LES ARENES.

Emile ESPÉRANDIEU.

L’amphithéâtre de Nîmes, 1933

 

II

LE VELUM

 

Consoles de l'attique.

Des poteaux étaient plantés dans ces trous et retenus par des colliers de fer dont on retrouve les scellements. On évitait ainsi le contact immédiat de la pierre avec le bois, dont le gonflement, en temps de pluie, aurait pu occasionner la rupture des consoles. C'est à ces poteaux qu'on attachait les cordes destinées à soutenir la tente, malheureusement on n'arrive pas à comprendre de quelle manière.Il est bien évident qu'une tente d'une seule pièce, couvrant toute l'étendue de l'Amphithéâtre, ne peut pas se concevoir; son poids, après un orage, eût été formidable, et il eût fallu plus de 3 mètres d'épaisseur de cordes pour assurer, très imparfaitement, son horizontalité.

 

Du reste, quelques textes qu'on possède parlent de Vela, et ce pluriel montre clairement que la tente devait être composée de plusieurs pièces.

 

Grangent et, après lui, Albert Lenoir et Auguste Pelet, ont eu l'idée d'une partie fixe d'une seule pièce, affectant la forme de l'arène, maintenue par des cordages tendus jusqu'aux poteaux. A leurs yeux, une corde solidement cousue autour de cette pièce eût permis un tirage suffisant pour obtenir une tension complète qu'on aurait faite au moyen de poulies fixées aux poteaux.

 

En outre, ces cordes, tendues au nombre de 120 (une par console), auraient dû avoir assez de force pour supporter d'autres toiles mobiles, plus ou moins larges, et dont l'ensemble aurait été d'une surface égale à celle des gradins.

 

Mais ce système qui, a priori, parait ingénieux, n'aurait pas été facilement réalisable. Pour éviter la rupture des cordes, leur tension eût dû se faire à commandement, et il eût fallu 120 hommes, autant que de cordes, pour la réaliser par des mouvements uniformes.

 

Pelet a supposé, comme l'avait fait du reste Grangent, qu'il y avait, contre l'attique, des poteaux plats intérieurs, correspondant à ceux du dehors mais beaucoup moins hauts, utilisés pour des bras de force. C'est à ces poteaux plats qu'il fixe les cordes dont il joint chacune au poteau extérieur qui lui est diamétralement opposé de l'autre côté de l'amphithéâtre. Le croisement des cordes, dit-il, se fût alors produit « non sur un seul point, par suite de la figure elliptique du monument, mais sur divers points voisins du centre de l'ellipse. Il est facile de comprendre que l'inconvénient fût resté presque le même.

 

Pelet a eu l'idée plus heureuse de faire embrasser, à chaque partie mobile, la distance de cinq poteaux. Extérieurement, chacune de ces parties eût mesuré 15m50 ; elle eût été, naturellement, beaucoup moins large vers l'intérieur.

 

Pelet pensait que les 24 portions de tente qu'il envisageait étaient indépendantes les unes des autres et pouvaient se mouvoir séparément sur les cordes qui soutenaient la, partie fixe. Il eût suffi de cinq hommes, un par poteau, pour la manœuvre d'une partie mobile, et c'est bien sans doute ainsi qu'il faut comprendre les Vela, mais à la condition de ne tenir aucun compte d'une partie fixe, ni des cordes destinées à la soutenir, et qui ne devaient pas être employées à cet usage.

Il importait en effet bien peu, aux Romains, de pro­téger contre la chaleur des gladiateurs ou des bestiaires. L'arène n'avait pas besoin d'être à l'ombre. D'autre part, des Vela n'étaient pas nécessaires au-dessus des spectateurs que le soleil n'incommodait pas.

On peut donc supposer, avec quelque apparence de raison, que les portions de tente ne dépassaient pas le mur du premier podium et que des poteaux, placés au bas des gradins, servaient pour la tension des toiles dont on avait besoin.

Mais on ne remarque aucune trace de ces poteaux, et la question des Vela de l'Amphithéâtre de Nîmes n'est pas entièrement éclaircie.

 

-oOo-

 

SUITE - Les Arènes par  Emile Espérandieu, 1933.
> I – Description
> II – Le Velum
> III – Écoulement des eaux de pluies
> IV – La question des naumachies
> V – La date de l’Amphithéâtre
> VI – Les taureaux des arènes
> VII – Nombre de places
> VIII – Les chevaliers des arènes
> IX – Dégagement de l’amphithéâtre
> X – Spectacles antiques

> Contact Webmaster