu
sur le. feuillage du mûrier, et leur extension amenant celle de la maladie du
ver. En 1856 et 1857 particulièrement, la feuille répandait dans les caves
une odeur si infecte que le personnel attaché aux éducations finissait par en
être incommodé. Avant 1858, après 1858, vents humides, longues pluies jusque
bien avant dans l'été: par contre, en 1858, climat excellent, feuillage
luxuriant du mûrier, et belle récolte. Par une malencontreuse coïncidence,
c'est en 1858 que la Commission scientifique (de Quatrefages) envoyée par le
gouvernement vint étudier la maladie, et elle a conclu de ses observations
que le mûrier n'y était pour rien. Pour la maladie du ver, qu'elle vînt ou non du
mûrier, il n'est pas de supposition qui n'ait été faite, de remède que l'on
n'ait tenté : «Les gaz, les liquides, les solides ont été
invoqués pour guérir les pauvres malades, depuis le chlore jusqu'à l'acide
sulfureux ; depuis le vinaigre jusqu'au rhum, depuis le sucre jusqu'au
sulfate de quinine ». - Mme du Pouget, de Berrias, répand sur ses
vers du soufre à toute époque. - Mme A. Sabatier-Guibal, de Vernoux , a
éprouvé que les fumigations concentrées au soufre, même dans les cas très
graves, étaient radicales contre la contagion, qui n'atteint pas ses vers, et
contre la maladie elle même. - De Plagniol recommande de saupoudrer les
litières et même les vers d'un mélange de plâtre (100 parties) et de coaltar
(1 à 3 parties) ; Gagnat, à la suite de Coupier, sous-préfet du Vigan,
recommande également le coaltar. - Le Dr Deschanels, de Joyeuse, use des
dégagements de chlorure de chaux au sel de manganèse, et des fumigations avec
acide nitreux. - Onesti, de Vicence, a proposé un moyen pour
lequel le gouvernement français, s'il est efficace, lui accorde 500 000 fr :
il consiste à saupoudrer les vers avec de la suie de bois pulvérisée. La
commission ministérielle, qui donne un avis nettement défavorable, compte
parmi ses membres Hippolyte Dejoux, président de la Société d'agriculture de
l'Ardèche, et a comme rapporteur de Quatrefages. A côté de ces moyens, qui du moins sont
essayés publiquement, il y a nombre d'affirmations prétentieuses et
incontrôlables. Bolze, des Assions, reconnaîtra infailliblement les graines
bonnes ou mauvaises ; Silhol, de Lâgorce, résidant à Privas, guérira la France
en quatre ans ; Chamoutin, de Joyeuse, Boissel, de Grospierres, ont des
remèdes sûrs. Inutile d'insister sur ces fantaisies, qui
témoignent seulement de l'inquiétude générale. Elie Reynier, 1921 . L'industrie de la soie dans la région. L'industrie textile à Nîmes > Histoire de l'industrie textile de la ville de Nîmes par Hector Rivoire, 1853 > Passé et Présent de la Classe Ouvrière à Nîmes, étude de Félix De La Farelle, 1863 .. . . |