LOUIS DE CRUSSOL
(1673-1693)
Premier Duc et Pair de France - Sixième Duc d'Uzès
extrait de l'histoire des Duc d'Uzès, par Lionel d'Albiousse, 1887.


La vie de Louis de Crussol fut courte, mais elle fut couronnée d'une mort glorieuse, car il fut, tué, à peine âgé de vingt-ans, à la bataille de Nerwinde en 1693 (1). On sait à la suite de quels événements fut livrée cette bataille. Le prince d'Orange, contre l'aveu duquel s'était conclue la paix de Nimègue, était devenu I'âme d'une nouvelle ligue qui prit le nom de ligue d'Augsbourg, ville où l'union de la plupart des puissances fut arrêtée.

(1) Voici ce qu'on lit dans l'Histoire d'Angleterre sous le règne de Guillaume III, par lord Macaulay, tome VI, page 139.
« Après la bataille de Nerwinde on comptait au nombre des morts de grands seigneurs et des guerriers renommés. Montchevreuil était resté sur le champ de .bataille ainsi que le tronc mutilé du duc d'Uzès, le premier dans l'ordre des préances de toute la noblesse française. »

Louis XIV n'avait pour lui que Jacques Il, prince catholique de la maison de Stuart. Une révolution imprévue renversa Jacques et mit la couronne sur la tête du prince d'Orange, son gendre, sous le nom de Guillaume III.

Louis XIV reçut le roi détrôné avec une magnificence royale, puis il n'attendit pas que la coalition envahit la France. Il prit Philisbourg, Mayence, Manheim, Spire, Worms. Tout le palatinat fut ravagé, plus de quarante villes ou villages furent incendiés. Il donna ensuite le commandement de la grande armée du Nord au maréchal de Luxembourg, élève du grand Condé. Ce maréchal ne tarda pas à battre le roi Guillaume à Steinkerque, à Fleurus et enfin à Nerwinde le 29 juillet 1693, à cette bataille où les princes et les gentilshommes combattirent comme de simples soldats. (1)
Jusqu'à midi la fortune sembla devoir favoriser les ennemis. « Luxembourg ne se repent-il pas de m'avoir attaqué, demanda Guillaume au duc de Berwik (2), pris au commencement de l'action ? - C'est vous, répondit fièrement le bâtard de Jacques II, qui ne tarderez pas à vous repentir de l'avoir attendu ».
Le maréchal déploya dans cette journée une valeur plus qu'humaine ; il commanda en personne l'attaque du village de Nerwinde qui, deux fois, fut pris et repris avec un affreux carnage.
Les deux infanteries luttèrent d'obstination et de fureur, tandis que la cavalerie immobile essuyait le feu de quatre-vingt, pièces de canon. On dit que Guillaume, étonné de l'immobilité de cette cavalerie, accourut à ses batteries, accusant ses pointeurs de maladresse. Mais quand il eut vu l'effet de ses canons et les escadrons ne remuer que pour resserrer les range à mesure que les files étaient emportées, il laissa. échapper ce cri d'admiration et de colère « Oh ! l'insolente nation ! (3) »

(1) Histoire de Mme de Maintenon par M. d'Aussonne, tome II, page 208.
(2) Ce Berwik est un ancêtre du duc de Fitz-James, membre, du Conseil général du Gard.
(3) Saint-Simon, tome I, page 111.

Quand les gardes françaises eurent épuisé leurs munitions, ils mirent la baïonnette au bout de leur fusil et enfoncèrent l'ennemi à l'arme blanche. C'est la première charge à la baïonnette dont notre histoire ait conservé le souvenir. Nerwinde, jonché de morts, resta enfin au pouvoir des Français qui tuèrent environ 2,000 hommes sans compter ceux qui se noyèrent, firent 2,000 prisonniers et s'emparèrent de soixante-seize canons, huit mortiers et de plus de quatre-vingt drapeaux ou étendards.
Mais de notre côté que de pertes cruelles ? Nous avions perdu autant de monde que l'ennemi. Aussi disait-on qu'il fallait chanter plus de De profundis que de Te Deum.
Le fils aîné du maréchal de Luxembourg, le duc de Montmorency, y fut blessé sous les yeux de son père d'un coup de mousquet en se jetant au-devant de lui pour le mettre à l'abri d'une horrible décharge. Plusieurs gentilshommes y périrent et notamment le due d'Uzès qui combattit vaillamment à la tête de son régiment de Crussol-infanterie. II eut les deux jambes emportées par un boulet de canon (1). II mourut comme plus tard devait mourir aussi, sur le pont de Neuilly, pendant la guerre contre la Commune, en 1871, le jeune de Calvières, fils du marquis de Calvières, ami du duc d'Uzès, grand-père du jeune duc actuel. (Louis Emmanuel de Crussol "1871-1943" qui sera le 14°duc d'Uzès)
Les biens, titres et dignités de Louis de Crussol duc d'Uzès passèrent à son frère, Jean-Charles de Crussol, septième duc d'Uzès. (1675-1739)

(1) Mémoires de Saint-Simon, tome I, page 109.
Le général Rivaroles se trouvait à cette bataille. Il avait une jambe de bois qu'un coup de canon lui emporta. II tomba. On le releva sans mal. Il se mit à rire : « Voilà de grands sots, dit-il, et un coup de canon perdu. Ils ne savent pas que j'ai deux autres jambes de bois dans ma valise. »

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Biographie des 9 ducs d'Uzès, sous l'ancien régime
>
Antoine de Crussol, premier Duc d’Uzès (1528-1573)
Madame de Clermont Tonnerre, épouse d'Antoine de Crussol - Premiere Duchesse d’Uzès
> Jacques de Crussol, deuxième Duc d'uzès (1540-1584)
> Emmanuel Ier de Crussol, troisième Duc d’Uzès (1570-1657)
> François Ier de Crussol, quatrième Duc d’Uzès (1604-1680)
> Emmanuel II de Crussol, cinquième Duc d’Uzès (1642-1692)
> Louis de Crussol, sixième Duc d'Uzès (1673-1693)
> Jean-Charles de Crussol, septième Duc d'Uzès (1675-1739)
> Charles-Emmanuel de Crussol, huitième duc d'Uzès   (1707-1762)
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Les Aventures du Duc d’Uzès « dit le Bossu »
> François-Emmanuel de Crussol, neuvième Duc d’Uzès (1728-1802)
> Biographie parlementaire des Ducs d’Uzès
Le duché d'uzès
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