LES ARENES. Emile ESPÉRANDIEU. L’amphithéâtre de Nîmes, 1933
X SPECTACLES ANTIQUES Mosaïque de Zliten
Les spectacles antiques étaient de trois sortes : - Les chasses (venationes). - Les exercices d'athlètes. - Les combats de gladiateurs.
Sous le nom de chasses, on désignait des distractions populaires qui en donnaient, en effet, l'illusion. Des animaux, plus ou moins dangereux, étaient lâchés dans l'arène et des hommes s'employaient à les détruire.
Les images de spectacles antiques ne manquent pas ; mais une des plus intéressantes séries dont on dispose est fournie par une mosaïque découverte en Tripolitaine, à Zliten, en 1914. On y voit une chasse où des cerfs sont attaqués à la fois par des hommes et par des chiens. Le danger n'était pas excessif; mais, sauf dans les provinces, auxquelles Rome ne devait accorder des animaux exotiques qu'avec parcimonie, et d'ailleurs assez rarement, les grands spectacles que donnaient les empereurs réunissaient des bêtes fauves venus de tous les pays.
Mosaïque de Zliten
Les lions, les tigres, les panthères, voisinaient avec des éléphants, des rhinocéros, des girafes, des taureaux, des ours et, pour détendre les nerfs trop surexcités de la populace, on lâchait des lièvres et des lapins dont les fuites éperdues devant des chiens ne pouvaient manquer de provoquer le rire.
Un autre genre de chasses consistait à mettre en présence des animaux dangereux que l'on estimait à peu près d'égale force. Il arrivait quelquefois que le combat leur répugnait, on les y obligeait en les attachant par une chaîne. La mosaïque de Zliten dont il vient d'être question présente un ours et un taureau qui sont appareillés de cette manière.
En troisième lieu, on donnait le nom de chasses à des spectacles répugnants qui n'étaient, en réalité, que des exécutions. D'après la loi romaine, les citoyens condamnés à mort périssaient par le glaive ; mais on livrait aux bêtes fauves, dans les amphithéâtres, les malheureux que leur naissance ne mettait pas à l'abri de cette infamie.
On variait les destructions au gré de ceux qui les ordonnaient. Tantôt, comme le prouve encore la mosaïque précitée, le condamné était poussé à coups de fouet, par un valet d'amphithéâtre, contre l'animal qui devait le dévorer ou le détruire, tantôt, ce condamné, monté sur un chariot, était lié à un poteau et dirigé vers les fauves. Sur la gravure d'autre part, le condamné est exposé à une panthère. Ce genre de supplice devait être assez fréquent; il constituait, en tout cas, un décor de vases ornés.
Les jeux d'athlètes ne différaient pas notablement de ceux de notre époque. Les lutteurs combattaient nus et se frottaient d'huile ; les pugilistes avaient le bras droit armé d'un ceste qui pouvait occasionner de graves blessures.
Mais, de tous les spectacles, celui qui avait la préférence des Romains était le combat de gladiateurs. Le plus souvent sans doute, les Nîmois n'ont eu, comme distractions, que des combats contre des taureaux, des ours ou des sangliers; la hauteur du premier podium était d'ailleurs trop faible pour qu'on puisse supposer l'emploi de bêtes féroces. Les nombreuses tombes de gladiateurs qui nous sont parvenues sont une preuve de la fréquence relative des combats et des accidents qui en résultaient. En principe, l'un des deux gladiateurs qui s'attaquaient dans l'arène devait périr. Mais ces gladiateurs représentaient un capital que l'entrepreneur des combats avait intérêt à ménager. Lorsqu'un gladiateur blessé s'était honorablement conduit, on lui accordait une grâce qu'il ne manquait pas de demander, et que souhaitait également son employeur Mosaïque de Zliten
La mosaïque de Zliten présente une scène de ce genre. L'un des gladiateurs est blessé, le sang coule de son bras et son bouclier est à terre. Il lève la main pour implorer son pardon. L'adversaire victorieux attend avec calme la décision du président des jeux, vers lequel l'entrepreneur du spectacle tourne aussi son regard, tout en arrêtant le combat. Si le vaincu obtenait sa grâce, on le transportait sur un lit qui est figuré sur la mosaïque. Les gladiateurs étaient recrutés de différentes façons.
Quelques-uns, en petit nombre, étaient libres; mais la plupart étaient des prisonniers, souvent de guerre, ou des esclaves dont leurs maîtres se débarrassaient. Leur profession était méprisée; ils en avaient cependant l'orgueil et savaient mourir bravement. Un orchestre a dû accompagner les jeux de toute sorte. Sur la mosaïque de Zliten, il se compose d'un orgue hydraulique, de deux cors et d'une trompette droite.
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