Extrait de "Au fil de l'écomusée" de Chirols

 

Qu'est ce que le moulinage

 

C'est une opération industrielle qui consiste à tordre un fil textile sur lui-même. Initialement spécifique de la torsion du fil de soie, le terme convient, depuis leur invention, aux fibres nouvelles (rayonne, nylon, tec...), dès l'instant où cette technique est apparue nécessaire pour leur conditionnement.

Bien évidemment, l'appellation moulinage dérive du mot moulin, nom donné à la machine conçue pour tordre le fil. On sait que ce mot n'est pas réservé aux seuls appareils à moudre le blé ; par extension et en rapport avec le mouvement de rotation de pièces mécaniques, on a ainsi appelé des machines à foulonner, à pilonner, etc...; or ces mouvements rotatifs sont le propre de l'activité moulinière, aucun autre nom ne pouvait mieux convenir.

Par extension l'usine assurant l'industrie de torsion s'est appelée "moulinage" (on peut aussi dire "fabrique" , bien que le terme ne soit pas aussi évocateur) ; l'industriel, quant à lui, est tout naturellement un moulinier.

 

Utilité et technique du moulinage

 

La torsion du fil de soie répond à plusieurs exigences (renforcement, régulation de la section entre autres) ; mais, par ailleurs, les effets de cette torsion, s'ils n'ont pas forcément été tous pressentis au départ, se sont avérés nombreux en aval du moulinage et le justifient un peu plus.

C'est que le moulinage n'est qu'une étape du long processus de traitement du fil de soie avant que, tissé et confectionné, il soit disponible pour le consommateur. Une rapide évocation de ces étapes n'est sans doute pas inutile.

Aux origines du fil

Chacun sait que la soie est un produit d'origine animale à la différence du coton ou du lin. Secrété par la larve du bombyx mori, le fil de soie, maintes fois enroulé sur lui-même, constitue une carapace : le cocon, susceptible de protéger les phases de la métamorphose qui transforme la chenille en papillon.

Ce simple fil fragile peut donner naissance à un cocon résistant car il est gainé d'une substance, le grès qui, en séchant, soude les tours de fil les uns aux autres.

la récupération du fil, long en moyenne de 1200 mètres, n'est possible qu'en ramollissant par immersion dans de l'eau chaude et traction sur l'extrémité du brin. Mais comme ce dernier est trop fragile pour résister aux contraintes de l'usage ultérieur, il faut dévider simultanément plusieurs cocons (de quatre à dix ) dont on réunit les "baves", le séchage du grès assure la cohésion du fil composé. Dés qu'un cocon est complétement dévidé, on le remplace par un autre tenu en attente, le nouveau brin est collé au fil en cours de constitution par son grès ; le calibre reste constant.

Cette opération de dévidage, après destruction des chrysalides emprisonnées dans leur cocon par la chaleur d'un four, s'est longtemps faite par les sériculteurs eux-mêmes. Au XIX ème siecle elle a été prise en charge par des usines spécialisées appelées filatures. on peut remarquer encore ,dans le bas-vivarais surtout, de vastes bâtiments percés de longues fenêtres cintrées pour un éclairage optimum des ateliers et dominés par une haute cheminée.

Le fils est disposé au terme de l'opération, en écheveaux appelés flottes dont le poids est d'environ 100 grammes ; il a fallu pour chacun environ 600 cocons. La soie obtenu est appelé grège car gainée par son grès. On peut désormais la tisser et obtenir des étoffes de couleur naturelle ; en ce cas le moulinage n'est pas absolument nécessaire. Par contre, si l'on veut colorer le fil la torsion est indispensable.

 

Le recours à la torsion

Le grès qui joue le rôle d'une colle, maintient associés les différents brins, qui s'avère alors réfractaire à la teinture: c'est pour cela que la soie grège ne peut être que de couleur naturelle. Si on veut teindre le fils, il faut le décreuser (élimination du grès), mais cela l'expose à une destructuration puisque les brins ne seraient plus maintenus en faisceau.Seule une torsion de ce fil sur lui-même permet d'éviter cet inconvénient.

On s'apercevra vite que selon l'intensité de cette torsion, les tissus constitués ultérieurement présentent un aspect trés variable notamment au niveau de l'élasticité, de la souplesse, d'où le maintien du moulinage pour le traitement des fibres artificielles et synthétiques depuis un siècle. Car la nature du tissu dépend en grande partie de la torsion, plus actuellement, de façons complémentaires.

 

Techniques du moulinage

 

Il y a au moins deux opérations de base, parfois plus. Les chinois, promoteurs du travail de le soie, se sont aperçus les premiers que le meilleur système de torsion consistait à déplacer le fils d'une bobine à une autre, le support receveur tournant moins vite que le support distributeur, lui-même fonctionnant dans un plan perpendiculaire à l'autre. La torsion est d'autant plus forte que la différence de rotation entre les deux bobines est grande

 

merci à Yves Morel pour ce texte explicatif

 .

.

L'industrie de la soie dans la région.
> Origine de l'Industrie de la Soie à Nîmes et dans le monde, par Vincens St-Laurent, 1809
> Les maladies des vers à soie sous l'ancien régime
> La station séricicole de Montpellier en 1874
> La maladie des vers à soie 1853-1875, achats de graines lointaines
> Les moyens de lutte
> Est-il possible de reconnaître les graines et les vers malades
> La mission de Louis Pasteur
> Qu'est ce que le moulinage - extrait de "Au fil de l'écomusée" de Chirols

.

.
L'industrie textile à Nîmes
>  Grizot introduit, à Nîmes, le métier à tisser en 1680

> Histoire de l'industrie textile de la ville de Nîmes par Hector Rivoire, 1853

Passé et Présent de la Classe Ouvrière à Nîmes, étude de Félix De La Farelle, 1863

.

.

.
> Contact Webmaster