Du reste, quelques textes qu'on
possède parlent de Vela, et ce pluriel montre clairement que la tente
devait être composée de plusieurs pièces.
Grangent et, après lui, Albert
Lenoir et Auguste Pelet, ont eu l'idée d'une partie fixe d'une seule pièce,
affectant la forme de l'arène, maintenue par des cordages tendus jusqu'aux
poteaux. A leurs yeux, une corde solidement cousue autour de cette pièce
eût permis un tirage suffisant pour obtenir une tension complète qu'on
aurait faite au moyen de poulies fixées aux poteaux.
En outre, ces cordes, tendues au
nombre de 120 (une par console),
auraient dû avoir assez de force pour supporter d'autres toiles mobiles, plus
ou moins larges, et dont l'ensemble aurait été d'une surface égale à celle
des gradins.
Mais ce système qui, a priori,
parait ingénieux, n'aurait pas été facilement réalisable. Pour éviter la
rupture des cordes, leur tension eût dû se faire à commandement, et il eût
fallu 120 hommes, autant que de cordes, pour la réaliser par des mouvements
uniformes.
Pelet a supposé, comme l'avait
fait du reste Grangent, qu'il y avait, contre l'attique, des poteaux plats
intérieurs, correspondant à ceux du dehors mais beaucoup moins hauts,
utilisés pour des bras de force. C'est à ces poteaux plats qu'il fixe les
cordes dont il joint chacune au poteau extérieur qui lui est diamétralement
opposé de l'autre côté de l'amphithéâtre. Le croisement des cordes, dit-il,
se fût alors produit « non sur un seul point, par suite de la figure
elliptique du monument, mais sur divers points voisins du centre de
l'ellipse. Il est facile de comprendre que l'inconvénient fût resté presque
le même.
Pelet a eu l'idée plus heureuse
de faire embrasser, à chaque partie mobile, la distance de cinq poteaux.
Extérieurement, chacune de ces parties eût mesuré 15m50 ; elle eût été,
naturellement, beaucoup moins large vers l'intérieur.
Pelet pensait que les 24 portions
de tente qu'il envisageait étaient indépendantes les unes des autres et
pouvaient se mouvoir séparément sur les cordes qui soutenaient la, partie
fixe. Il eût suffi de cinq hommes, un par poteau, pour la manœuvre d'une
partie mobile, et c'est bien sans doute ainsi qu'il faut comprendre les
Vela, mais à la condition de ne tenir aucun compte d'une partie fixe, ni
des cordes destinées à la soutenir, et qui ne devaient pas être employées à
cet usage.
Il importait en effet bien peu,
aux Romains, de protéger contre la chaleur des gladiateurs ou des
bestiaires. L'arène n'avait pas besoin d'être à l'ombre. D'autre part, des
Vela n'étaient pas nécessaires au-dessus des spectateurs que le soleil
n'incommodait pas.
On peut donc supposer, avec
quelque apparence de raison, que les portions de tente ne dépassaient pas
le mur du premier podium et que des poteaux, placés au bas des gradins,
servaient pour la tension des toiles dont on avait besoin.
Mais on ne remarque aucune trace de ces poteaux, et la
question des Vela de l'Amphithéâtre de Nîmes n'est pas entièrement
éclaircie.
-oOo-
- SUITE
- Les Arènes par Emile
Espérandieu, 1933.
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